Pour bien comprendre le dessous du problème, il faut remonter à ses débuts, qui datent de 1969. Cette année-là, l’association Aréli, qui gérait surtout des foyers pour les travailleurs migrants, avait construit un foyer d’une capacité de 240 personnes pour les immigrés de Fives, à Lille. Les membres du foyer musulmans ont eu droit à une salle de prière, située dans une petite impasse. Mais au fil des années, des musulmans du quartier viennent prier dans ce local qui finit par être considéré comme la «mosquée de Fives». En juillet 2010, des travaux de reconstruction, initiés par l’association Aréli, en accord avec le bailleur LMH (Lille Métropole Habitat) prévoient de réduire le nombre de places du foyer à 200 et de limiter la nouvelle salle de prière aux membres uniquement. Ce qui provoque une levée de boucliers des plus de 300 fidèles qui fréquentent la mosquée.
Dialogue de sourds
Ces derniers proposent de maintenir la mosquée ou de la remplacer à l’échelle des besoins du quartier. L’association Areli, ainsi que LMH disent niet, et refusent de pourvoir un local pour des publics qui n’entrent pas dans leurs champs d’action. La salle devait donc être démolie coûte que coûte. Prévue pour mi-août 2010, en plein ramadan, cette démolition avait été reportée une première fois au 13 octobre. La tension monte et la mairie intervient pour calmer la situation. Mais l’accalmie fut de courte durée car une nouvelle date de démolition était prévue en mai 2011. Le 15 avril, une cinquantaine de fidèles manifestent de nouveau devant la mairie de Lille où on leur rétorque que «la Ville n'a pas à se mêler d'un conflit privé et d'un problème religieux».
Intervention policière
La démolition programmée en mai échoue et une nouvelle date est retenue, le 7 juin dernier. Ce jour là, les fidèles campent sur les lieux et empêchent le rasage de la moquée. Aréli et LMH font appel à un huissier pour constater l’occupation des lieux par une partie des fidèles. Ces derniers à leur tour font de même pour le même motif. Et le dialogue de sourds continue.
Seulement, les différends reports coutent chers à LMH. L’Office public indique avoir saisi le juge des référés qui lui a donné raison. Il vient de solliciter la préfecture, qui ne devrait pouvoir régler le problème que par la force. Il ne faudrait plus exclure, dans les jours à venir, une intervention musclée des forces de l’ordre.