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Grand Angle

Attaques en Catalogne : Les MRE craignent un regain de tension à leur égard

Après les récents événements survenus en Catalogne, les MRE d’Espagne ont tenu à s’exprimer. Pour certains d’entre eux, le rejet de la part des citoyens est inéluctable. Témoignages.

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Photo d'illustration. / DR
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Une semaine après les attentats en Catalogne qui ont fait 15 morts et plus de 120 blessés, les Marocains installés en Espagne craignent d’être les victimes collatérales de ce drame. En tant que musulmans, il va sans dire qu’ils redoutent, s’attendent, même, à des comportements plus hostiles à leur égard.

«C’est normal que les comportements changent. Lorsque vous êtes traumatisé, il est difficile de faire la part des choses. Après ce qui vient de se passer, les gens ne vont pas faire la différence entre un terroriste et un Arabe, voire même entre un terroriste et un Marocain», s’inquiète Rochdi, qui habite à Soria.

«Certains Marocains vivent en Espagne depuis plus de 20 ans. Ils ont bâti une réputation qui risque de s’écrouler à cause de ce que les terroristes ont fait», s’insurge Zouhir, résidant à Malaga et originaire de Kenitra. «A Barcelone, beaucoup de Marocains travaillent depuis très longtemps comme serveurs dans les cafés. Comment vont-ils faire pour continuer à travailler tranquillement ? C’est vraiment malheureux», insiste-t-il.

D’autres appellent les Marocains d’Europe, notamment d’Espagne, à faire un geste pour démontrer leur attachement aux valeurs de tolérance et de paix et leur refus de toute forme d’extrémisme. C’est le cas de Layla, qui vit à Séville : «J’invite les Marocains résidant en Espagne à montrer aux citoyens et à l’Etat espagnols que nous nous opposons à ces actes terroristes.»

Des prévisions similaires dans d'autres pays européens

La communauté musulmane d’Espagne, marocaine en l’occurrence, n’est pas la seule à redouter des lendemains plus durs. En France et en Belgique, des craintes du même acabit sont exprimées : «On ressent déjà une certaine discrimination sur le marché du travail. Mais après ces attentats commis par des Marocains, les discriminations vont être amplifiées», pressent Ahmad, qui vit à Perpignan.

«Les terroristes n’ont fait qu’ouvrir la porte au rejet, à la discrimination et au racisme», abonde Tahar, Tangérois d’origine installé à Liège. Les signes d’hostilité sont d’ailleurs déjà palpables, selon certains : «Mes deux fils sont partis vendredi dernier. Ils étaient en train de dormir sur un parking à Malaga lorsque des agents de police sont venus et les ont embarqués au commissariat sans aucune raison, excepté peut-être qu’ils sont d’origine marocaine», déplore un père de famille résidant à Liège.

Après les événements meurtriers survenus à Barcelone et Cambrils, c’est peu dire que la concorde sociale risque d’être sévèrement entachée, autant par les autorités que les citoyens. Car certains n’attendent qu’une étincelle pour s’engouffrer dans une brèche déjà bien ouverte.