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Grand Angle

Fadela Bennani, quand entrepreneuriat et solidarité vont de pair [Portrait]

Après sept ans passés à Paris, cette Marocaine a décidé de rejoindre son Maroc natal pour y créer sa propre entreprise. Un saut dans l’entrepreneuriat qu'elle a conjugué à des valeurs qui lui sont chères.

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Après sept ans passés à Paris, cette Marocaine a décidé de rejoindre son Maroc natal pour y créer sa propre entreprise. / Ph. Fadela Bennani
Temps de lecture: 3'

A 33 ans, Fadela Bennani a les pieds sur terre et se sent désormais bien dans ses baskets. Et pour cause, cette entrepreneure marocaine est aujourd’hui à la tête de sa propre société… de baskets 100% marocaines et solidaires. L’aventure de l’auto-entrepreneuriat n’a toutefois pas été une mince affaire.

Après avoir obtenu son baccalauréat au lycée Lyautey, cette native de Casablanca s’envole pour Paris - «la suite logique» - mais déchante rapidement. Après sept années passées dans la capitale française, elle décide de prendre ses clics et ses clacs.

Le déclic se produit à sa sortie de l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), lorsqu’elle part pour le Brésil dans le cadre d’un échange universitaire. Après six mois, le mal du pays se fait rapidement sentir. De retour à Paris, son départ de France en 2009 sonne comme une évidence : «C’était évident qu'il fallait que je rentre au Maroc.» 

Collection femme Amaz. / Ph. Fadela BennaniCollection femme Amaz. / Ph. Fadela Bennani

«Emprisonnée dans un schéma»

Originaire de la région de Fès, cette trentenaire en a fait du chemin avant de pouvoir toucher du doigt son rêve. Etrangère au monde de la mode et de la création, Fadela se souvient de ses débuts :

«Il existe deux options lorsqu’on sort d’une école de commerce mais le salariat est en général la plus prisée. J’ai choisi de faire une école de commerce sans réaliser les contraintes qu’impliquait vraiment cette forme d’organisation du travail, alors que j'ai grandi avec des parents qui étaient à leur compte.»

Fraîchement diplômée, Fadela débute sa carrière à Paris en tant que conseillère en stratégie, un poste qu’elle mène de front au sein des plus grands cabinets de conseil : «J’ai commencé chez McKinsey, LE cabinet américain le plus renommé mondialement dans le domaine», raconte la jeune femme. A son retour au Maroc elle poursuit dans cette voie, quoi qu’un peu malgré elle : «J’ai été consultante pendant plusieurs années mais je n'ai jamais vraiment été épanouie ni heureuse.»

Et d'ajouter : «Le salariat ne m'a pas convenu, je n'étais pas assez libre, je n'avais pas assez de périmètre pour prendre des initiatives, je me sentais emprisonnée dans ce schéma.»

Germent alors une idée et un rêve qu'elle nourrit depuis des années déjà : créer son business, un produit qui mêlerait modernité et artisanat, touche contemporaine et authenticité marocaine. Et ce sont les baskets, véritable tendance actuelle, qui trouvent grâce à ses yeux. Le pied pour cette jeune entrepreneure.

Des baskets 100% marocaines et solidaires

Sauf que le projet tarde à voir le jour. Il lui faudra attendre la naissance de sa fille en 2014 pour que Fadela comprenne qu’elle «ne veut plus du salariat». Elle daigne alors sauter le pas et démissionne durant son congé maternité. N’ayant aucun background dans le milieu de la création, l’entrepreneure a conscience qu’elle fait un saut dans l’inconnu. C’est sans compter sur son tempérament et sa persévérance.

En avril 2017, son «bébé» voit le jour : sa marque de baskets Amaz. «Faire du business pour faire du business, ça n’avait pas trop de sens pour moi. Or, j’étais justement en quête de sens. Venir en aide à une cause qui me tenait à cœur, ça fait partie de mes valeurs.» Derrière la marque et le mot «Amaz», qui provient du mot amazigh (berbère, ndlr), se cache toute une histoire.

«Ces baskets s’inscrivent dans un projet solidaire et engagé. Elles concilient plusieurs valeurs auxquelles je tiens particulièrement. Ce sont des baskets marocaines, avec une touche artisanale typiquement marocaine.»

Un produit 100% marocain - «même les lacets sont en sfifa marocaine» -, de la conception à la fabrication en passant par les matériaux, dont chaque vente alimente le programme «Amaz For Education» en partenariat avec l’ONG Education For All. «Pour une paire achetée, je reverse 2 euros à l’ONG. Cette somme correspond aux frais et aux charges quotidiens relatifs au fonctionnement de l’internat pour une fillette du secondaire», explique Fadela.

Car c’est bien pour l’éducation dans le secondaire des filles que cette Casablancaise se bat au quotidien, notamment pour les jeunes filles du Haut Atlas, dans la région du Toubkal près de Marrakech. L’ONG Education For All s’engage à construire des internats pour ces fillettes afin de favoriser leur éducation et enrayer la déscolarisation. «Grâce à ce programme, elles sont encadrées par des ‘house mothers’. Elles sont nourries, logées, blanchies. Des conditions optimales pour continuer l’école», explique Fadela.

La touche artisanale marocaine qui fait la renommée des Amaz. / Ph. Fadela BennaniLa touche artisanale marocaine qui fait la renommée des Amaz. / Ph. Fadela Bennani

Cadette d’une fratrie de deux enfants, fille d’un commerçant et d’une pharmacienne, Fadela adopte très vite la fibre commerciale. Elle n’aurait d’ailleurs jamais pensé que ses fameuses baskets auraient autant de succès ; «elles plaisent beaucoup aux MRE», se réjouit-elle.

«Ce n’était pas ma cible première, je ne m’y attendais pas. Je ne suis pas communautariste mais c'est vrai que les MRE les aiment beaucoup.» Belle satisfaction pour une ancienne Marocaine de l’étranger, d’autant que la demande ne cesse de croître, notamment auprès de la gent masculine qui n’avait pas son modèle jusqu’à présent. Fadela travaille aujourd'hui d’arrache-pied pour la collection homme à venir, avec le soutien inconditionnel de ses parents et son mari.

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