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Grand Angle

France : Guéant et l'échec scolaire d'enfants d'immigrés : 22/70 = 2/3 ???

Persister, y compris dans l'erreur, une qualité ministérielle ? Le ministre de l'Intérieur semble réellement croire à sa dernière guéanterie. Il assure que les deux tiers des échecs scolaires sont le fait des enfants d'immigrés. Suivant une logique fallacieuse, il la qualifie même de «rigoureusement exacte». Pire, il ne semble avoir personne dans son entourage pour l'éclairer, et lui expliquer qu'au contraire, les deux tiers des échecs scolaires sont le fait des enfants de Français «de souche». Inquiétant pour un ministre de l'Intérieur.

Publié
Un cadeau à faire à M. Guéant ?
Temps de lecture: 2'

Lundi 31 mai, Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, persiste et signe sa première déclaration sur l'échec scolaire des enfants d'immigrés en France. Dimanche 22 mai dernier, il avait affirmé, sur Europe 1, que «les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés». Après beaucoup d'autres, François Bayrou a critiqué les propos du ministre. «Les chiffres avancés sont grossièrement faux», a déclaré l'ancien ministre de l'Education et leader centriste dans un entretien au Parisien.

Lundi 31 mai, M. Guéant a répondu, se défendant de toute erreur. «Les chiffres que je cite sont rigoureusement exacts, même s'ils ne sont pas plaisants à entendre», réplique-t-il dans une lettre adressée à M.Bayrou, dont l'AFP a eu copie. Les chiffres proviendraient du rapport de l'Insee sur les immigrés en France, selon lequel «les enfants de familles immigrées sortent presque deux fois plus souvent du système éducatif sans qualification». Pour le ministre, «cela revient strictement à ce que j'ai dit, à savoir que parmi les enfants qui sortaient sans qualification de l'appareil scolaire, les deux tiers étaient des enfants de familles immigrées.»

Une démonstration logique ? Au contraire. L'erreur de M.Guéant reste identique, et c'en est inquiétant. La phrase qu'il cite provient du Rapport au Premier ministre pour l'année 2010 du HCI, intitulé «Les défis de l'intégration à l'école», à la page 50 (et non de l'Insee) : «Les enfants de famille immigrée sortent aussi presque deux fois plus souvent du système éducatif sans qualification» Le HCI donne les pourcentages que M. Guéant omet de mentionner, mais qui permettent de mettre en lumière son erreur.

Démonstration : Deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec des enfants de Français «de souche»

6% des enfants de Français «de souche» sont en échec scolaire, tandis que parmi les enfants d'immigrés, ce pourcentage est de 11%. Première question à poser lorsque l'on manipule des pourcentages : sur une population globale de combien de personnes ? Même si les statistiques ethniques sont difficiles à avoir en France, le rapport du HCI donne un ordre de grandeur. «A la rentrée scolaire de 1995, près d'un élève entrant en sixième sur dix appartenait à une famille immigrée et 5% d'entre eux appartiennent à une famille mixte où un seul des parents est immigré.»  Par conséquent, 15% des élèves en sixième avaient au moins un parent immigré en 1995.

Pour une petit calcul, admettons que 20% des enfants scolarisés appartiennent à une famille immigrée, leur nombre ayant probablement augmenté depuis 1995. Dans ce cas, sur 1000 élèves, 200 ont au moins un parent immigré, 800 n'en ont pas. La différence est de taille, et elle explique la suite.

Si l'on suit les statistique du HCI, 6% de ces 800 enfants de Français «de souche», abandonneront l'école sans qualification, soit 48 élèves. Sur les 200 enfants d'immigrés, 11% abandonnent en moyenne l'école, soit 22. Ce cas de figure montre : pour un total de 70 élèves en échec scolaire, sur 1000 élèves toutes origines confondues, plus des deux tiers sont des enfants de Français «de souche».

merci!
Auteur : rédaction
Date : le 02 juin 2011 à 14h59
En espérant qu'une certaine personne, le protagoniste, le remarque et reconnaisse aussi
Rédaction
Auteur : ElChamali
Date : le 02 juin 2011 à 11h35
cette fois l'erreur est claire
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