Menu

Grand Angle

Le développement d'un pays est un difficile marathon, El Othmani désigne une commission [Edito]

«Le chef de gouvernement, Saâdeddine El Othmani, a annoncé, mardi à Rabat, la création prochaine d’une commission comprenant plusieurs départements gouvernementaux afin de donner des avis et formuler des idées au sujet de la révision du modèle de développement adopté par le Maroc.» (Sic)

Publié
Saâdeddine El Othmani et le roi Mohammed VI / Ph. MAP
Temps de lecture: 2'

Une commission pour donner des avis, formuler des idées, pour réviser le modèle de développement. Voilà une décision ahurissante !

Après le problème de l'eau que Saâdeddine El Othmani va résoudre on ne sait comment, voilà que le chef de gouvernement endosse l'habit du haut fonctionnaire en décidant la constitution d'une commission pour un nouveau modèle de développement. Il y a un siècle déjà, George Clémenceau déclarait : «Celui qui veut enterrer un problème, désigne une commission.»

Mais plus grave encore, cette décision constitue une insulte au processus politique au Maroc et va à l'encontre de la démocratisation telle que promue depuis deux décennies. A quoi bon avoir des partis politiques, des programmes politiques, des élections, si ce n'est pour voter pour un projet politique, social, et économique et ainsi choisir un modèle de développement ?

El Othmani, représentant de la volonté populaire - qu'on ait voté pour le PJD ou pas - est en train de liquider les quelques acquis de la constitution de 2011, après les nombreux coups de canifs du quinquennat de Abdelilah Benkirane.

Le retour du vizir

Si ce dernier s'est montré bien incapable d'appliquer un vrai programme décidé par une majorité gouvernementale, préférant jouer le rôle d'exécutant des réformes «FMI-compliant», le premier semble de plus en plus confortable dans son rôle de bon élève sans aucune mèche de cheveux qui dépasse. Depuis sa désignation à la tête du gouvernement, El Othmani a pris le soin de se faire aussi discret qu'un secrétaire d'Etat chargé de la formation professionnelle. Le chef de gouvernement redevenu vizir se réveille après chaque discours royal pour réfléchir après coup ce qu'on attendait qu'il décide et applique bien avant.

Il est évident que notre «modèle de développement» est en panne. Beaucoup en on fait le constat dès 2009-2010. Avant de chercher un nouveau modèle, encore faut-il faire le bon diagnostic. C'est aujourd'hui tout le système politique qui est en panne comme on a pu le voir à Al Hoceima. Défiance des citoyens vis-à-vis du système partisan, faible participation au jeu électoral, faillite intellectuelle de l'élite politique, retour vers une notabilisation de l'élu avec une primauté du clientélisme voire de la corruption...

Comment voulez-vous avec tout ça réfléchir et construire un nouveau modèle de développement ? Pour prendre l'image d'un marathon, il ne sert à rien de changer le plan d'entraînement pour un coureur amateur si ce dernier n'a jamais fait l'effort de s'entraîner. Sur le difficile parcours de développement long de 42 kilomètres, nous n'avons couru que 5 petits kilomètres. Je ne voudrais pas brusquer le coureur El Othmani, mais le prochain ravito est encore loin.

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com