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Grand Angle

A Abidjan, Mohammed VI corrige certaines «vérités infondées» sur la migration en Europe

Au sommet UA-UE, le discours de Mohammed VI était consacré à la thématique de la migration. Le roi a tordu le cou à certaines idées largement répandues en Europe sur les migrants et qui font d’ailleurs le lit des marchands de la peur et de la haine. A Abidjan, le souverain a saisi l’occasion pour appeler de ses vœux à un nouveau partenariat entre les deux continents.

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Le roi du Maroc aux côtés du président français à Abidjan / DR
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C’est en sa qualité de leader de l’Union Africaine sur la question de la Migration, que le roi Mohammed VI a prononcé, lors d’une séance à huis-clos, un discours au sommet UA-UE. Une intervention qui a bousculé des "vérités infondées" largement répandues en Europe sur les migrants et la migration africaine. Elle n’est pas «intercontinentale. Elle est d'abord intra-africaine : sur 5 Africains qui se déplacent, 4 restent en Afrique», précise le souverain.

«La migration irrégulière n’est pas majoritaire : elle ne correspond qu’à 20% de la migration internationale; la migration n’appauvrit pas les pays d’accueil : 85% des gains des migrants restent dans les pays d'accueil. Et enfin, Je rappelle qu’il n’y a plus de distinction entre pays d’émigration, de transit et d’installation.»

Mohammed VI a, par ailleurs, fustigé les préjugés qui associent migration aux trafics de drogue et d’êtres humains, voire même aux méfaits des changements climatiques. «En somme, à notre époque, dans l’imaginaire collectif, l’immigration est associée aux fléaux de la pauvreté, de la précarité, de l’instabilité et même de la mort», observe le souverain.

Finir avec l’ «aberration» des conditions régissant l’octroi de prêts

«Peu capables ou peu désireux de saisir les causes profondes du phénomène migratoire, on le fige et on le généralise dans des représentations stéréotypées : à travers des images de déferlements de personnes sans travail et sans ressources, parfois aux profils douteux», a-t-il constaté.

Pour en finir avec ces idées largement répandues parmi les Européens et qui alimentent la peur et la haine vis-à-vis des migrants, Mohammed VI propose une évolution du partenariat UE-Afrique «vers un pacte bi-continental nouveau. Il s’agit, pour l’Afrique et pour l’Europe, de faire face, de concert, aux défis incontournables, par une compétitivité partagée, une co-localisation des entreprises productives, une mobilité humaine régulée et des échanges culturels féconds».

Ce partenariat si souhaité par le roi ne peut prendre forme qu’avec une révision des conditions encadrant les opérations d’octrois de prêts.

«Les pays occidentaux attendent, en effet, que certains pays d’Afrique - indépendants depuis moins d’un demi-siècle - aient des performances politiques et économiques aussi positives et aussi importantes que les leurs, et leur imposent donc des conditions impossibles à respecter.»

C’est une «aberration» a dénoncé le souverain, d’autant que «ces mêmes pays européens ont parfois, eux-mêmes, de grandes difficultés sur les plans financier et politique». Le ton est donné.

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