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Grand Angle

RSF fait le bilan de liberté de la presse au Maroc entre 1999 et 2009

A l’occasion du dixième anniversaire (23 juillet 1999-23 juillet 2009) de l’accession de Mohammed VI au trône, Reporters Sans Frontières (RSF) a dressé un bilan de la situation de la liberté de la presse dans le pays. Selon cette organisation non gouvernementale (ONG), « la justice marocaine a distribué 25 années de prison à des journalistes, et 2 millions d’euros d’amende à des médias » durant ces dix années.
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En 2007, RSF rapportait dans son rapport annuel que « les espoirs nés de l’arrivée au pouvoir de Mohammed VI, se sont progressivement évanouis ».  Même situation en 2008 où l’ONG indiquait que « la liberté de la presse semblait avoir perdu le terrain difficilement gagné entre la fin du règne d’Hassan II et le début de celui de Mohammed VI ». L’année dernière, le Maroc occupait le 122ème rang sur 173 pays classés dans le monde en la matière.
 
Malgré l’existence encore de « lignes rouges », force est de constater selon RSF que l’environnement de travail des journalistes marocains a considérablement évolué. Le nombre de titres a explosé depuis dix ans. De même, le processus de libéralisation du secteur de l’audiovisuel entamé depuis 2005, a vu une augmentation des stations de radios et des chaînes de télévision. Seule tache noire à ce niveau, la déception à l’issue de l’attribution –massive annoncée– de licences radios et télévision, en février 2009. Le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle (CSCA) n’a en effet octroyé que 4 nouvelles licences pour des radios thématiques régionales (sur 23 candidatures) et aucune licence télévisuelle.
 
RSF salue l’absence à ce jour, de journaliste emprisonné pour « délit de presse ». En revanche, elle affirme qu’il reste encore « de nombreux détenus d’opinion ». Elle note également la réduction significative (maintenues dans leur principe) des peines de prison pour délit de presse.  L’alinéa 1er de l’article 41 du Code de la presse stipule, qu’il est « punie d’un emprisonnement de 3 à 5 ans et d'une amende de 10 000 à 100 000 dirhams toute offense, envers Sa Majesté le Roi, les princes et princesses Royaux. ». La peine précédente pour atteinte à la dignité du Roi était de 20 ans. Le projet de reforme dont les discussions avaient commencées en 2007 entre le gouvernement et les professionnels de la presse est actuellement au point mort. Pour RSF, une autre reforme du Code de la presse s’impose.
 
Un autre phénomène est mis en évidence par RSF. En remplacement des condamnations à des peines de prison ferme, il y a une augmentation du nombre de procès et des amendes exorbitants à l’encontre des journalistes. Les dernières en date sont celles des procès opposant trois quotidiens (condamnés à payer 1 millions de dirhams chacun) à Mouammar Kadhafi, et celui du mensuel Economie & Entreprises (condamné à verser 5,9 millions de dirhams) à une entreprise de fabrication de meubles.
 
Les conclusions de RSF sont claires : le progrès réalisé est à saluer mais il reste encore du chemin à faire. Une démocratie ne peut se construire sans véritable liberté de la presse. Pour ce faire, RSF prône d’abord une reforme du Code de la presse, une meilleure formation pour les journalistes, une justice indépendante et une culture des droits de l’Homme.
 
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