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Interview  

«Casablanca» : Le film culte hollywoodien du point de vue de l’écrivain Noah Isenberg

«Casablanca», le film des années 40 qui porte le même nom que la capitale économique marocaine, fut l’un des films les plus acclamés à Hollywood. Lors d’une projection, Yabiladi a pu interviewer Noah Isenberg, l’auteur de «We’ll Always Have Casablanca : The Life, Legend, and Afterlife of Hollywood Most Beloved Movie» (Norton, 2017). Le livre raconte la processus de création du film et son influence de nos jours.

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Noah Isenberg, l’auteur de «We’ll Always Have Casablanca : The Life, Legend, and Afterlife of Hollywood Most Beloved Movie» (Norton, 2017). / Ph. Mehdi Moussahim - Yabiladi
Temps de lecture: 4'

Le film «Casablanca» est une œuvre d’art culte qui a marqué les années 40 aux Etats-Unis. Ce dernier se déroule pendant la Seconde guerre mondiale dans la ville de Casablanca, contrôlée à ce moment-là par le gouvernement de Vichy. Le long-métrage a remporté l’Oscar du meilleur film en 1944 et est considéré comme le troisième plus grand film américain, après Citizen Kane et Le Parrain, par l’Institut du film américain, le conservatoire mondialement reconnu où un groupe dédié de professionnels du cinéma et de la télévision sert de mentor aux talents de demain.

«Casablanca» a été au cœur d’un événement de deux jours organisé par l’ambassade américaine et le ministère marocain du Tourisme. En marge de la projection, samedi 18 novembre, Yabiladi a interviewé Noah Isenberg, professeur de culture à l’université Eugene Lang College of Liberal arts, à New York.

L’écrivain a assisté à l’événement où de nombreuses personnalités ont été invitées par la mission américaine au Maroc pour célébrer le 75e anniversaire de l’opération Torch. Noah Isenberg a écrit un livre sur la réalisation de ce long-métrage culte. L’auteur de «We’ll Always Have Casablanca : The Life, Legend, and Afterlife of Hollywood Most Beloved Movie» (Norton, 2017), (en français : Nous aurons toujours Casablanca : La vie, la légende, et la vie d’après de l’un des films les plus aimés d’Hollywood) parle de son œuvre, la réalisation de «Casablanca» et le débarquement des Alliés en Afrique du Nord (Opération Torch).

Dites-nous en un peu plus sur vous-même

Je suis un historien spécialisé dans les films. Je suis basé à New York et dirige le programme cinéma à l’université de New York. Je suis également l’auteur d’un nouveau livre «We’ll Always Have Casablanca : The Life, Legend, and Afterlife of Hollywood Most Beloved Movie».

Comment pouvez-vous évaluer le fait que le réalisateur est parvenu à reconstituer les scènes à Casablanca alors qu’il était aux Etats-Unis ?

Le film a été entièrement tourné en Californie du Sud dans l’un des studios de Warner Bros. Personnellement, c’est ma première fois à Casablanca et je me sens honoré et heureux d’être ici. Cela va me permettre d’avoir l’opportunité de voir la réaction du public au film. Va-t-il le voir comme l’ont vu les Américains et se dire «Oh, ils ont vraiment capturé l’essence de cette ville nord-africaine durant la guerre» ? C’est intéressant pour moi d’observer ceci. Je ne peux pas faire cette distinction vu que c’est ma première fois dans le pays.

Durant la période de production, au printemps 1942, la première du film a eu lieu le 26 novembre, 75 ans avant l'anniversaire de l'opération Torch. A ce moment-là, il y avait une tentative d’influencer le public américain dans le besoin de s’engager dans le combat contre le fascisme. En montrant ce qui se passe à Casablanca, ce qui se passe avec les réfugiés et la collaboration du gouvernement de Vichy avec le régime nazi, ainsi que le combat des Alliés contre toutes les formes de fascisme, il est relativement clair que le film est pertinent, malgré le fait qu’il a été tourné en Californie et dans un des studios de Warner Brothers.

Noah Isenberg, en compagnie d'Américaines présentes lors du 75 ème anniversaire de l'Opération Torch. / Ph. Mehdi Moussahim - YabiladiNoah Isenberg, en compagnie d'Américaines présentes lors du 75e anniversaire de l'opération Torch. / Ph. Mehdi Moussahim - Yabiladi

Votre livre parle des acteurs qui ont joué dans le film, mais aussi de la réalisation de «Casablanca»…

C’était un processus difficile pour Warner Bros. Il fallait amener plusieurs acteurs pour faire le casting pour les rôles. Humphrey Bogart a été parfait dès le début, le producteur Hal B. Wallis et le réalisateur Michael Curtiz savaient comment le diriger pour le rôle de Rick, le propriétaire du Rick’s Café. Concernant le rôle d’Ingrid Bergman, l’actrice suédoise, il y avait plusieurs prétendantes pour son personnage, notamment l’actrice française Michèle Morgan. Elle a été amenée et testée pour le rôle. A un moment, Hedy Lamarr a été envisagée pour le rôle d’Ilsa Lund, mais elle aurait couté beaucoup d’argent. Ingrid Bergman a été choisie en fin de compte. C’était l’une de ses meilleures performances même si elle a joué dans d’autres films magnifiques. Les gens se rappellent de ces performances, malgré ses autres rôles. A un certain moment, ça l’a gênée dans sa vie. Mais ça vous donne une idée de la manière dont ces acteurs sont devenus célèbres avec les rôles qu’ils ont joués dans ce film.

De nos jours, est-ce que Casablanca s’est fait connaître par le film, malgré le développement qu’elle a connu ?

75 ans après la première du film, vous n’imaginez ce que le nom du long-métrage signifie pour le public international. Pour vous dire, le nom est associé ni à la ville économique, ni à la ville marocaine, mais au film. Un autre point important dans le film est la manière dont il traite la crise des réfugiés à cette période, et je pense qu’il y a une forte affinité. C’est ce qui se passe quand vous avez des stars hollywoodiennes qui racontent des histoires. Les stars du film sont en train de raconter une histoire, et le public y est attentif. C’est le pouvoir d’Hollywood.

Ce mois-ci nous célébrons le 75e anniversaire de l’opération Torch. Comment rassemblez-vous les deux événements, le film et le débarquement des Alliés en Afrique du Nord ?

Le lien entre le débarquement historique des troupes alliées en Afrique du Nord sous le commandement du général George S. Patton, leur victoire dans Casablanca et le film s’est fait par les titres de journaux aux Etats-Unis. Warner Brothers a décidé de précipiter la sortie du film. Ainsi, le lien entre l’opération Torch et le film, par plusieurs aspects, est celui de la publicité, des relations publiques et c’est pour ça que le film a été diffusé en première lors de la fête de Thanksgiving, un jour important aux Etats-Unis, le 26 novembre 1942. Plus tard, en janvier 1943, lors de la conférence de Casablanca, le film a été diffusé au grand public. La publicité est intelligente.

Parlez-nous de votre livre

J’ai construit mon livre autour du travail d’Aljean Harmetz «Round up the Usual Suspects : The Making of Casablanca» (Rassemblons les suspects habituels : La réalisation de Casablanca). Sans son livre, le mien n’aurait pas vu le jour. Elle a interviewé beaucoup d’acteurs qui étaient déjà morts lorsque j’ai commencé à écrire mon livre. Ce que j’ai fait, c’est de prendre son histoire et de l’adapter à «aujourd’hui» : ce que le film veut dire pour nous aujourd’hui. 

C’est ma première opportunité de voir ce que ce film signifie en Afrique du Nord. D’un autre côté, dans mon livre, je me suis focalisé sur la manière dont le public réagissait au film en France, en Allemagne, en Autriche, en Suède et dans d’autres pays.

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