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Grand Angle

Poulet marocain : Le rapport final de l'audit effectué par les experts de l'UE

La Direction générale de la santé et la sécurité alimentaire de la Commission européenne déplore plusieurs manquements, notamment le non-respect de certaines proscriptions et la gestion des contrôles des élevages de volailles au Maroc. Le rapport a été publié jeudi par l’Economiste en réponse au communiqué de presse de la FISA. Détails.

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La Commission européenne a souligné plusieurs manquements en termes de contrôle des élevages de volailles. / DR
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La décision de l'Union européenne d'exporter ou de refuser le poulet marocain dans ses marchés est au cœur de la polémique après l’article paru dans L’Economiste en début de semaine et le communiqué de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA).

Six mois après un premier audit effectué du 6 au 14 mars, le quotidien a indiqué lundi que l’Union européenne n’avait pas donné au Maroc l’aval pour exporter sa production de poulet vers les Vingt-Sept. Jeudi, répondant à un démenti de la FISA, L’Economiste a publié le rapport final de l’audit effectué par des experts de l’Union européenne.

Dans le document, la Direction générale de la santé et sécurité alimentaire (DGSSA) de la Commission européenne y évalue l’efficacité des contrôles officiels dans la filière volaille en matière de détection de l’influenza aviaire et de la maladie de Newcastle. La première étant une infection virale hautement contagieuse des oiseaux sauvages et captifs alors que la seconde est une maladie due à un virus ayant pour vecteur les arthropodes hématophages.

Des proscriptions non respectées

La province visitée par l’équipe de l’audit qui avait la densité d’élevage la plus importante était celle qui avait le taux d’inspection le plus faible (environ 5%), fait savoir la DGSSA.

Celle-ci souligne ainsi plusieurs manquements. «La réglementation prévoit des normes sanitaires pour le transport de volailles (et des œufs), ainsi que la proscription de cages de transport en bois. (…) Les transports autorisés sont tenus de présenter leur autorisation lors de contrôles officiels. Des listes de moyens de transports autorisés sont conservées au niveau régional, et au niveau central, mais il n’existe pas encore de base de données nationale qui pourrait faciliter de tels contrôles. A l’abattoir visité, les volailles étaient amenées dans des cages en plastiques, lavées et désinfectées sur place». Malgré l’interdiction des cages de transport en bois, «au marché aux volailles, la très grande majorité des cages étaient en bois. Ces marchés, comme les tueries traditionnelles, ne sont pas sous le contrôle de l’ONSSA (Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires, ndlr)».

Plus encore, la Commission européenne s’inquiète de l’absence de registres des transporteurs : «[Ces derniers] ne sont pas tenus de conserver des registres de leurs activités, il n’existe pas de norme en ce qui concerne les documents de transport des volailles, et il n’est pas prévu non plus de consigner dans le registre des élevages le numéro d’autorisation ou l’identité des moyens de transport élevages utilisés.»

Des milliers de cadavres de volailles découverts dans la nature

En outre, la réticence des experts de l’Union européenne de délivrer une autorisation pour l’export du poulet marocain peut s’expliquer par l’absence de contrôle ou de programme particulier de l’ONSSA sur les volailles de bassecour. «Un recensement national agricole est en cours, qui devrait donner une idée plus précise de la localisation et le nombre de ces volailles, actuellement estimé à environ 27 millions de têtes», précise toutefois la Commission européenne.

La gestion des contrôles des élevages est également pointée du doigt : «L’organisation de certains aspects de surveillance dans les élevages limite la portée des contrôles officiels pour vérifier l’application des normes de détection précoce. Le suivi effectué lors de la découverte de milliers de cadavres de volailles dans la nature (incluant l’enquête sur l’origine des volailles, provenant donc vraisemblablement d’élevages commerciaux) laisse planer un doute sur la capacité effective de ces contrôles.»

De plus, la maladie de Newcastle n’étant pas définie d’un point de vue réglementaire, l’autorité compétente se dit dans l’incapacité de certifier l’absence de foyers de contagion : «[Elle] n’est pas en mesure de garantir l’absence de foyers de maladie de Newcastle à cause de l’absence et de définition règlementaire de la maladie, et d’analyses effectives de suspicions de la maladie. Les conditions ne sont donc pas pleinement réunies pour une certification sanitaire des élevages produisant de la viande de volaille pour l’exportation de produits carnés vers l’Union Européenne.»

«Les autorités compétentes sont invitées à fournir, dans un délai de vingt-cinq jours à compter de la réception de ce rapport d’audit, les détails des actions entreprises et planifiées, incluant les délais pour leur réalisation», conclut la Direction générale de la santé et la sécurité alimentaire de la Commission.

Le démenti de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole

Pour rappel, la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) a démenti, jeudi, l'existence d’une décision de l’Union européenne (UE) portant sur le refus des exportations avicoles marocaines vers cet espace.

Contrairement à ce qui a été avancé, le rapport des experts de l’UE «n'a à aucun moment entériné une décision de l'Union Européenne concernant l'exportation de nos produits», souligne la FISA dans un communiqué relayé par l’agence MAP.  

«Si refus il y avait, l'UE n'aurait pas programmé un second round de visites réalisées du 11 au 18 septembre 2017, ni une 3ème mission prévue courant décembre prochain», poursuit la Fédération.

Celle-ci d’expliquer que le rapport d'audit en question a porté sur l'amont de la filière avicole et a concerné les aspects liés à la santé avicole, les laboratoires et la réglementation avicole, explique-t-on.

La FISA reconnaît toutefois que le document a relevé «effectivement certaines remarques axées essentiellement sur la partie avale du secteur connue par la prédominance de l'informel (transport, ryachates)» et a invité l’ONSSA à mener «les actions correctives et d'amélioration destinées à répondre aux recommandations de l'audit».

Une procédure enclenchée par l'ONSSA suite à la demande exprimée par les professionnels du secteur avicole, note le communiqué.

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