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Grand Angle

Le Polisario est dans un état critique et le Maroc doit en tirer profit, d'après Mahjoub Salek

Les camps de Tindouf connaissent la naissance d’une nouvelle «initiative pour le changement». Mahjoub Salek, leader de Khat Achahid, mouvement d’opposition au sein du Front Polisario, voit en cette initiative une opportunité pour mettre fin à la corruption qui sévit au sein du mouvement séparatiste.

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Le Polisario est dans un état critique et le Maroc doit en tirer profit, d'après Mahjoub Salek. / DR
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Deux anciens «ministres» du Polisario ont annoncé hier la création d’une nouvelle «initiative sahraouie pour le changement (ISC)», plaidant pour une transparence dans la gestion des affaires des Sahraouis des camps de Tindouf, ainsi que la lutte contre la corruption.

Les signataires de cette initiative ont également appelé à mettre fin à la domination de la vieille garde du Front Polisario en «encourageant la participation des nouvelles générations aux structures du pouvoir politique», et en «ouvrant la voie aux générations plutôt qu’à l’hégémonie éternelle qui conduit inévitablement à des erreurs et à l’obstruction de plusieurs horizons», d'après Mahjoub Salek, dirigeant de Khat Achahid (La ligne du martyr), mouvement d’opposition au sein du Front, contacté par Yabiladi.

Mahjoub Salek plaide pour une discussion avec le Maroc

«Le Front Polisario s'est retrouvé dans une situation très peu enviable après l'annonce de cette initiative, d'autant que les signataires de ce programme appartiennent aux plus grandes tribus sahraouies, notamment la tribu Rkibat, la tribu Oulad Delim et la tribu Arousiyine», explique Mahjoub Salek.

«La direction du Front Polisario s’est introduite dans des réunions secrètes après qu'elle a pris connaissance de notre initiative.» Pour le dirigeant du mouvement, il est probable que les séparatistes attaquent les signataires, les accusant d’être «des agents marocains et de recevoir des financements de la part du royaume».

Les promoteurs de l’initiative sahraouie pour le changement visent à «ouvrir un dialogue national sahraoui pour mettre fin à la corruption qui a dominé le pouvoir pendant plus de quatre décennies», estime notre interlocuteur, ajoutant que les Sahraouis sont «séparés de l'Algérie et pas de ses pions», et que leur «langue n’est en rien semblable à celle parlée par le Front Polisario».

Le leader de la «Ligne du martyr» plaide pour que «l'Etat marocain ouvre un dialogue avec les initiateurs de l’initative pour le changement», soulignant que ce dernier pourrait «aboutir à une solution au conflit, contrairement au Front Polisario qui n’a aucun intérêt à y mettre fin».

«Isolé jusqu’à la fondation de l’initiative pour le changement»

Au sujet de l'identité des promoteurs de l’initiative, Salek s'épanche : «Il s'agit d'abord de Haj Ahmed Barkla, qui avait déjà assumé la responsabilité de la représentation du Front à Madrid, pour ensuite occuper des postes 'ministériels' au sein du 'gouvernement sahraoui', y compris le 'ministère de la Coopération' où il avait pour mission le contrôle des comptes bancaires à l’étranger. Quelques mois suivant le début de sa mission, et découvrant le réseau de corruption, il avait exprimé son mécontentement auprès du président défunt Mohamed Abdelaziz, qui n'y a pas prêté attention. Ainsi, il était devenu le premier 'ministre' à présenter sa démission et à se retirer d’un poste d’une telle envergure.»

«Craignant que les documents attestant de l’existence de la corruption soient rendus publics, Mohamed Abdelaziz a réduit au silence Haj Ahmed Barkla en le nommant au poste de 'ministre chargé de l’Amérique latine'. Haj Ahmed n’a eu de cesse de s’en vouloir de ne pas avoir dénoncé tout ce qu’il a pu découvrir au sein du mouvement séparatiste.»

«En conséquence, lors de la dernière conférence des dirigeants, Haj Ahmed en a profité pour leur envoyer une lettre ouverte qui a fait couler beaucoup d’encre au sein de la conférence et des camps de Tindouf. Il a accusé les dirigeants d’être à l’origine de la corruption ainsi que de nombreuses stigmatisations liées à l'emploi. Il a refusé de participer à la conférence et a ensuite été déchu de ses fonctions par les lobbies tyranniques de Tindouf. Il est resté isolé jusqu’à la fondation de l’initiative pour le changement», poursuit Mahjoub Salek.

Hdiah Abouiha, promoteur de Khat Achahid

«Haj Ahmed Barkla a ensuite été membre du secrétariat national du Front, mais s’est à nouveau plaint auprès de Mohamed Abdelaziz après avoir découvert une nouvelle fois la corruption qui règne au sein des tribus. Les dirigeants, agacés, l’ont nommé à la tête de la représentation du Front en Catalogne, où il continue de travailler», précise-t-il encore.

«Quant à Hdiah Abouiha, il était chargé d’accompagner la presse étrangère avant d'être nommé responsable des fonctions 'présidentielles', pour ensuite être nommé au poste du bureau du Front au sud de l’Andalousie, où il a commencé à s'opposer à la corruption. C'est cette prise de position qui a conduit à son limogeage. Il a été l’un des promoteurs de Khat Achahid, un mouvement d’opposition au sein du Front Polisario en 2006. Il était sujet à de la propagande de la part des dirigeants du mouvement sépératiste», conclut Mahjoub Salek.

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