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Grand Angle

Diaspo #17 : Badr Ghannam, histoire d'une aventure culinaire de Marrakech au Japon

Badr Ghannam est un ressortissant marocain installé au Japon. Son amour pour la culture asiatique lui permet aujourd'hui d'être à la tête d'un restaurant marocain dans l'une des plus grandes villes du Japon, introduisant au passage la gastronomie marocaine dans ce pays. Portrait.

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Badr Ghannam, propriétaire du restaurant marocain «Casablanca», à Nagoya. Ph. Badr Ghannam
Temps de lecture: 3'

Ses ambitions lui ont fait parcourir les mers pour finalement s'installer dans l'un des pays les plus éloignés de sa patrie. Badr Ghannam, un jeune entrepreneur originaire du Maroc, est aujourd'hui le propriétaire de «Casablanca», un restaurant situé à Nagoya, troisième ville du Japon par sa superficie et quatrième par sa population, derrière Tokyo et Osaka.

«Je suis originaire de Marrakech. J'ai étudié là-bas et obtenu mon diplôme d'études secondaires. Après avoir commencé à travailler, j'ai décidé de quitter le Maroc», confie-t-il à Yabiladi. Avant d'arriver au Japon, ce restaurateur fait escale en Corée du Sud et débarque à Nagoya deux ans plus tard. «J'avais exactement 23 ans quand je suis arrivé au Japon. Après avoir travaillé ici et là, j'ai décidé que c'est ici que je voulais faire ma vie.»

Découvrir la culture asiatique

Migrer dans un pays dont la culture s'avère complètement différente de la sienne ne fut pas un obstacle pour Badr Ghannam. C'est que le jeune homme était déjà familiarisé avec la langue et la culture par l'intermédiaire de plusieurs membres de sa famille installés en Asie de l'Est. «J'ai toujours été attirée par l'Asie parce que des membres de ma famille vivaient là-bas. Quand je vivais avec mes parents à Marrakech, nous recevions des personnes originaires du Japon», explique l'entrepreneur aujourd'hui âgé de 34 ans.

«Ainsi, dès mon plus jeune âge, j'ai appris à compter en japonais et commencé à apprendre la langue.»

Encouragé par ses amis asiatiques, Badr Ghannam s'installe à Nagoya. «Mes amis ici me disaient qu'il n'y aurait aucun souci pour que je me rende au Japon, d'autant que mon sens de l'humour m'a beaucoup aidé», plaisante-t-il. Le Marocain commence à travailler pour sa tante, propriétaire initiale du restaurant. «Ma tante l'a ouvert en 2001. J'ai commencé à travailler pour elle à partir de 2006 et ça m'a beaucoup plu», poursuit le trentenaire, qui a finalement racheté le restaurant de sa tante il y a deux ans.

Rompre avec l'idée que les Japonais ont du Maroc

S'il n'a jamais vraiment pris de cours de cuisine, le jeune homme est tout de même parvenu à impressionner ses clients. «Je chapeaute toute la partie cuisine dans le restaurant. A la maison, c'est ma mère qui cuisinait. Elle m'a rappelé des recettes que j'ai découvertes pendant mon enfance. Nos clients ont aimé notre nourriture !», s'enthousiasme, non sans fierté, Badr Ghannam.

Interrogé sur ce que les Japonais pensent de la cuisine marocaine, il raconte : «Les gens qui viennent dans notre restaurant et goûtent des plats marocains pour la première fois pensent que nous ajoutons une petite touche personnelle pour rendre les plats plus asiatiques. Peut-être que les épices que nous utilisons leur donnent cette impression, mais je peux vous assurer que tout est fait à la marocaine.»

A travers son restaurant, Badr Ghannam veut rompre avec l'idée que les Japonais se font du Maroc. D'après lui, la population japonaise pense que la culture africaine est homogène et que le Maroc est comme n'importe quel autre pays du continent. «Quand ils viennent au restaurant, ils s'imaginent que la nourriture est très épicée puis, à la fin, ils se rendent compte que c'est bien loin de ce qu'ils avaient imaginé», ajoute-t-il.

Une combinaison parfaite pour une entreprise prospère

«Casablanca» est également visité par les Marocains résidant au Japon, y compris les étudiants. «C'est l'ambassade du Maroc à Nagoya, s'amuse le gérant. Les gens viennent souvent s'enquérir du Maroc, de la culture, des coutumes et de la nourriture.»

«Même ceux qui prévoient de voyager au Maroc viennent ici pour obtenir des conseils. De la même manière pour ceux qui visitent le Maroc, ils viennent ici pour partager leurs histoires et nous montrer leurs photos.»

Sur le volet entrepreneurial, le restaurateur assure que le Japon facilite beaucoup les choses : «Le pays aide les jeunes entrepreneurs en leur accordant des prêts avec un taux d'intérêt très encourageant. J'ai eu un prêt avec un taux d'intérêt de 1% et je suis sur le point de le rembourser.»

Marié à une Japonaise et père d'un petit garçon d'un an, Badr Ghannam a réussi à s'intégrer et à se faire un nom dans cette grande ville du Japon. Son amour pour les voyages et son attachement au Maroc ont finalement été une bonne combinaison qui lui a inspiré un projet désormais prospère.

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