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Grand Angle

Strasbourg : Des parrainages pour les chibanis lésés par leur caisse de retraite

La Coordination alsacienne de l’immigration maghrébine a instauré récemment des parrainages pour les chibanis maghrébins de Strasbourg, à qui la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail ne verse plus le minimum vieillesse. Détails.

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Des retraités maghrébins dans le quartier de Belsunce à Marseille. / Ph. Anne-Christine Poujoulat - AFP
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La Coordination alsacienne de l’immigration maghrébine (Calima) met en place un système de parrainage pour venir en aide aux chibanis du foyer Adoma, à Strasbourg, indique le site d’information Rue 89 Strasbourg.

Joint par Yabiladi, Mustapha El Hamdani, coordinateur de projet au sein de Calima, à l’origine de cette démarche, revendique une aide «financière et morale» qui intervient après que la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) a notifié à ces retraités maghrébins l’arrêt du versement de leur minimum vieillesse, aujourd’hui appelée allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa). Au total, une soixantaine de chibanis sont concernés.

«Ces chibanis ont une faible retraite, entre 300 et 400 euros, 500 maximum, alors que leur loyer s’élève à environ 360 euros et qu’ils n’ont plus droit aux APL (aide personnalisée au logement, ndlr). Ils ont bien sûr des droits, mais les démarches administratives, notamment les recours auprès de la CAF (Caisse d’allocations familiales), sont souvent très longues, jusqu’à 6 ou 7 mois en moyenne», s’inquiète Mustapha El Hamdani. C’est sans compter que leurs familles, restées au Maroc, en Tunisie ou en Algérie, dépendent d’eux financièrement.

«Ils leur envoient en moyenne entre 300 et 400 euros chaque mois. Comment vont-ils faire désormais ?»

La création d’une chaîne de solidarité

Au-delà de l’accompagnement administratif, la Coordination mène un combat de terrain, politique en l’occurrence, pour sensibiliser les députés de l’Assemblée nationale, récemment renouvelée. Le 20 novembre 2012, l’Hémicycle avait ouvert une mission d’information sur les immigrés âgés. Le 3 juillet 2013, celle-ci avait livré ses conclusions dans un rapport qui contenait 82 propositions : c’est sur elles que la Coordination veut aujourd’hui attirer l’attention des nouveaux élus.

«Comment peut-on réactualiser ces propositions, les soumettre à nouveau à l’Assemblée générale, voire les mettre en application», ajoute Mustapha El Hamdani. Calima a également sollicité le conseil municipal : «Même si ces chibanis ne votent pas, il n’empêche qu’ils font partie des administrés du maire à travers les impôts locaux qu’ils paient.»

Dernier élément : la création d’une chaîne de solidarité. «Il faut laver l’honneur de ces gens-là, qu’on a pris pour des fraudeurs. La caisse de retraite leur a demandé de présenter leur passeport pour pouvoir vérifier les dates de sorties du territoire (français, ndlr). C’est sur cette base-là qu’elle leur refuse désormais les aides auxquelles ils devraient avoir droit, sur la base de la nationalité. C’est une discrimination. Et pourtant, ils y sont allés, eux, avec leur passeport. Ils étaient de bonne foi et on les traite de fraudeurs ?», fustige le coordinateur de Calima.

C’est donc bel et bien un soutien moral que revendique également cette démarche. «Hormis l’aide financière et matérielle que pourraient apporter ces parrainages, l’aide aux courses, l’achat des aliments de première nécessité, il s’agit aussi de leur rendre visite, de créer des liens avec eux, intergénérationnels notamment. Ce sont des gens extrêmement silencieux et réservés, très dignes», confie-t-il encore.

Mustapha El Hamdani se dit toutefois confiant. «Depuis une semaine que cette démarche de parrainage a été lancée, j’ai reçu une dizaine d’appels, et pas seulement de Strasbourg ! Ça m’a fait chaud au cœur. Le principe de fraternité, il est là.»

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