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Grand Angle

Hirak : Les jeunes fuient-ils la répression à Al Hoceima en traversant la Méditerranée ?

Les conséquences de l’agitation sociale à Al Hoceima ont émergé récemment. Selon les informations du Guardian, de jeunes marocains originaires du Rif «alimentent l’exode migratoire vers l'Europe» en traversant la Méditerranée pour échapper à la répression. Une analyse partagée par l’ONG espagnole «Caminando Fronteras», qui vient en aide aux migrants.

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Une manifestation dans le Rif. En photo, le marchand de poisson Mohcine Fikri. / DR
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Alors que le 29 octobre marque la mort de Mohcine Fikri, un marchand de poisson décédé en 2016 après avoir été broyé par une benne à ordures pour avoir voulu récupérer sa marchandise, confisquée par les autorités, le journal britannique The Guardian a publié un article reliant le mouvement de protestation du Hirak à la crise migratoire. Il met l’accent sur la situation de la région rifaine, soutenant qu’elle «alimente l’exode vers l’Europe».

Touchés par le chômage, couplé à l’approche sécuritaire adoptée par les autorités de la ville d’Al Hoceima, certains Rifains ont choisi de mettre le cap vers le Nord. Selon The Guardian, le nombre de candidats à l’immigration clandestine en provenance du Maroc a considérablement augmenté. «En août, près de 600 personnes ont été sauvées au large des côtes de Tarifa en une seule journée», souligne la même source.

Sur la base des données fournies par Frontex, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, The Guardian indique que près de 13 600 migrants ont traversé vers l’Espagne en empruntant le détroit de Gibraltar durant les huit premiers mois de 2017.

Des migrants marocains à Tarifa et Algésiras

Le journal britannique a rencontré plusieurs migrants marocains sur le territoire espagnol, notamment «des réfugiés dans les villes d’Algésiras et de Tarifa qui ont fui la répression à Al Hoceima plus tôt cet été».

Deux frères âgés de 28 et 19 ans, accompagnés de deux de leurs cousins, tous deux âgés de 21 ans, ont fui les soubresauts de la ville en août à bord d’un jet-ski. Les quatre jeunes «sont arrivés en provenance de la plage de Souani après avoir parcouru environ 180 km», d’après le journal britannique.

«Nous étions quatre sur un jet-ski. Il nous a fallu six heures pour venir à Motril (ville espagnole sur la côte méditerranéenne, ndlr) depuis Al Hoceima. La police anti-émeute marocaine nous a frappés lors des manifestations. J'ai des marques sur ma main. Nous sommes partis pour trouver du travail car il n’y en a pas dans le Rif.»

Un certain Naoufal el-Moutaouakil, originaire d’Al Hoceima, dont le frère a été arrêté lors des manifestations, a déclaré au Guardian que les jeunes rifains «quittent leur pays parce qu'ils n'ont pas d'avenir au Maroc».

«Le nombre de migrants marocains sur les côtes espagnoles est en train de dépasser celui des Subsahariens»

L’hypothèse avancée par The Guardian est également partagée par la radio espagnole Cadena Ser. Dans un article publié mardi 31 octobre, celle-ci évoque les migrants qui tentent d’atteindre l’Europe via le détroit de Gibraltar.

Selon la radio, au cours des dernières semaines, la majorité des migrants traversant illégalement la Méditerranée étaient des «mineurs originaires du nord du Maroc». Une information confirmée par «Caminando Fronteras», une ONG qui vient en aide aux migrants dans la région.

Selon Helena Maleno, porte-parole de l’association, «ce changement pourrait être dû à la crise dans le nord du pays», en référence au Hirak. «Le nombre de migrants marocains sur les côtes espagnoles est en train de dépasser celui des Subsahariens», a-t-elle ajouté, estimant que la situation reste préoccupante.

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