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Grand Angle

Suisse : Les juifs mieux acceptés que les musulmans ?

Swiss Info, une plateforme suisse d’information, a analysé les données de plusieurs études pour déterminer la place de l’antisémitisme et l’islamophobie dans le pays. Le média a contacté plusieurs associations qui ont livré leurs impressions sur les discriminations à l’égard des musulmans et des juifs de Suisse.

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Discussion entre un juif et une musulmane à la Maison des jeunes et de la culture de Vienne. / Ph. Daniel Shaked
Temps de lecture: 3'

Avec 450 000 fidèles, soit 5,5% de la population, l’islam est la troisième religion de Suisse. Les juifs ne représentent en revanche qu’une minorité, avec 18 000 personnes. La plateforme d’information Swiss Info a consacré un article à la situation des musulmans et des juifs dans le pays sur la base de plusieurs études.

L’étude publiée le mois dernier par la Fondation Bertelsmann, en Allemagne, a révélé que les musulmans de Suisse sont soumis à moins de discriminations que chez d’autres voisins européens tels que l’Autriche ou la Grande-Bretagne. A titre d’exemple, 17% des Suisses ne veulent pas de voisins musulmans, contre 28% en Autriche. En 2014, une étude effectuée par l’institution Gfs.Bern avait toutefois montré que l’hostilité envers les musulmans a tendance à augmenter, alors qu’elle stagne à l’égard des juifs. 

Selon Swiss Info, «les juifs comme les musulmans doivent se battre contre les ressentiments, et les seconds ont la vie un peu plus dure que les premiers en Suisse». Un autre point relevé par la même étude indique qu’il y a plus de Suisses critiques envers l’islam qu’envers les musulmans (38% contre 19%). 

Extrême droite et conflit au Proche-Orient 

Certaines associations contactées par la même source ont fait état de la réalité suisse envers les juifs et les musulmans. Önder Günes, de la Fédération des organisations islamiques de Suisse (FOIS), fait part «d’insultes et de l’incompréhension massives dans les commentaires sur les réseaux sociaux». Les juifs comme les musulmans subissent des actes d’hostilité verbaux ou écrits, précise pour sa part la Commission fédérale contre le racisme (CMR). 

Selon la CMR, les musulmans vivent plus de discriminations que les juifs, notamment sur le marché du travail et le logement. Ces dernières années ont d’ailleurs connu une augmentation des manifestations d’extrême droite contre les musulmans et les juifs. De même, les insultes dans la rue sont parfois légion : «Les auteurs se servent parfois d’arguments islamistes. Surtout sur les réseaux sociaux, on voit de jeunes musulmans qui s’en prennent aux juifs, le plus souvent à propos d’affrontements entre Israéliens et Palestiniens», a déclaré Jonathan Kreutner, de la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI). 

C’est que le conflit au Proche-Orient nourrit l’antisémitisme islamiste, comme le rapporte Qaasim Illi, du Conseil central islamique de Suisse (CCIS) : «La relation tendue entre les musulmans et les juifs ne vient pas d’une question ethnique ou religieuse, comme dans l’antisémitisme européen, mais d’une question politique, et très actuelle.» 

La population musulmane a augmenté depuis les années 60 

Plusieurs raisons pourraient expliquer le fait que les juifs sont mieux acceptés que les musulmans : ils constituent une minorité constante, alors que la population musulmane n’a cessé d’augmenter, passant de 30 000 en 1960 à 450 000 aujourd’hui. D’autre part, la population juive est installée depuis plusieurs générations en Suisse et détient le passeport du pays, contrairement aux musulmans qui sont arrivés beaucoup plus tard, pendant les années 60.

Autre facteur : le traitement médiatique des événements qui ont lieu dans le monde influence grandement la population. «La couverture médiatique de l’islam, pour les quatre cinquièmes, est plutôt négative. Cela laisse des traces dans la population», précise Önder Günes du FOIS. Les juifs sont eux aussi impactés par les événements politiques et militaires en Israël. En 2014, «une véritable vague d’antisémitisme a balayé la Suisse, avec d’innombrables menaces contre les juifs d’ici», rappelle la FSCI.

Dernière précision, l’antisémitisme est latent et l’islamophobie «respectable», déplore Qaasim Illi. «Ceux qui s’en prennent aux juifs peuvent s’attendre rapidement à des conséquences, notamment judiciaires. On ne peut pas en dire autant des attaques contre l’islam.»

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