Sept personnes accusées d'être impliquées dans l’attentat contre le café «Argana» de Marrakech, perpétré dans la matinée du jeudi 28 avril dernier comparaissent aujourd’hui devant la Chambre criminelle chargée des affaires du terrorisme auprès de la Cour d'appel de Salé. Chacun des sept prévenus est accusé de «constitution de bande criminelle dans le cadre d'un projet collectif visant à porter gravement atteinte à l'ordre public, meurtre avec préméditation, détention et fabrication d'explosifs et appartenance à un groupe religieux interdit». Ils sont jugés en vertu de la loi antiterroriste adoptée en 2004.
L’annonce de l’arrestation du principal suspect de l’attentat qui a fait 17 morts et 21 blessés, avait été faite dès le 5 mai, une semaine après l’explosion qui a soufflé le célèbre café de la place Jamaâ El Fna. Adil Othmani était alors décrit par le ministre de l’Intérieur, Taïeb Cherqaoui, comme un admirateur d’Al Qaida, «fortement imprégné de l'idéologie jihadiste». Les éléments de l’enquête, conjointement menée par les services de la police marocaine et leurs homologues français notamment, indiquaient que le suspect, au moment de commettre son acte, était «déguisé en touriste, avec une perruque et une guitare». Une valise contenait les deux bombes de 6 à 9 kilos, qui ont été activées à distance à l’aide d’un téléphone portable.
Peine de mort
Adil, qui risque aujourd’hui la peine de mort, avait été arrêté avec deux autres complices, des compagnons de longue date. Le mardi 10 mai, des sources sécuritaires faisaient état de l’arrestation de trois autres individus, tous résidant à Safi (300 km au Sud de Casablanca). Ces derniers auraient été au courant du projet d’attentat, mais sans y être directement impliqués. Un septième homme est également arrêté par la suite, ainsi que deux autres suspects. Ce qui porte à neufs le nombre de personnes arrêtées dans cette affaire. Le 11 mai, la police a procédé à la reconstitution de l’attentat à Marrakech, avec son principal auteur supposé.
Quelques jours plus tard, le mardi 17 mai, le juge d’instruction antiterroriste de Rabat inculpe les 7 suspects pour les chefs d’accusation précédemment cités. Deux jours avant le procès qui s’ouvre aujourd’hui, une délégation judiciaire française, composée de dix responsables, avait effectué le déplacement au Maroc et rencontré le juge d'instruction chargé des affaires de terrorisme de l'annexe de la Cour d'appel de Salé.
Il faut également rappeler que la communication sur l’évolution de l’enquête avait été l’objet d’une certaine cacophonie entre les autorités marocaines et françaises. L’information provenait le plus souvent de la France, qui a perdu 8 de ses ressortissants dans l’attentat. Les autorités marocaines préféraient rester prudentes : «une enquête d’une telle envergure ne se déroule pas à ciel ouvert», avait notamment déclaré Khalid Naciri, porte parole du gouvernement marocain. Mais le Maroc avait repris la main sur la communication avec l’annonce de l’arrestation du principal suspect et de ses complices.