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Grand Angle

Campus #11 - Singapour : Trois étudiants marocains racontent leur expérience estudiantine dans la cité-Etat

De plus en plus d'étudiants marocains n’hésitent pas à s’expatrier parfois même jusqu'à l’autre bout du monde. Pour quelques mois, Yasmine, Yasser et Batoul ont choisi de s’installer à Singapour pour y vivre une expérience unique en son genre. Découverte.

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Trois étudiants marocains racontent leur expérience à Singapour. / Ph. DR
Temps de lecture: 4'

Après les étudiants marocains au Japon, restons en Asie dans la série campus de ce mois. Direction Singapour pour Yasmine, Yasser et Batoul qui viennent de finir leur échange/stage dans la cité-Etat de 170 km2 seulement. Cette expérience les a profondément marqués, ils racontent à Yabiladi leur immersion dans la culture du pays d’Asie du Sud-est.

Yasser, 25 ans est originaire de Salé et étudie dans l’une des meilleures écoles de commerce en France, la Parisienne ESSEC. Actuellement en apprentissage sur un rythme de six mois de cours et six mois de travail, le jeune homme fait le choix de continuer son cursus dans le campus de son école à Singapour. Il a débarqué ainsi dans le pays fin juin et y reste jusqu’à décembre 2017. «L’Asie du Sud-est, il faut prendre beaucoup de temps, s’y immerger et profiter à fond. Six mois à Singapour c’est l’occasion parfaite pour faire une douzaine de voyages dans les pays de la région d’un coup», confie l’étudiant à Yabiladi.

Batoul, 22 ans est une jeune rbatie pleine d’entrain et de bonne humeur. La jeune femme devait effectuer un stage de six mois à l’étranger pour conclure sa première année à l’EM Lyon. Elle considère cette expérience comme «importante». Après avoir eu le choix entre de multiples pays tels que «le Mexique, l’Inde, la Colombie, l’Afrique du Sud et Singapour». Elle décide de partir vers Singapour, de juillet à décembre pour faire son stage au sein d’une start-up événementielle où elle «fait beaucoup de créa pour la section marketing et du business development», déclare la femme de 22 ans à Yabiladi.

Enfin Yasmine, encouragée par une expérience réussie aux Etats-Unis voulait faire un échange dans un pays asiatique. Dans le cadre de son parcours au sein d’une école de commerce parisienne, elle peut effectuer un échange à Singapour. «L’école a un campus là-bas, elle nous aide dans nos démarches administratives. C’était très facile pour moi de postuler», précise la jeune femme. «Le choix s’est fait automatiquement». Elle s’installe dans la cité-Etat pendant quelques mois, d’octobre à début janvier.

Yasmine devant l'une des plus belles vues de Singapour. / Ph; YasmineYasmine devant l'une des plus belles vues de Singapour. / Ph. Yasmine

Sécurité et société de consommation

Malgré l'éloignement, le choc culturel n’est pas si important que ça pour les trois étudiants. Tout d’abord, «tout est écrit en anglais», indique Yasmine, et les gens communiquent facilement en anglais. «Singapour c’est un peu la Suisse en Asie. On rencontre rarement des difficultés dans la vie quotidienne, dans les transports ou autres parce que tout le monde parle anglais», confie Batoul.

L’une des forces de Singapour, selon Yasser, c’est la modernité, la propreté, etc. Yasmine, pour sa part invoque le manque de charme de la cité-Etat, malgré la modernité, selon la jeune femme : «La ville manque de chaleur humaine.»

«Singapour a tout pour être la plus belle ville au monde, mais il lui manque une âme et de l’art. Pour ça il faut un esprit d’opposition et de la spiritualité. Par contre, il y a une tolérance religieuse incroyable. Tu peux trouver une mosquée collée à une église etc.»

Les trois étudiants sont unanimes, ils se sentent «safe» (en sécurité) où qu’ils aillent. «Je me suis sentie plus en sécurité qu’à Paris», confie Yasmine.

Pour l’apprenti, il lui était arrivé d’oublier des affaires, mais il les retrouvait toujours intacts. D’autre part, la présence d’une grosse communauté d’expatriés facilite l’intégration des jeunes marocains qui trouvent des difficultés à se lier d’amitié avec les Singapouriens.

Batoul à Orchard, l'un des quartiers les plus chics de Singapour. / Ph. BatoulBatoul à Orchard, l'un des quartiers les plus chics de Singapour. / Ph. Batoul

Amende pour avoir maché un chewing-gum

Toutefois, les étudiants remarquent le côté strict de la vie au sein du pays. Yasser qualifie Singapour de «dictature 2.0». Yasmine pour sa part déplore les amendes «pour tout et n’importe quoi». Le pays de 170 km2 a des amendes improbables. Par exemple, dans le métro «tu n’as pas le droit de manger un chewing-gum, ni de boire de l’eau, tu peux écoper de 500 dollars d’amende», se remémore Yasmine. Le pays est équipé de caméras «partout», quelques fois la jeune femme avait peur que les caméras la filme en flagrant délit si «jamais elle ne traverse pas sur les passages piétons» puisqu’elle risque une amende de 70 dollars.

«Une fois tout le monde me regardait dans le métro et je ne comprenais pas pourquoi. C’est en sortant que je me suis rendue compte que je mâchais un chewing-gum.»

Yasser décrit Singapour comme étant un pays où «le consumérisme a atteint son apogée» avec le nombre incroyable de centre commerciaux. «Le bonheur est remplacé par le fait de consommer», philosophe le Slaoui.

Concernant le niveau de vie «élevé» du pays, les étudiants marocains étaient parfois surpris par les prix appliqués dans le pays. Les produits importés sont hors de prix : «La vache qui rit c’est 7 dollars singapourien (près de 5 euros), à Paris c’est 2 euros», dit en rigolant Yasmine. A Singapour, la plupart des gens mangent dehors, c’est moins cher.

«Les foodcourts tu manges à 6 dollars, c’est l’équivalent de 4 euros. Alors qu’à Paris le kebab c’est minimum 5 euros. Les produit importés par contre sont excessivement cher (les produits laitiers, crème fraiche, fromages…). Tu trouves rarement du pain, et ce n’est généralement pas du bon pain.»

Pour le logement, selon nos trois interlocuteurs, les étudiants et les expatriés vivent dans des condos, une sorte d’appartements luxueux avec piscine et jacuzzis et tous les services qui vont avec. Pour 1000 à 1400 dollars singapouriens, une chambre peut être louée en colocation avec d’autres étudiants. «Le niveau de vie est très élevé pour une grande partie de la communauté singapourienne, et en particulier les expatriés. Les expats sont mieux payés qu’en Europe», indique Batoul, la Rbatie. Cette dernière, pour minimiser les frais, a loué une chamre avec sa meilleure amie. «On n’allait pas débourser le double de notre salaire dans une chambre ou on sera jamais puisqu’on voyagera tout le temps», ajoute-t-elle.

Yasser dans un des nombreux pays asiatiques qu'il a visité lors de son échange à Singapour. / Ph. YasserYasser dans un des nombreux pays asiatiques qu'il a visité lors de son échange à Singapour. / Ph. Yasser

Singapour restera, pour Yasmine Yasser et Batoul, une expérience inoubiable. Un «vrai enrichissement culturel et l’apport d’une vraie ouverture d’esprit» pour Yasmine, et le lieu idoine pour voyager partout en Asie du Sud-est pour les trois marocains. D'ailleurs, la jeune femme a créé une page dédiée à ses escapades sur Instagram pour partager son amour pour les voyages.

«C’est un peu une bulle Singapour ; tout le monde est en mode découverte», confie pour sa part Batoul. Yasser conclut avec une beaucoup de malice : «Franchement je me sens plus en vacances depuis six mois que quand j’étais en France.»

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