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Grand Angle

France : A quels mots-clés les jeunes associent-ils les religions ?

L’association Coexister révèle les résultats d’une étude sur la connotation des trois religions monothéistes et de l’athéisme sur les jeunes. Elle laisse entrevoir que le voile islamique est beaucoup plus caractéristique chez les non-musulmans que chez les musulmans eux-mêmes.

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Photo d'illustration. DR
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Quelle connotation les termes «judaïsme», «christianisme», «islam» ou «athéisme» ont-ils auprès des jeunes ? C’est la question à laquelle tente de répondre l’association Coexister, à travers une enquête dont les résultats ont été récemment publiés par La Croix, notamment.

L’association, qui promeut le dialogue interreligieux et intervient régulièrement dans les établissements scolaires publics et privés, organise notamment un atelier consacré à la «déconstruction des préjugés» sur les religions. Lors de cet atelier, les élèves sont invités à remplir une fiche sur laquelle ils notent les trois mots qu’ils associent aux trois religions monothéistes, ainsi qu’à l’athéisme. Ils indiquent également la religion dont ils se sentent «le plus proche».

Au fil du temps, l’association créée en 2009 a collecté plus de 50 000 fiches. «Nous avons réalisé que nous avions là une matière importante qui méritait d’être analysée», explique Samuel Grzybowski, fondateur de Coexister. En l’occurrence, ce sont les réponses de 1 883 élèves, du collège au BTS, qui ont été dépouillées et passées au crible.

Le voile islamique, beaucoup plus caractéristique chez les non-musulmans

Ainsi, «kippa» et «synagogue» viennent en premier pour le judaïsme, «église» et «Jésus-Christ» pour le christianisme, «mosquée», «voile» et «Coran» pour l’islam. «Cela montre qu’il y a une transmission minimale des connaissances du fait religieux», analyse Charles Mercier, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Bordeaux.

Fait important : «Dans les ‘top 10’, il n’y a aucun mot violent, agressif ou raciste», se réjouit Samuel Grzybowski. La présence importante de «génocide» et «Hitler» dans les mots associés au judaïsme est sans doute à mettre en lien avec l’étude de la Shoah au cours de la scolarité. En revanche, Samuel Grzybowski déplore que «les non-musulmans écrivent systématiquement ‘Mahomet’ au lieu de ‘Mohammed’, alors que cette appellation est jugée péjorative par beaucoup de musulmans».

Reste que certains clichés dévalorisants transparaissent malgré tout dans les réponses, mais de façon plus marginale. «Dans ce type d’ateliers, il y a souvent une autocensure de la part des élèves, qui ont tendance à donner ce qu’ils pensent être les ‘bonnes réponses’ plutôt que leur réponse spontanée», fait d’ailleurs observer Charles Mercier. «Radins», «Rabbi Jacob» ou «banquiers» reviennent en mode mineur dans les mots associés au judaïsme. Idem pour l’islam, auquel les jeunes répondent régulièrement «couscous», «terroristes» ou «arabes».

De plus, le voile islamique est le deuxième mot le plus associé à l’islam par les non-musulmans (33,92% des élèves le citent), alors qu’il n’arrive qu’en neuvième position chez les élèves musulmans (9,76%). «On voit ici, explicite Charles Mercier, que ce signe extérieur, qui cristallise les débats en France, est beaucoup plus caractéristique de l’islam pour les non-musulmans que pour les musulmans.»

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