Menu

Grand Angle

Casablanca : La fragile cohabitation du tramway et des automobiles

Depuis plusieurs semaines, les accidents impliquant le tramway et des automobilistes ou piétons se multiplient. La RATP Dev Casablanca impute ces incidents à leur imprudence et au non-respect de la signalétique.

Publié
Depuis plusieurs semaines, les accidents impliquant le tram avec des automobilistes ou des piétons se multiplient. / DR
Temps de lecture: 3'

Dans un écosystème routier happé par une circulation particulièrement dense et chaotique, les tramways cohabitent laborieusement avec les automobiles et les cyclomoteurs, quand ce ne sont pas les piétons et les cyclistes. Ces dernières semaines, les accidents impliquant un tramway avec des automobilistes ou des piétons se sont multipliés.

Une tendance confirmée par une source de la RATP Dev Casablanca, filiale du groupe RATP, qui évoque effectivement un «pic» recensé ces dernières semaines. En 2016, 121 accidents ont été enregistrés à Casablanca, contre 102 une année auparavant. Rien qu’en janvier 2017, 10 accidents se sont produits, deux fois plus qu’en janvier 2016.

Pourtant, les mesures ont été prises depuis l’implantation de ce transport en commun dans la ville blanche, en décembre 2012, assure le responsable. «Il faut savoir que le tramway, contrairement aux voitures, opère sur une plateforme qui lui est dédiée : il n’y a que le tramway qui circule sur la voie, et il est toujours prioritaire. Quand il y a un accident, c’est forcément que la priorité n’a pas été respectée, qu’il s’agisse du piéton, de l’automobiliste, du cycliste ou du motocycliste, et qu’il y a eu un passage sur la plateforme qui n’aurait pas dû avoir lieu. A aucun moment le tramway n’est en cause dans les récents incidents qui ont eu lieu. De manière générale, c’est souvent la faute des piétons ou des automobilistes qui ne respectent pas la signalétique», observe-t-il.

Une distance de freinage beaucoup plus longue

Il faut dire aussi que le «cas» Casablanca est à part. «Le Grand Casablanca représente 25% de l’accidentologie au Maroc en termes d’accidents de la route. C’est lié à des considérations urbanistiques et à une certaine forme d’incivilité. C’est aussi là où la concentration de véhicules est la plus importante. Le tramway, en plein dans un écosystème réservé à la voiture, en pâtit forcément. Il y a bien sûr des projets structurants, mais il faut compter 10, 20, 30, 50 ans», explique notre source.

C’est sans compter les coûts engendrés par les accidents, tant sur le front humain que matériel. A titre d’exemple, la rame qui avait été percutée par une bétonneuse en novembre 2016 est restée immobilisée pendant un an. «Un an, c’est 130 000 km en moins et 1 million de passagers qui ne sont pas transportés.»

Une enquête est systématiquement menée après chaque incident ou accident par la RATP Dev Casablanca et les autorités locales : «Le conducteur est auditionné, les data de circulation pour chaque tram (données transmises en temps réel au centre de surveillance, ndlr) sont analysées. On peut savoir par exemple si un chauffeur a fait un excès de vitesse qui peut être à l’origine de l’accident. Mais pour être honnête, nous n’avons encore jamais connu un tel cas de figure. Une rame, même lorsqu’elle respecte les limitations de vitesse qui lui sont imposées, ne peut pas freiner comme une voiture ; la distance de freinage est beaucoup plus longue. Le tramway ne peut pas piler comme une voiture, il lui faut plusieurs dizaines de mètres», prévient notre interlocuteur.

Signature d’une convention tripartite

«La première mesure à prendre, c’est tout simplement de respecter la signalétique pour éviter des accidents. La recrudescence des accidents constatée ces dernières semaines ne s’explique pas autrement que par la hausse des comportements liés à l’incivilité, notamment sur la route.»

Une convention tripartite a été signée récemment entre le Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC), la société de développement local (SDL) Casa Transport et la RATP Dev Casablanca. Objectif : mener des actions conjointes de sensibilisation du public et d’éducation routière axées sur le tramway en tant que mode de transport en commun. «Chacune de ces entités mène déjà des actions personnalisées», tient à préciser le responsable du groupe. Une campagne de communication devrait d’ailleurs être lancée à partir de la semaine prochaine avec le CNPAC.

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com