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Grand Angle

Yassine Ghallam, le Marocain à la conquête de l’Afrique... à vélo [2/3]

Yassine Ghallam est un aventurier dans l’âme, doté d’une ténacité et d’une persévérance à toute épreuve. Le jeune marocain a déjà a son actif, la Mauritanie, le Sénégal, la Guinée Conakry, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigéria, le Cameroun, le Gabon, le Congo, Angola et enfin la Namibie. Depuis janvier dernier, il a traversé ces pays, à pied, puis à vélo. Le natif de Casablanca a des centaines d’anecdotes sur son voyage qui le passionne. Récit de voyage en 3 épisodes.

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Depuis quelques mois, Yassine Ghallam sillone l'Afrique à bord d'un vélo. / Ph. Yassine Everest
Temps de lecture: 4'

Yassine Ghallam a entamé en janvier 2017 un périple au départ du Maroc. Le Marocain, passionné de voyages et de découvertes s'est lancé le défi de faire le tour d'Afrique à vélo, après avoir atteint Dakar à pied et en auto-stop. Dans cette deuxième partie du récit de son voyage, l'homme de 31 ans livre quelques anecdotes cocasses qui ont parsemé son chemin durant ces onze derniers mois.

Yassine Ghallam est souvent bien accueilli, dans toutes les villes et villages qu’il visite. Quelques fois, il bénéficie même de la gentillesse des consuls ou ambassadeurs qui sont établis dans le pays qu’il visite. «Quand je suis arrivé en Angola, j’ai été approché par l’ambassadrice du Maroc à Luanda, Saadia El Alaoui. Elle a payé de sa poche mon hébergement dans le meilleur hôtel de la ville, pendant deux jours», raconte, ému, l’aventurier, et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.

«Je suis sorti du Maroc, je n’avais pas un dirham dans ma poche. J’ai fait exprès de sortir avec cet objectif. Je croyais en mes compétences. Quand je suis venu en Afrique, je me suis rendu compte que même si tu es Einstein, ton intelligence ne te sert à rien. Ça fait onze mois que je fais mon voyage, et chaque jour on m’invite à manger, à diner et dormir chez l'habitant.»

Yassine Ghallam, devant un des nombreux parcs naturels qu'il a pu visiter lors de son périple. / Ph. Yassine EverestYassine Ghallam, devant un des nombreux parcs naturels qu'il a pu visiter lors de son périple. / Ph. Yassine Everest

Dormir à la belle étoile, entouré d'animaux sauvages

Toutefois, quelques fois le globetrotter est face à lui même, seul. Il a passé deux semaines dans un parc naturel au sud du Sénégal celui de Niokolo-Koba qui fait une superficie de 9 130 km2. «J’ai dormi à la belle étoile, près des animaux. Personne ne me croit quand je raconte ça», confie en rigolant le natif de Casablanca. Une fois arrivé au parc, les locaux lui donnent des conseils pour qu’il s’en sorte et ne se fasse pas attaquer par les animaux, par exemple, «la nuit, il faut dormir près de la route, sur la piste, allumer un feu» et si un «gorille ou un animal féroce» s’approche de trop près «il ne faut pas bouger, rester debout et le regarder jusqu’à ce qu’il parte. S’il est assis, indifférent à ta présence, tu peux continuer ton chemin», se remémore le jeune homme. Ainsi, pendant deux semaines, son quotidien est rythmé par la vie sauvage qui l'entoure.

«De temps en temps, des remorques passaient et me donnaient de l’eau chaude. Je ne le buvais que le soir, je restais assoiffé jusqu’au soir. Je ne mangeais que des fruits sauvages, très prisés par les singes, concentrés en vitamine C. Il y a un arbre, connu sous le nom du Baobab. Je prenais son fruit, et je le mélangeais à l’eau. C’est ainsi que j’ai vécu cette expérience.»

Yassine Ghallam, entouré d'enfants et d'adolescents, lors d'une des étapes de son périple en Afrique. / Ph. Yassine EverestYassine Ghallam, entouré d'enfants et d'adolescents, lors d'une des étapes de son périple en Afrique. / Ph. Yassine Everest

Marié pour trois jours

Des anecdotes, Yassine Ghallam n’est jamais à court d’histoires parfois loufoques qu’il raconte avec beaucoup d’entrain et entrecoupée de grands éclats de rire. Il s’est même marié lors de son périple. «Quand je suis arrivé au nord de la Guinée Conakry, j’ai dû pousser mon vélo pendant quinze jours pour arriver vers ce village, à plus de 1300 mètres de hauteur. Je ne mangeais que de la mangue chaque jour, les meilleures mangues de ma vie. Je n’avais pas d’eau ni rien», se souvient le nomade. Et d’ajouter : «Une fois arrivé là-bas, j’ai dû me marier, même si j’étais juste de passage trois jours dans le village. Dans leur tradition, si tu es étranger, on te présente des filles et tu choisis ta femme parmi elles.»

Vénéré par une gabonaise

L’objectif de Yassine Ghallam est clair, il le clame haut et fort : «Je veux m’imprégner de la culture de chaque endroit où je pose les pieds». Lors de son périple, il était à Libreville, au Gabon. Le natif de Casablanca rencontre une femme qui le considère «comme le messie». Cette dernière, une professeure, avait lu un article le concernant dans le journal. «Elle m’a dit ‘’toi tu es juste l’esprit, ton corps est resté au Maroc. Pour elle c’était inconcevable qu’une personne fasse tout ce chemin pour faire le tour de l’Afrique sans argent ni rien’», raconte le Marocain, en éclatant de rire. «Elle m’a dit ‘Dieu t’a envoyé, tu es une personne doté d’une bonté extraordinaire, si tu étais mauvais, tu serais mort en route’», se souvient-il. Durant toute la semaine qu’il passe chez elle, elle le «vénère», lui ramène à manger matin, midi et soir. «Je suis plus jeune qu’elle et pourtant elle me respectait», ajoute le jeune homme.

Yassine Ghallam est actuellement dans la capitale de la Namibie. / Ph. Yassine EverestYassine Ghallam est actuellement dans la capitale de la Namibie. / Ph. Yassine Everest

Le natif de Casablanca se rend dans des villages reculés, qui vivent encore à l'ancienne, pour aider un ami qui travaille dans une ONG basée au Maroc. Il débarque dans un petit village enclavé, Dafo, au Togo, pour déterminer les besoins des habitants sur place. «Dès le début de mon voyage, je savais que j’allais faire l’humanitaire et aider du mieux que je pouvais», se souvient le Marocain. Une fois arrivé sur place, il est accueilli par un jeune homme qui, heureusement, parle anglais. «Ils étaient deux dans tout le village à parler français. Les autres utilisaient une langue locale», indique-t-il. Le voyageur est surpris par la manière dont vivent les locaux, loin de toute forme de modernité. «L’adolescent qui m’a dit de rentrer dans le village était le bras du droit du chef. J’avais besoin de son accord pour pouvoir être accepté», continue Yassine Ghallam.

«J’ai passé une semaine inoubliable là-bas. Ils m’ont accueilli à bras ouvert. Je jouais au foot avec les enfants. J’ai même aidé à peindre une école. Ce sont des gens simples qui s’habillent de manière surprenante. Il ne portent rien en haut.»

La femme qui s’occupe de faire à manger dans le village, handicapée, venait chaque matin toquer à sa porte pour lui donner le petit déjeuner. Elle appréciait tellement le jeune homme qu’elle lui disait volontiers de rester vivre avec eux. «Mais je ne peux pas, je dois travailler, avoir de l’argent», répondait Yassine Ghallam. Et elle de rétorquer : «Tu n’as pas besoin d’argent ici. On n’a pas de monnaie. Notre seul moyen de troc c’est le manioc.» En effet, dans ce village, les habitants vivent de troc, en pleine nature.

La suite des péripéties de Yassine Ghallam dans l’épisode 3.

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