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Grand Angle  

Diaspo #12 : Nadia Kailouli, journaliste télé en Allemagne par pur hasard

Nadia Kailouli est une présentatrice télé reconnue en Allemagne. Pourtant, l’Allemande d’origine marocaine a aterri dans le milieu par pur hasard. La journaliste se dit très attachée au Maroc, le pays dont sont originaires ses parents. Portrait.

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Nadia Kailouli est une journaliste qui a un parcours qui en ferait rêver plus d'un. / Ph. Nadia Kailouli
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Nadia Kailouli est grande, élancée, dès son arrivée, elle illumine l’endroit avec son charme saisissant. Yabiladi l’a rencontrée, lors du forum des compétences marocaines d’Allemagne à Tanger, le 1er octobre dernier, la jeune femme déborde de modestie alors que son parcours en ferait rêver plus d’un. Indéniablement, la présentatrice télé attire le regard, une fois lancée sur le Maroc, elle ne peut tarir d’éloges sur son pays d’origine, qu’elle regrette de ne pas connaître encore plus.

La femme de 34 ans, de parents marocains, est originaires de Cap de l’eau (Ras el Ma) près de la ville de Berkane (Région de l’Oriental). «Ils sont issus de la première vague d’immigration dans mon petit village en Allemagne. Ils m’ont tout appris. Ils voulaient que je sois la meilleure. Ce n’était pas évident d’être Marocaine quand j’étais plus jeune. Mes professeurs n’étaient pas habitués aux enfants d’immigrés, surtout à Dhünn près de Wermelskirchen (Cologne, ndlr). Ils ne croyaient pas en mon potentiel. Aucun de mes professeurs ne m’a encouragée à persévérer», raconte Nadia Kailouli à Yabiladi.

Du jour au lendemain, elle se présente au casting de «On 3 Südwild» et est retenue. «Je me suis présentée devant un jury de trois journalistes, ils m’ont demandé de faire un speech et de faire un semblant d’interview. Ils ont été bluffés par mon ouverture d’esprit. Je leur ai dit que ça vient de mes origines marocaines. C’était une sorte de télé réalité, et j’ai finit par remporter la compétition», explique Nadia Kailouli. Ainsi commence sur les chapeaux de roue sa carrière de présentatrice télé à «Bayerisches Fernsehen».

Réaliser des documentaires sur des thématiques qui créent la polémique

Depuis, la jeune femme a fait un long chemin en tant que journaliste. Elle a travaillé à ARD One, où elle a présenté un talk show quotidien nommé «Einsweiter», interviewant des personnalités connues en Allemagne. Depuis deux ans, Nadia Kailouli, travaille comme journaliste freelance pour la chaîne ARD et Spielgel Online et réalise des documentaires sur des thématiques qui lui plaisent et attisent sa curiosité.

«Je voulais parler des problèmes de la vie quotidienne. J’ai fait plusieurs documentaires. J’en ai fait un sur le sauvetage des migrants en méditerranée, près de la Libye. On avait passé trois semaines sur un bateau, avec mon cameraman. C’était une expérience difficile, puisque j’y étais en tant que journaliste, mais aussi en tant que bénévole. C’était délicat de rester professionnelle jusqu’au bout.»

Nadia Kailouli, en train d'interviewer un migrant sauvé en méditerraneée. / Ph. NadiaNadia Kailouli, en train d'interviewer un migrant sauvé en méditerraneée. / Ph. Nadia

Nadia Kailouli essaie de toucher à des thématiques qui suscitent la polémique en Allemagne. Elle se lance ainsi dans un documentaire sur la burqa. «J’ai essayé de comprendre pourquoi des femmes choisissent de la porter en Allemagne. C’était compliqué de trouver des femmes qui portent la burqa, puisqu’il y’en a pas beaucoup en Allemagne. Dans le cadre de ce documentaire, j’ai interviewé un imam, ainsi qu’une nonne», se remémore la Maroco-allemande de 34 ans.

Le dernier travail de la native de Wermelskirchen tournait autour des «Marocains qui ont agressé sexuellement des femmes à Cologne lors du nouvel an, en 2015/2016».

«C’était intéressant de montrer quel genre d’hommes nous avons ici à présent, que nous devons pas avoir peur des arrivées massives d’immigrés. Je suis même allée à Casablanca pour rencontrer la famille d’un des Marocains. Ce dernier prétendait être Syrien.»

L’idée de ce documentaire est née du malaise que ressentait Nadia Kailouli après les événements de Cologne. «J’ai vu comment les gens parlaient mal des Marocains. Ça me faisait mal», indique la jeune femme avec une touche d’émotion dans la voix.

Marocaine avant tout

La jeune femme est avant tout Marocaine dans l’âme : «Je suis née en Allemagne, pourtant mon cœur appartient au Maroc. Avec mes parents, on partait une à deux fois par an voir ma famille à Ras el Ma». Parfois, ça me manque de sentir d’où je viens». Nadia Kailouli étaient venue récemment à Tanger, elle a vécu un moment frustrant, puisqu’elle ne parle pas la darija (dialecte marocain). «Je me suis dit, oh mon Dieu, je suis dans le pays de mes parents et je ne peux pas parler aux Marocains», s’exclame-t-elle.

Pourtant, la décision de ses parents de ne pas lui apprendre le dialecte marocain ne la met pas en colère, mais l’attriste seulement.

«Je comprends le choix de mes parents. Mais d’un côté je suis triste qu’ils ne m’aient pas appris plus sur le pays et que je ne parle pas la langue. C’était difficile pour eux, on était les seuls immigrés du village, il n’y en avait pas d’autres. Ils voulaient qu’on soit bien intégrés, ils ne parlaient qu’en allemand avec nous».

La journaliste est passionée par son travail et par les thématiques sur lesquelles elle travaille. / Ph. Nadia KailouliLa journaliste est passionée par son travail et par les thématiques sur lesquelles elle travaille. / Ph. Nadia Kailouli

Si Nadia Kailouli est désormais installée à Hambourg, le Maroc reste très présent à l'esprit. «J’ai vraiment senti que je voulais connaître plus de choses sur le Maroc quand je suis partie à Tanger, ce mois-ci. Ça m’a touchée d’être proche de mon pays, de ma culture. Je pense qu’on oublie jamais d’où l’ont vient. Mon plan est de partir au Maroc pour un an, pour apprendre la darija, pour me rapprocher des Marocains et connaître le pays de mes parents», conclut-elle pleine d’espoir.

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