Les habitants de Zagora ont répondu à l’appel, lancé sur les réseaux sociaux, par les jeunes de la ville. L’heure du rassemblement a été fixée vers 17h devant les locaux de l’Office nationale de l’électricité et de l’eau potable pour protester contre les coupures récurrentes de l’eau ainsi que sa mauvaise qualité. Incapables de mener à bien les protestations à l’endroit convenu, les manifestants de la ville se sont ainsi orientés en face de la préfecture de la ville.
«Plusieurs quartiers qui n’ont pas accès à l’eau potable pendant plus d'une semaine», nous informe une source sur place avant d’ajouter que «ce problème n’est pas récent». «Il remonte à presque quinze années, ce qui a conduit les habitants de la ville à manifester, plus d'une fois», poursuit notre interlocuteur. Ce dernier précise que «les manifestations d’hier n’étaient pas encadrées par une quelconque formation politique ou associative mais plutôt une pure volonté des habitants, parce qu’ils n’arrivent plus à tenir face à de divers problèmes en rapport avec l’eau». Notre source cite notamment des «coupures fréquentes», et quand l’eau est disponible, «elle est imbuvable à cause de son degré élevé de salinité».
«Juste après la prière d'al-Maghrib, les manifestants se sont rangés pour former une manifestation. Ensuite, les forces de l’ordre sont intervenues pour la disperser, ce qui a engendré une réaction des plus jeunes des manifestants. Ces derniers ont mis des barrières sur la route et ont visé des estafettes par des jets de pierre. Ce qui a entraîné la blessure de trois membres des forces auxiliaires et d’un policier.»
Ces affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants ont conduit à l’arrestation de 21 personnes, majoritairement de mineurs. Parmi ce groupe de personnes arrêtées, ils sont cinq à être renvoyés à la Cour d’appel à Ouarzazate.
Approche sécuritaire et arrestations «aléatoires»
Pour sa part, Ibrahim Rizkou, membre de la section locale de l’Association Marocaine des droits de l’homme (AMDH), nous informe que ce n’est pas la première fois où des habitants à Zagora sont arrêtés pour avoir manifesté contre les coupures d’eau potable. «Il y a 15 jours, les habitants des quartiers les plus touchés ont organisé une manifestation. Sept personnes ont alors été arrêtées», déclare-t-il en notant que ces habitants «sont poursuivis pour incitation et participation à une manifestation non autorisée par les autorités». «Plusieurs familles dans les quartiers de la ville sont en pénurie d’eau, pour de longues périodes. Leurs enfants font même leurs besoins en plein air», ajoute-t-il.
Le membre de l’AMDH-Zagora confirme aussi que «la manifestation n’a pas été organisée par une quelconque formation politique, associative ou autre. C’était sous l’impulsion des activistes sur les réseaux sociaux. Elle a connu une très grande participation de toutes les catégories : femmes, hommes et personnes âgées comme les enfants.
«La manifestation était censée être pacifique. Sauf que les autorités sont passées à la violence. Les forces de l’ordre ont coupé la circulation dans les avenues de la ville pour interdire aux autres habitants de rejoindre les manifestants en face de la préfecture. Ainsi, trois petites manifestations ont émergé, autre que la principale.»
Notre interlocuteur nous informe aussi que les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont duré jusqu’à 01h35 du matin, un peu partout dans la ville. «Nous avons vécu une nuit difficile. Comme si c’était un état d’exception, puisque personne ne pouvait marcher dans les avenues de la ville», commente-t-il.
Les arrestations ont été aléatoires, indique pour sa part Othmane Rizkou, président de l’AMDH-Zagora selon qui «un jeune enfant a été arrêté alors qu’il n’avait rien à avoir avec les événements». Il serait venu à Zagora le soir même après un voyage scolaire, assure le président de l’ONG.
Ce dernier nous rapporte aussi que ce soir, des discussions entre les habitants et les représentants des parties politiques auront lieu. «Ils doivent assumer leur responsabilité», dit-il avant de conclure par nous informer qu’une rencontre avec des représentants de cinq centrales syndicales est également prévue. Objectif : «déterminer comment nous allons réagir après les événements d’hier», conclut-il.