Menu

chronique_2

Réussite scolaire des enfants d'immigrés : L'Insee met Guéant en échec [Billet d'humeur]

Le ministre Claude Guéant sait s'entêter quand il a tort, il est professionnel. Il aura tenu plus d'un mois à persister  à dire : 2/3 des échecs scolaires en France, «c'est les enfants d'immigrés». Il a fait face à la gauche, à François Bayrou, à l'Observatoire des inégalités... mais, aujourd'hui, la source même que citait Claude Guéant lui fait faux bond. L'Insee dément les chiffres.

Publié
DR
Temps de lecture: 3'

Ce n'était qu'une petite phrase populiste lancée au détour d'une émission de radio, le Grand rendez-vous d'Europe 1, dimanche 22 mai 2011. «L'intégration ne va pas si bien que ça [...] Les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés». Pourtant, elle a fait couler beaucoup d'encre et a fait le bonheur des stratèges du ministère de l'Intérieur. Le boss avait entamé une belle partie d'attaques et de contre-attaques verbales. Aujourd'hui, la fin semble pourtant inévitable. Selon l'Insee, la source même de Guéant, 22% des échecs scolaires c'est «l'échec des enfants d'immigrés».

La polémique est lancée

Le 22 mai, Guéant avait-il lancé sa phrase avec préméditation ? Le doute est de mise, mais le ministre aura en tous cas lancé la polémique. La très vive indignation contre cette «stigmatisation» a montré le potentiel médiatique du sujet qui fera bien quelques Unes. Déclaration à l'AFP le 24 mai : ses paroles seraient «tout le contraire d'une stigmatisation, mais le constat de difficultés de notre politique d'intégration» et, un jour plus tard, Guéant profite d'une intervention à l'Assemblée nationale pour affirmer que «c'est vrai qu'il y a deux tiers des enfants d'immigrés qui se trouvent sortir de l'appareil scolaire sans diplôme».

Un peu brouillon sur l'origine de ces chiffres - «le rapport 2010 du Haut Conseil à l'Intégration sur les défis de l'intégration à l'école», ou «tout simplement [les chiffres] que donnent tant l'Insee que l'OCDE» - le ministre et son ministère s'en sortent tant bien que mal. Assez bien pour affronter la prochaine salve : une attaque bien ciblée de François Bayrou, datant du 29 mai. Des chiffres «grossièrement faux» et un ministre à qui monsieur Bayrou conseillerait de «faire son travail, de lutter contre l'insécurité, plutôt que d'allumer une polémique nouvelle chaque jour».

Incendiaire, il faut l'avouer. Comment réagir ? Calmer le jeu, pas de réponse publique, juste un courrier adressé personnellement à M. Bayrou, mais qui, par coïncidence, trouvera également son chemin jusqu'à l'AFP, le premier juin. «Les chiffres que je cite sont rigoureusement exacts, même s'ils ne sont pas plaisants à entendre.» A qui s'adresse-t-il dans cette phrase ? A monsieur Bayrou, qu'il voudrait persuader qu'il était juste en train de lever un tabou, sur l'intégration ? Peut-être. La manière de le persuader vaut la peine d'être relevée : M. Guéant explique une nouvelle fois ses chiffres. Ils proviendraient du rapport de l'Insee sur les immigrés en France, selon lequel «les enfants de familles immigrées sortent presque deux fois plus souvent du système éducatif sans qualification». Pour le ministre, «cela revient strictement à ce que j'ai dit, à savoir que parmi les enfants qui sortaient sans qualification de l'appareil scolaire, les deux tiers étaient des enfants de familles immigrées.»

Faire l'autruche pour garder le cap

Nouvelle stratégie : après le flou sur les sources, un exercice de logique préparé pour embrouiller l'esprit matheux de tous ces Français qui ne jurent que par le bac S. Entre temps, certains médias s'étaient déjà appliqués pour dénoncer l'infondé des guéanteries sur l'échec scolaire. Des explications du type «22 sur 70 n'est pas égal à deux tiers» tentaient de stopper l'avancée de l'incohérence ministérielle. En vain.

Il faut l'avouer, les stratèges du ministère de l'Intérieur connaissent leur métier. Ils réussissent à faire garder le cap à leur ministre, même en lui faisant faire l'autruche.

Sauf que... le ministre n'aura pas vu venir ce dernier coup, peut-être fatal. «Suite aux différents échanges qui ont eu lieu par voie de presse à ce sujet, l’Insee souhaite rappeler les statistiques publiées en 2005 sur le parcours scolaire des enfants d’immigrés». Aie... on est lundi, 27 juin, et l'Institut National de la Statistique et de Etudes Economiques (INSEE) met les points sur les i.

«La proportion d’enfants d’immigrés parmi les élèves sortis sans qualification de l’enseignement secondaire peut être estimée à environ 16 % pour les enfants de familles immigrées. Si on y ajoute les enfants de familles «mixtes», cette proportion passe à environ 22 %.» Echec et mat ?

Tout va bien Madame La Marquise !
Auteur : MPHilout
Date : le 29 juin 2011 à 12h11
Tout cela me donne à penser qu'il faudrait aussi douter des chiffres sur les mariages faussement mixtes donnés par la démographe Michèle Tribalat dans son livre "Les Yeux grands fermés".

Selon l'INSEE, losqu'une fille turque ou un garçon algérien épouse un Français d'origine turque ou une Française d'origine algérienne, il ne s'agit pas d'endogamie communautaire, mais de la perpétuation du traditionnel melting-pot, du fameux creuset de fusion que la France a toujours été.

Quel aveuglement et quelle hypocrisie !
Nous savons que nous allons dans le mur, mais nous y allons les yeux grand-ouverts !

Rappel : 81% des époux (épouses) algériens qui rejoignent un conjoint Français, rejoignent en fait un(e) Français(e) d'origine algérienne. Ce taux est de 80% pour les Turcs, 66% pour les Marocains et 63% pour les Tunisiens.
C'est énorme
Auteur : ouriemcm
Date : le 28 juin 2011 à 11h59
Salem,

22% c'est énorme, si on considère que la proportion de la population immigré est de 10% de la population totale.

Si on considère que nous avons une école de 1000 élèves. En moyenne nous aurions 100 élèves enfants d'immigrés.

si (par hypothèse 10%) 100 élèves sont en échec alors 22 seraient d'enfants d'immigrés et 78 non immigrés.

En conclusions, un enfant d'immigrés à 22% d'être en echec alors que la moyenne est de 10%. alors qu'un non immigré a 7,8% de chance d'être en echec.

Je pense que l'erreur vient d'un calcul rapide : à taille de classe comparable (50-50), nous allons avoir (sous hypothèse)15 élveves en echec, parmis lesquels 11 immigrés et 4 non immigrés.

ce qui fait 11/15 =73,33%. C'est plus quedeux tières.

Donc C.G. est gentil avec nous.

Mon point de vue perso. 22% reste énorme comme chiffre mais, pour ce qui nous intéresse cumme marocains, la taux d'echec est très inférieur à ça. Bcp reste à faire mais bcp de nos enfants réussissent. Et ça doit continuer. Bonne chance à tous ceux qui passe le bac en ce moment. Gardant le cap de la réussite.
Bravo la rédaction
Auteur : ElChamali
Date : le 27 juin 2011 à 22h23
C'est vrai que vous aviez attiré notre attention sur cette erreur, il y a bien longtemps. Vous aviez raison, puisque l'Insee a officialisé votre version aujourd'hui.

Bien vu
Dernière modification le 27/06/2011 22:23
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com