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Grand Angle

Limogeage de quatre ministres du gouvernement El Othmani, ce qu'en pensent les politiques de l'opposition

La dernière décision du roi Mohammed VI qui a déchu quatre ministres de leurs fonctions, a fait couler beaucoup d'encre. Si certains responsables politiques estiment que le principe constitutionnel relatif à la liaison entre responsabilité et reddition des comptes a été respecté, pour d'autres, ce n'est guère suffisant. Détails.

Publié
Photo d'illustration./DR
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Après la décision inattendue du roi Mohammed VI de limoger quatre des ministres du gouvernement de Saâdeddine El Othmani pour avoir «manqué à leurs obligations» en raison de la non réalisation des projets de développement «Al Hoceima Manarat Al Moutawassit», que pensent les partis d'opposition comme la Fédération de la Gauche Démocratique, le parti d'Annahj Dimmocrati ou les mouvements tel Al Adl Wal Ihsane (AWI) de cette décision ?

Pour l'Adl Wal Ihsane : il ne s'agit pas de séisme politique

Dans une déclaration à Yabiladi, Mounir Jouri, Secrétaire général de la jeunesse d’AWI affrme que «ces limogeages sont le résultat du Hirak et ne résultent pas d'une quelconque volonté politique d'élimination de la corruption qui sévit dans le pays».

Il affirme même que ces décisions représentent «une reconnaissance de la légitimité des manifestations que la région du Rif a connu, et atteste également de l'innocence des détenus dont la libération est devenue une nécessité si les responsables concernés voulaient réellement ouvrir un dossier sur le Hirak».

«Au delà des attentes et des méthodes qui aboutiront sur un changement politique et un développement pour le meilleur (…), je ne pense pas que cela impactera le citoyen qui demeure le premier à trinquer.»

Toujours selon Jouri, ces catapultages «ne sont qu'une tentative de la part de l'Etat afin de mieux gérer cette cise dans lequel il s'est retrouvé coincé ; et une tentative d'acquittement de certaines parties responsables et concernées. Même le processus de sélection de certains noms spécifiques et la mise à l'écart d'autres, bien qu'ils soient directement ou indirectement impliqués, a rendu l'action futile. Ce qui s'est passé ne peut être qualifié de séisme politique».

Annahj Addimocrati : une tentative d'atténuation de la situation

À son tour, Mustapha Brahma, secrétaire national du parti Annahj Addimocrati, déclare que ces décisions «sont arrivées grâce à la lutte du peuple du Rif et l'ensemble du peuple marocain, même si elles ont été marquées par une utilisation politique».

«Le port d'Al Hoceima est sous la responsabilité du ministre de l'Equipement et des transports appartenant au PJD et du président du RNI, Aziz Akhannouch, qui supervise le secteur de la pêche maritime, or, aucun des deux n'a été déchus de ses fonctions. Autrement dit, il s'agit d'une manoeuvre politique.»

Pour Brahma, ces «décisions demeurent circonstancielles et les problèmes ne sont pas traités à la racine. On ne peut se contenter de la forme, il doit y avoir un véritable changement démocratique conduisant à l'existence d'institutions publiques crédibles fondées sur une constitution démocratique». Et de diagnostiquer la situation avec un air grave : «Le régime vit une vraie crise, et il ne s'agit que d'une simple tentative pour l'atténuer. Le sort du Parti du progrès et du socialisme -qu'il soit dans l'opposition ou au sein du gouvernement- n'y changera rien car c'est un parti révolu.»

Quant à une éventuelle possibilité d'entrée du parti de l'Istiqlal au gouvernement, Brahma affirme que «ce parti, ne peut se permettre de rester absent du gouvernement pour les prochaines années. Mais qui va récupérer l'opposition ? Le PAM ? Depuis quand ce parti est à l'opposition, il n'a pas été crée à cet effet», enchaîne-t-il.

«La rue prendra la place de l'opposition, car personne ne se charge des demandes du peuple, et nous reviendrons à nouveau à l'argument de la rue et le roi. Ainsi, le peuple présentera directement ses demandes au roi, car considéré comme dirigeant de facto du pays.»

Fédération de la gauche démocratique : la situation ne se résume pas aux limogeages

Pour sa part, Mustapha Chennaoui de la fédération de la gauche démocratique (FGD) a confié à Yabiladi que la «position au sein de la fédération est très claire, nous souhaitons une réforme politique et constitutionnelle plutôt que de se contenter de simples mesures». Et d'affirmer que «ces décisions confirment la très mauvaise gestion du dossier Al Hoceima Manarat Al Moutawassit, et exige la mise en liberté des détenus du Hirak, qui ont simplement tenté de faire valoir leurs droits».

Interrogé sur le principe constitutionnel relatif à la liaison entre responsabilité et reddition des comptes, la député déclare que «la responsabilité repose sur les épaules du gouvernement, mais dispose-t-il d'assez de pouvoirs pour effectuer correctement ses fonctions ? Il est certain que les pouvoirs de base demeurent entre les mains du roi».

«La question est plus profonde qu'un simple limogeage de ministre, elle est liée aux pouvoirs que possède le gouvernement. Nous estimons que cette affaire est une simple mesure superficielle et n'apportera aucun profond changement.»

Concernant l'impact de cette décision sur la coalition gouvernementale, Mustapha Chennaoui, estime que «la coalition gouvernementale est un concept hybride dénué de logique et de programme. Au moment, où le roi avait nommé Saâdeddine El Othmani, premier ministre, il disposait d'une quinzaine de jours afin de constituer son gouvernement. Or, il n'est pas entré en discussions avec les chefs de partis politiques sur la base des programmes. En conséquence, la scène politique n'est pas claire», conclut le membre de la fédération gauche démocratique.

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