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Grand Angle  

«Prendre le large» : Sandrine Bonnaire ouvrière du textile à Tanger

Le prochain film de Gaël Morel qui sortira le 8 novembre 2017, raconte l’histoire d’une ouvrière du textile en France qui accepte d’être reclassée à Tanger. Zoom sur un scénario atypique. 

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Farida Ouchani joue une autre ouvrière de l'usine textile
Mouna Fattou joue la logeuse de Edith dont elle deviendra l'amie.

Contraintes par la loi à proposer un reclassement à leurs anciens salariés en cas de délocalisation de leurs usines, certaines entreprises françaises poussent parfois le cynisme jusqu’à proposer aux ouvriers français un reclassement dans le pays d’Europe de l’Est ou du Maghreb qui accueille la nouvelle usine. Gaël Morel a poussé cette idée jusqu’au bout dans «Prendre le large», son dernier film, tourné à Tanger, qui sort en salle, en France, le 8 novembre 2017. Il raconte l’histoire d’Edith - Sandrine Bonnaire - 45 ans, ouvrière dans une usine textile en France. Suite à un plan social, cette veuve profondément isolée doit choisir : le chômage ou un travail dans une usine à Tanger.

«Elle est dans une logique très dépressive et elle est prête à endosser l’inacceptable. Elle pourrait toucher des indemnités de licenciement et quelques années de chômage ce qui serait une solution matérielle bien plus intéressante pour elle, mais elle est prise dans une spirale de chute qui la place irrémédiablement dans une situation d’échec. Accepter d’être reclassé, c’est aller au bout d’une logique d’autodestruction», explique Gaël Morel dans un entretien à MAG. Edith choisit Tanger et l’aventure commence. Le film n’est pas une comédie romantique et il donne à voir toute la rudesse de l’accueil fait à Edith par sa logeuse d’abord, puis par les ouvrières de l’usine qui la voient arriver avec circonspection voire animosité.

Pour écrire le scenario, Gaël Morel s’est fait accompagner par Rachid O, romancier homosexuel marocain, auteur de «l’Enfant ébloui» et d’«Analphabètes», dont il admire le travail depuis des années. Les romans de celui-ci figuraient déjà sur les tables dans son précèdent film «Après lui» avec Catherine Deneuve. Au Maroc, Gaël Morel a également eu recourt, pour la production exécutive, à Ali’n Production, la société de production de Mohammed El Meziane et Nabil Ayouch qui s’occupe du tournage de nombreux films étranger.

Rencontre de deux mondes

«Où est la maintenance ! Il n’y a pas de maintenance ?», s’énerve Edith face à une machine à coudre en panne et au regard excédé d’une autre ouvrière qui aimerait que cette nouvelle venue comprenne un peu plus vite la façon dont les choses fonctionnent. «Elle cherche la cantine », ironise une autre face au désarroi de la Française à la pause déjeuner des ouvrières. Si le principal thème du film est avant tout la rencontre de deux monde et la façon dont cette Française trouve finalement sa place et noue des amitiés sincères, Gaël Morel souligne aussi les conditions de travail des ouvrières du textile au Maroc.

«Partout dans la zone industrielle, on rencontre les mêmes yeux cernés de femmes qui, avant même d’atteindre la trentaine, souffrent de varices, de maux de dos, d’allergies, de surdité, de rhumatismes, de migraines ou de maladies psychiques. Toutes ont des maladies chroniques étroitement liées au climat et aux conditions inadaptées de travail : station debout ou assise prolongée, bruit assourdissant des machines sans casques de protection auditive, sans masque ni gants, humidité étouffante, pollution atmosphérique provoquée, entre autres, par des particules de tissu en suspension, produits désinfectants hautement toxiques et fatigue», racontait en 2013 Gaëlle Gillot, Latifa El Mahdati, Andrea Martinez et Kenza Oubejja dans les études «Ouvrières marocaines : fragments de vie quotidienne et stratégies d’autonomisation», publiées par le Centre Jacques Berque de Rabat.

Film de femmes avant tout, «Prendre le large» donne la lumière à plusieurs actrices marocaines. Lubna Azabal, Bruxelloise d’origine marocaine, a tourné en France, en Belgique et aux Etats Unis. Au Maroc, on l’a connaît déjà pour ses rôles dans Goodbye Morocco et Rock The Kasbah, tous les deux tournés à Tanger. Mouna Fettou, grande actrice du cinéma marocain, joue cette fois la logeuse d’abord revêche d’Edith. Farida Ouchani, Française d’origine marocaine a joué dans beaucoup de films français comme «Nous trois ou rien» ou «New York» dans des seconds rôles. Ici, elle offre sa gueule à une collègue d’Edith chargée de son intégration dans l’usine. Nisrine Erradi, jeune actrice marocaine est, elle, déjà apparue dans plusieurs séries télévisées et longs métrages marocains.

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