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Maroc : Le pontage constitutionnel permettra-t-il d’éviter l’infarctus démocratique ?

20 février, 9 mars, 17 juin, 1er juillet, l'année 2011 n'est entamée qu'à moitié, que nous avons déjà une ribambelle de dates qui marqueront l'histoire contemporaine du Maroc. Le référendum sur la constitution qui sera sûrement un plébiscite au vu des scènes de liesse (spontanées ou non) après le discours du roi vendredi dernier devrait marquer l'entrée dans une ère nouvelle, le premier jour du second semestre.

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Temps de lecture: 3'

Les pro-mouvement du 20 février sont déjà dans une posture d'opposition post référendaire, conscients que l'éternel combat pour la démocratie ne peut prendre fin. Les anti- mouvement du 20 février ont repris leur concerts de louanges sur cette «courageuse réforme» dont ils ne sont ni les instigateurs ni les déclencheurs. Pour être honnête, il faudrait en classer une bonne partie dans les anti-changement pavloviens, ceux contentant d'être anti-tout, et ne proposant aucune autre alternative hormis le statut quo.

Les politiques : coupables et irresponsables !

De nombreux politiques marocains ont fini de se décrédibiliser avec leur propension à jouer au surfeur en applaudissant tout ce qui vient d'en haut, reléguant legenturs opinions personnelles au stade de reliques de musée. Alors qu'ils auraient dû jouer le rôle de catalyseur du débat national sur notre modèle démocratique, d'agitateur d'idées, de contrepoids aux forces d'inerties qui sont omniprésentes au Maroc, ils se sont contentés de la confortable posture du spectateur, feintant de temps en temps pour donner l'illusion que le cadavre de notre scène politique bouge encore, de peur d'être définitivement enterrés au cimetière des invertébrés.

Pour ne pas faire d'ombre à la figure du roi, ils se sont effacés oubliant qu'ils contribuent ainsi à l'affaiblissement de la démocratie dans notre pays, et donc de la réforme constitutionnelle de notre monarchie.

Ces six mois intenses en réflexions politiques et en projections sur le devenir de nos institutions, m'ont donné l'impression que les officiers avaient quitté le navire pour laisser le commandant (le roi) seul aux commandes. Quelle irresponsabilité !

Nous avons la constitution que l’on mérite !

Le roi a donc pris l'initiative et a validé un projet de constitution qui est conforme à l’équilibre des forces en présence sur la scène politique nationale. Le mouvement du 20 février demandera plus et il est dans son rôle. Si la liberté d'expression et les libertés individuelles consistent à se contenter gentiment de ce qu'on nous offre, autant revenir a un modèle dictatorial. Au moins les jeunes pourront faire le deuil de leur avenir sans faux espoirs.

Pour reprendre les comparatifs qui ont fusé ces derniers mois, le Maroc n'est ni la Tunisie, ni la Libye... mais il est encore loin d'avoir pris le virage de l'Espagne post franquiste. A qui la faute ? La faiblesse des partis politiques comme cité précédemment. Mais aussi la peur d'une partie de la population qui pourtant attend du changement. Enfin, l’autre partie trop respectueuse de l'ordre établi et de la figure tutélaire du père, attend gentiment de voir ce qu'on leur offrira pour se montrer reconnaissante quelque soit le cadeau. D'ailleurs quelle idée de critiquer un cadeau ?

Aurions-nous pu espérer mieux compte tenu de la faiblesse dans la dynamique de changement au niveau de la société ? Réponse normande, de la part d'un Jebli : Oui et non! Oui si le roi avait décidé d'accomplir une révolution constitutionnelle -et non simplement une évolution- à l'instar du roi Juan Carlos en Espagne. Non si on tient compte de nos institutions et nos partis laminés par les années de plomb, et qui sous le nouveau règne, ont continué à prendre du plomb dans l’aile face au rythme de l'évolution du pays et la concentration des décisions au niveau technocratique.

A la fin du discours royal, j'ai donc dû en venir à la conclusion que les avancées constitutionnelles sont beaucoup moins ambitieuses que mes aspirations démocratiques, mais beaucoup plus importantes que mes craintes de départ.

La mayonnaise révolutionnaire risque de tourner

Car il faut être honnête, la mayonnaise révolutionnaire (au sens noble du terme) n'a pas réussi à prendre. Une minorité jalouse de ses prébendes a mis en branle tous les moyens en sa possession pour combattre les aspirations égalitaires de quelques milliers de citoyens alors qu'une majorité est restée silencieuse ne voulant pas déranger l'ordre établi. Il n'en demeure pas moins que l'on a le devoir de remercier le mouvement du 20 février pour les pressions exercées dans le respect démocratique, dignes d'une société mature et consciente des acquis à défendre et des nouvelles libertés à arracher. Il faudra seulement organiser ce mouvement qui au départ fut spontané pour faire émerger des leaders et un discours construit, claire et responsable.

N'en déplaise aux détracteurs, dans le contexte des révoltes régionales, ces "0,01% de la population" ont réussi à modifier le cours de l'histoire du règne actuel, pendant que nos partis jetaient toutes leurs forces pour... garder tel ou tel ministère. Certains pickpockets de la démocratie ont même mené des combats à mort pour un statut de ministre sans portefeuille.

Voilà la situation de ce Maroc en voie de démocratisation depuis plus d'une décennie. Le défunt roi Hassan II avait averti que le Maroc risquait la crise cardiaque avant l'avènement du gouvernement Youssoufi. Ces dernières années c'est la démocratisation du Maroc qui risquait l'infarctus. La radioscopie du mouvement du 20 février a révélé au grand jour le risque encouru. Le pontage constitutionnel était vital mais au vu de l'état des organes du malade, la convalescence risque d'être longue et douloureuse.

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Auteur : EL-HASSAN
Date : le 21 juin 2011 à 11h40
Vous n'êtes jamais ni contents ni constructifs : c'est désespérant.

Cette réforme est pourtant une très bonne nouvelle pour le Maroc car elle montre que le Roi est à l'écoute du peuple et qu'il a la volonté de faire bouger les lignes.

Alors soutenons cette réforme qui est une étape importante dans la marche du Maroc vers la modernité.

EL HIANE El hassan
Barreau de Marseille
Description correcte et honnete de la situation
Auteur : Kamarr
Date : le 21 juin 2011 à 00h11
Mais, je rajouterai que contrairement à ce que nous attendions, un peu d'effacement monarchique, et un peu de monarchie symbolique, ce "pontage" n'est q' un cadenassage constitutionnel, une affirmation formelle et définitive du pouvoir absolu du Makhzen sur les "Sujets" du Roi. Sujets qui ne sont d'ailleurs toujours pas reconnus en tant que "Citoyens" pourvus des droits minimaux de pouvoir désigner et démettre librement leur représentants exécutifs.
belle analyse!
Auteur : Bento
Date : le 20 juin 2011 à 19h06
Bravo pour cette analyse que je partage totalement avec vous.

C'est clair que à mettre toujours des rustines au bout d'un certains c'est la roue complète qu'il faut changer...
CLAIRVOYANCE
Auteur : jeremiah
Date : le 20 juin 2011 à 18h55
Il faut arrêter de rêver que ce genre de développement doit s’opérer vite et rapidement. Il s'agit bien de la constitution d'un pays en voie de développement. Tout pays démocratique d'aujourd'hui a dû passer par des années de changements, de ré-équilibrages, de corrections.... pour aboutir à un but définit.

Pour les 20 roublards : aujourd’hui, vous êtes découverts et pour vous mieux jouer aux blocages sinon votre choix est limite :La résignation (pour aladl wa ilhssan, la gauche radicale et les manipulés.......).

Rien n'arrêtera le train de la démocratie.



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