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Grand Angle

Meryem Abourraja : Repousser les limites de l’entreprenariat marocain [Portrait]

A 35 ans, cette Franco-marocaine a surmonté un à un les obstacles de l’auto-entreprenariat au Maroc, après 14 ans passés à arpenter la France pour démarcher les entreprises.

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A 35 ans, Meryem Abourraja a surmonté un à un les obstacles de l’auto-entreprenariat au Maroc. / Ph. Meryem Abourraja
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Revenir au pays pour tenter l’expérience de l’auto-entreprenariat ? Meryem Abourraja, 35 ans, en a fait le pari. Cette Franco-marocaine originaire de Meknès a plié bagage en 2014, fuyant le bourdonnement de la vie parisienne, pour retrouver son Maroc natal avec un objectif bien défini : monter sa boîte. Elle a fondé en 2014 le cabinet Lincoln & Newmann Associate, domicilié à Rabat, spécialisé dans le conseil, la formation et le recrutement.

Bien avant l’expérience de l’auto-entreprenariat, c’est bel et bien en France que Meryem Abourraja part se former en 2001. «Je me suis lancée dans un DUT (diplôme universitaire de technologie, ndlr) en techniques de commercialisation à l’Institut universitaire de technologie (IUT) de Troyes. J’ai ensuite effectué une année spéciale en gestion des entreprises et administrations (GEA) puis je suis partie à Nice, à l’université Sophia Antipolis pour un master en management des entreprises et administrations publiques», énumère-t-elle.

«Je préfère me battre ici pour ma boîte»

En 2008, année lors de laquelle elle obtient la nationalité française, elle quitte les travées de l’université niçoise pour les bureaux parisiens de la société Idexcel, spécialisée dans le marketing opérationnel, en tant qu’ingénieure commerciale. Deux ans plus tard, en mai 2011, elle rejoint l’organisme de formation professionnelle MyConnecting où elle restera jusqu’en mai 2014. C’est à ce moment-là que commence à germer l’idée d’un retour au Maroc. «Ce que je voulais, c’était acquérir de l’expérience. Au début, je me suis dit que je resterais toute ma vie en France ! Et puis après, avec le stress de Paris, les métros, les RER, je me suis dit que j’avais envie de rentrer au Maroc. J’étais dans le commercial, c’est-à-dire tout le temps en déplacement pour aller prospecter les entreprises. En même temps, je visitais la France ! J’aurais tout de même acquis sept années d’expérience là-bas», lance Meryem Abourraja.

C’est ainsi qu’elle retrouve son Maroc natal en juin 2014, convaincue de ce qu’elle peut apporter à son pays : «En France, j’arrivais facilement à vendre les produits des sociétés pour lesquelles je travaillais. Je ramenais du chiffre d’affaires. Ça m’a permis de prendre conscience de mon potentiel. Je me suis dit qu’il n’y avait aucune raison que je n’y arrive pas au Maroc.»

«Aujourd’hui, je ne pourrais pas repartir en France pour travailler. Je préfère me battre ici pour ma boîte.»

«J’ai découvert l’administration marocaine»

Depuis trois ans, elle voit «grandir [son] bébé» - comprendre, sa boîte. Les obstacles, la jeune femme les a surmontés un à un. «La patience est une qualité très importante dans ce milieu. Ce n’est pas simple de se faire connaître auprès des clients. Ici au Maroc, ce qui compte, ce sont les références. Si on n’en a pas, les gens ont du mal à nous faire confiance, ils sont réticents à travailler avec nous, d’autant qu’ils ont déjà leurs habitudes avec d’autres cabinets», observe-t-elle. Cette ingénieure assure n’avoir pas fait de son passeport français un hameçon pour s’attirer les faveurs de clients potentiels : «Je me suis toujours présentée en tant que Marocaine. Je mentionne rarement le fait que je suis Française, seulement lorsque les clients m’interrogent sur mon parcours. Ce n’est pas une carte que j’utilise.»

Française ou pas, les difficultés ont jalonné ses projets entrepreneuriaux. «Ce n’est pas simple de monter sa boîte. Il a fallu faire la paperasse administrative, ce qui m’a permis de découvrir l’administration marocaine», ironise-t-elle. «J’avais également la possibilité de passer par un cabinet comptable mais j’ai préféré tout faire moi-même : les procédures, la rédaction des statuts, l’ouverture des comptes bancaires... Il a fallu ensuite que j’arrive à trouver des sociétés qui me fassent confiance, qui acceptent de travailler avec moi.»

Peu à peu, elle obtient la confiance de plusieurs entreprises, notamment dans le secteur de l’informatique et l’automobile. «J’ai recruté pour le groupe Accent et Saint-Gobain (spécialisé dans la production, la transformation et distribution de matériaux, ndlr). Je travaille toujours avec eux sur la partie recrutement et avec d’autres sociétés installées sur la zone franche de Kenitra sur le volet formation», indique-t-elle.

Pour l’heure, la cheffe d’entreprise envisage d’ouvrir un bureau à Kenitra, ville qui attire de plus en plus d'entreprises étrangères - «d’ici 2018, Inch’Allah» - et un autre à Tanger en 2019. Elle s’est également lancée dans le «team building», cette méthode apparue dans les années 80 pour motiver les troupes à travers des activités ludiques, artistiques, sportives ou culturelles. C’est que la motivation, Meryem Abourraja en a à revendre.

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