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Grand Angle

Festival de Timitar : Celtes et Gnaouas fusionnent

Le festival Timitar a débuté hier soir, mercredi 22 juin, à Agadir et se pousuivra jusqu'au 25 juin. Un surprenant mélange musical entre Gnaouas d’Agadir et musique celtique de Bretagne à ouvert le festival qui se targue de participer à la circulation mondiale des artistes.

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Le mélange celtognaoua a ouvert le festival Timitar vers 20h, place Amal. Peu avant, un groupe d’une petite centaine de personnes avait manifesté. Il fustigeait l’argent donné au festival, alors que le Maroc compte des millions de chômeurs.
L’échange musical a manifestement ravi les musiciens qui entendent le renouveler dans d’autres festivals à travers le monde. Le public a aussi été séduit mais a réservé son plein enthousiasme au grand succès « Salam Salam » du groupe amazigh Laryach.
Les concerts ont attiré beaucoup de monde sur la place et le long des avenues alentours. Les enfants étaient nombreux, nullement effrayés par les basses fréquences et le tumulte.
Le théâtre de verdure, la deuxième scène du festival, à quelques centaines de mètres de la place Amal, a d’abord rendu hommages aux Rayssates Naïma et Kabira. Mélancoliques et beaux, leurs chants faisaient écho au calme des lieux.
Au contraire, Aberrahim Souiri, en reprenant plusieurs tubes de la chanson arabe a soulevé la foule qui dansait dans les gradins du théâtre. Il a chanté l’islam et le Sahara marocain, brandissant même un grand drapeau marocain. Public conquis.

Associer gnaouas et musique celtique, il fallait oser. Sur scène, le contraste est total et le son prometteur. En ouvrant le «Festival Timitar signes et culture», hier soir, mercredi 22 juin, avec les Gnaouas d’Agadir du maâlem Raouf et les Bagad de Saint Nazaire, Brahim El Mazned, directeur artistique de Timitar a voulu illustrer le leitmotiv du festival : «les artistes amazighs accueillent les musiques du monde».

«Ce n’était pas écrit, ce n’était pas prévu qu’un qraqeb rencontre, un jour, une cornemuse, mais ça a produit un son», exprime simplement Christian Méhat, directeur musical du Bagad de Saint Nazaire. Le groupe de musique traditionnelle celtique du port de Saint Nazaire, en France, a rencontré chez lui, lors d’une résidence d’artistes, les Gnaouas d’Agadir de maâlem Raouf qui se produisent depuis plusieurs années dans le monde entier. Faire s’entendre, à tous les sens du terme, les musiciens ne fut pas chose aisée.

Les gnaouas ne comptent pas d’instruments à vent, alors que l’immense majorité des instruments de la musique celtiques sont des binious bras (cornemuses écossaises) et bombardes. Mehdi, le show man d’Agadir Gnaouas explique dans un très large sourire, «nous avons réussi à intégrer de la musique soufflée dans 4 ou 5 morceaux». Pour le percussionniste du Bagad, la rencontre, le point d’encrage des deux musiques «se sont faits sur les percussions.» Enthousiasmé par sa rencontre avec les gnaouas, il estime que si cette musique connait aujourd’hui un réel engouement, c’est «parce qu’elle est très très rythmée, comme les musiques techno qu’écoutent les jeunes. Dans la techno, comme dans la musique gnaouie, on retrouve la transe.»

Finalement, sur scène, le spectateur a pu mesurer toute la distance qui séparait les deux musiques traditionnelles. Pantalons et gilet noirs sur veste blanche, les costumes sobres des membres du Bagad contrastent avec les couleurs vives portées par les gnaouas. Très statiques, les musiciens du Bagad de Saint Nazaire, font cercle autour des gnaouas qui, l’un après l’autre, montent au devant de la scène pour réaliser une performance musicale et dansée. Musicalement, les deux groupes ont souvent choisi, faute d’avoir eu le temps nécessaire pour travailler leur surprenante association, d’alterner morceaux gnaouis et morceaux celtiques. Le percussionniste breton, à la batterie, est alors le seul à faire le lien.

Si l’harmonisation des sons est difficile, les deux groupes sont toutefois parvenus à quelques perles musicales prometteuses : ainsi, ce moment où les les gnaouas jouent si rapidement de leur qraqeb (crotales métalliques) et si faiblement que le rythme, comme un son continu, se fait parallèle à la longue expiration des joueurs de binious et de bombardes. Ensemble, ils créent un effet de tension et d’attente qui n’est ni gnaoua, ni celtique ... ou les deux.

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