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Grand Angle

Affaire TelQuel-Nichane : Le sondage qui dérange

L’interdiction de parution décidée, le week-end dernier, par le ministère marocain de l’intérieur contre les derniers numéros de TelQuel et de Nichane ne cesse de faire couler l’encre. L’interdiction de distribution du quotidien français Le Monde s’est confirmée ce mardi matin. Suite à cette censure, la réaction du ministère Français des affaires étrangères ne s’est pas fait attendre, exprimant « le regret » du Quai d’Orsay face à cette mesure d’interdiction, selon l’AFP.
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Retour sur les faits : le motif avancé dans un communiqué du ministère, interdisant la parution des derniers numéros de TelQuel et de Nichane, demeure encore frais dans nos mémoires : la publication d’un sondage portant sur la décennie de règne du roi Mohammed VI, vue par les Marocains. Le quotidien français Le Monde de ce mardi - co-initiateur de cette enquête d’opinion en compagnie de TelQuel et Nichane - a également été interdit de distribution sur le territoire marocain. Cette interdiction a été bel et bien confirmée par la Sochepress, une société de distribution marocaine, ce mardi matin. Le ministère de la Communication a donc tenu sa parole. Il avait en effet déjà brandi la menace, depuis le week-end dernier, de censurer le quotidien français si jamais celui-ci s’aventurerait à publier les résultats du fameux sondage.

En réaction, le porte parole du ministère français des Affaires étrangères, Romain Nadal, a déclaré ce mardi matin à nos confrères de l’AFP que le gouvernement français « regrette » la mesure de censure du quotidien Le Monde, prise par le Maroc. Ce, au regard des relations profondes d’amitié et de coopération privilégiée qui lient les deux pays. Le porte parole du Quai d’Orsay n’a pas manqué de souligner la « surprise » provoquée par cette décision. Il a par ailleurs rappelé, dans la même déclaration faite auprès de l’AFP, que la France reste « particulièrement attachée à la liberté d'expression, protégée par le Pacte international des Nations-Unies relatif aux droits civils et politiques qu'a ratifié le Maroc, et à son corollaire, la liberté de la presse".

De l’autre côté de la Méditerranée, Ahmed Benchemsi, le directeur de TelQuel et de Nichane, avait annoncé, le jour même de la prise de décision de saisir les numéros des deux hebdomadaires, le dépôt d'une plainte auprès du tribunal administratif de Casablanca. La décision des juges était prévue pour demain, mercredi. Cependant, il ne nous a pas fallu attendre longtemps pour connaitre la suite donnée à cette plainte. En effet, celle-ci a déjà été rejetée par la justice casablancaise, ce mardi matin, soit moins de 24 heures après le dépôt de la requête de Benchemsi, selon une information relayée par AFP. Motif de cette délibération prématurée : « La plainte du groupe TelQuel au sujet de l'annulation de la décision de saisie par le ministère de l'Intérieur est recevable sur la forme mais rejeté sur le fond ». Cela, malgré la plaidoirie devant le tribunal administratif de l’avocat du groupe TelQuel, Youssef Chahbi, qui a déclaré à l’AFP que « Le ministère de l'Intérieur a le droit de saisir toute publication dont les articles porteraient atteinte à l'ordre public mais dans le cas de TelQuel et de Nichane il s'agit d'un sondage favorable au roi ».

Un sondage qui, justement, ne devrait nullement poser de problèmes, puisqu’il en résulte que « 91% des Marocains interrogés jugent que le bilan du règne du roi Mohammed VI est positif ou très positif ». Comme pour dissiper toute confusion, Khalid Naciri, le ministre marocain de la Communication, a déclaré mardi sur France 24 que « le fait même d'effectuer un sondage dans lequel le pivot central est de demander aux citoyens ce qu'ils pensent de l'œuvre de leur roi est déjà en soit une atteinte au principe et au fondement du système monarchique. La question ne concerne pas le résultat du référendum ».

Pour en venir aux détails, le questionnaire de l’enquête, réalisée du 27 juin au 11 juillet par LMS-CSA (filiale marocaine de l’institut CSA en France), a été administré en dialecte marocain (darija) à un échantillon de population composé de 1 108 individus, âgés de plus de 18 ans. Les sondés ont répondu très favorablement aux différentes questions qui portaient sur le « bilan global de ces dix ans de règne ». Quant à la question portant sur la pauvreté au Maroc, les réponses étaient mitigées. 49% des sondés ont, par contre, estimé que la nouvelle Moudawana « a donné trop de droits aux femmes ».

Le Syndicat National de la Presse Marocaine (SNPM) persiste à condamner la suspension de la parution des numéros de deux hebdomadaires, en même temps que Reporters Sans Frontières (RSF) qui voit en cette censure une décision « à la fois archaïque et illégale ».

Par ailleurs, le quotidien casablancais L’Economiste aurait annoncé une éventuelle réédition du numéro censuré de TelQuel, mais cette fois, sans les résultats du sondage…qui dérange. Affaire à suivre.

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