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Claude Guéant aurait du mal à assimiler les vrais problèmes en France

Les affaires de ces étrangers ou néo-français qui ne s’intègrent pas à la société française se sont multipliées ces dernières années. Les médias en ont fait leurs choux gras, et les politiques ont opportunément appuyé sur la plaie pour mieux diviser les Français.

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Polygamie, excision, non respect de la femme, voile intégral, prières dans les rues, piscines non mixte, sont presque devenus des sujets marronniers au journal télévisé. Evidemment les musulmans de France sont les principaux visés. Le but est de distiller l’idée que les musulmans ne sont pas vraiment compatibles avec l’image que l’on se fait de la France.

Aujourd’hui encore, le ministre de l’Intérieur a commenté un cas de refus de nationalité française pour un Algérien marié à une Française et qui ne semblait pas respecter l’égalité homme-femme. Entendre Claude Guéant commenter ce cas peut laisser penser qu’il en existe des milliers ainsi et qu’il y a urgence de faire  «des questions d'identité et d'assimilation des immigrés l'une des priorités de son ministère».

Pourtant dans une dépêche AFP, Patrick Weill, historien de l’immigration et directeur de recherche au CNRS, a tenu à recadrer le débat en précisant quelques statistiques. Ainsi la France refuserait chaque année à une vingtaine d’étrangers la nationalité par mariage. Dans 90% des cas, la décision est justifiée par un «défaut d’assimilation».

En effet, le Code civil précise dans l’article 21-4 que «le gouvernement peut s'opposer, par décret en Conseil d'Etat, à ce qu'une personne étrangère acquiert la nationalité française par déclaration de mariage dans le cas d'indignité ou défaut d'assimilation, ou dans une situation effective de polygamie». Le texte précise que ce défaut d’assimilation «peut consister dans une mauvaise connaissance de la langue française, dans le fait de vivre en marge de la communauté d'accueil et notamment de mener un mode de vie inconciliable avec l'appartenance à la communauté française, dans le fait de répandre des thèses extrémistes, manifestant un rejet des valeurs essentielles de la société française».

Même en prenant le cas extrême où la vingtaine de refus tient au défaut d’assimilation et notamment la partie liée au rejet des valeurs de la société française (c'est-à-dire par les musulmans selon le discours dominant), on a du mal à comprendre l’emballement médiatique sur si peu de cas. Et pour mieux enfoncer le clou, Patrick Weill rappelle qu’il y a eu en 2009, 16 355 étrangers qui ont acquis la nationalité française par mariage. On a donc l’intervention d’un ministre de l’Intérieur, des polémiques qui s’enchainent sur les différents médias, une stigmatisation d’une communauté pour 0,12% de refus.

Claude Guéant devrait peut économiser sa salive pour les vrais problèmes touchant les Français. Il pourrait par exemple se pencher sur le rapport de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES), où l’on apprend que plus de 50 000 enfants en France seraient victimes de pratiques sectaires qui se traduisent par des «maltraitances physiques ou morales».

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