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Grand Angle

Diaspo #11 : Badr Berrada, les dents longues de la finance

A peine sorti des bancs des universités britanniques, ce jeune homme qui n’a pas encore 25 ans fait ses premiers pas dans le monde de la finance et se rêve déjà en entrepreneur à la Silicon Valley. Portrait.

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A peine sorti des bancs des universités britanniques, Badr Berrada fait ses premiers pas dans le monde de la finance et se rêve déjà en trader. / Ph. Badr Berrada
Temps de lecture: 3'

23 ans à peine et déjà les dents longues. Dans le monde trépidant de la finance, Badr Berrada n’est encore qu’un jeune loup. Ce Marocain n’a pourtant peur de rien ; apprivoisé au dédale des chiffres, il «sait» depuis tout petit qu’il endossera un jour le costume d'entrepreneur. Après un baccalauréat obtenu au lycée français Léon l’Africain, il s’envole pour Londres en septembre 2012 où il intègre la Cass Business School, dont il sort diplômé d’un bachelor en finance. Ses résultats lui ouvrent les portes de la prestigieuse London School of Economics and Political Science (LSE), qui talonne entre autres l’Université de Harvard et Oxford.

Entre-temps, Badr Berrada peaufine son expérience au sein de la Société générale et pour la Commodity Index Limited, compagnie spécialisée dans l'investissement et les matières premières, où il fait ses premiers pas en tant qu’assistant trader et «Junior Stock Broker». Pour les profanes, il s’agit de l’agent de change qui enregistre des ordres d’achat et de vente sur les marchés financiers pour des clients.

Partager l’information «partout dans le monde»

En autodidacte, Badr Berrada lance parallèlement son «site d’analyse» dédié à la finance et les technologies. «Les Marocains sont débrouillards. J’ai commencé à monter mon site web tout seul puis, au fur et mesure, j’ai contacté des développeurs qui m’ont aidé à le lancer et le développer», raconte le jeune homme. Pour assurer le volet financement, il y va au culot : «J’ai contacté des gens via Linkedin ou par mail en demandant à les rencontrer pour leur parler de mon projet. Ils ont été séduits.»

Après les attentats de Bruxelles et Paris notamment, Badr Berrada mûrit un autre projet : conjuguer passion et nation. «J’ai voulu redorer le blason des Marocains à l’étranger à travers la création d’une plateforme qui favorise le partage d'analyses et des dernières tendances dans les nouvelles technologies», dit-il. C’est ainsi qu’il fonde, fin mai 2017, BBN Times, là encore un «site d’analyse». Pêle-mêle, on y trouve des articles rédigés par des traders, des banquiers, des ingénieurs, des influenceurs, des activistes et des entrepreneurs. «Chacun a son propre domaine, de la finance à la politique en passant par les technologies, l’entreprenariat et les questions de société. On se focalise sur toutes les régions du monde, notamment dans les pays émergents : l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et le Maghreb», explique le jeune homme ambitieux. Plus encore : «On voudrait utiliser l’intelligence artificielle pour traduire nos articles dans toutes les langues : chinois, arabe, japonais… On veut pratiquer le partage d’information partout dans le monde. On travaille également sur une application mobile qui sera bientôt disponible.»

Investir dans l'intelligence artificielle

Sa cible ? «Les 25-34 ans passionnés de finance et de nouvelles technologies.» Au départ, Badr Berrada mise sur la tranche 18-25 ans, avant que d’autres collaborateurs se greffent à son projet. Le site en compte aujourd’hui une trentaine, et pas des moindres : parmi eux se glissent des anciens de Harvard, le Massachusetts Institute of Technology, l’Université de Cambridge, l’Imperial College London, le King’s College London ou encore la banque d’investissement Goldman Sachs. «Certains avaient plusieurs années d’expérience. Ils ont apporté leur pierre à l’édifice et ont beaucoup amélioré la qualité des articles. Du coup, on s’est tourné vers des lecteurs un peu plus âgés. La plupart des collaborateurs écrivent en moyenne un article par semaine.»

Il nous tarde de lui demander ce qui peut bien le faire vibrer dans le monde merveilleux de la finance. «C’est surtout la finance de marché qui me plaît. Quand j’étais petit, je voulais être trader et entrepreneur. Il y a beaucoup de challenge, de stress, d’interaction avec les marchés financiers. C’est un métier de persévérance, où tout change. On ne peut jamais se reposer sur ses lauriers. Il faut toujours opter pour la bonne stratégie, être au courant des dernières tendances, lire les journaux. C’est ce genre de métier dont j’ai envie ; un boulot dans lequel je me sens à l’aise, avec en même temps des sensations fortes et des challenges permanents.» Jeune mais pas naïf pour autant :

«Je sais qu’il y aura des hauts et des bas, mais l’essentiel, c’est de garder son sang-froid. Les critiques ne me font pas peur.»

Celui qui n’a pas encore le passeport britannique espère également investir dans la recherche. «J’aimerais créer un nouveau modèle avec des personnes passionnées par leur domaine pour m’aider à créer un contenu encore plus innovant. Mais ça, ce sera quand j’aurai plus de moyens.»

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