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Grand Angle

Mondial 2026 : Le Maroc a-t-il une chance d’accueillir la messe footballistique ?

Après l’effet de l’annonce qui a été applaudie au Maroc comme à l’étranger, la candidature du Maroc pour accueillir en 2026 la Coupe du monde a-t-elle une chance face à la candidature commune présentée par les Etats-Unis, le Canada et le Mexique ? Les réponses des analystes sportifs Hassan Moumen et Moncef El Yazghi.

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Photo d'illustration. / DR
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Le Maroc est officiellement candidat pour accueillir le Mondial 2026 de football. La semaine dernière, la Fédération royale marocaine de football a annoncé avoir déposé une demande auprès de la FIFA. «La Fédération royale marocaine de football a officiellement déposé ce vendredi 11 août 2017 une demande pour accueillir la Coupe du monde 2026. La Fédération a déposé le dossier de candidature auprès des comités chargés de ce dossier au sein de la Fédération internationale de football association», indique le communiqué de la FRMF.

«D'autres indicateurs et facteurs qui peuvent jouer en notre faveur», estime Moumen

Mais le Maroc aura face à lui des adversaires de taille, puisque les Etats-Unis, le Canada et le Mexique ont annoncé en avril dernier qu’ils présenteraient une candidature commune. Même s’il s’agit d’une question encore précoce en attendant la présentation du dossier du Maroc, le royaume a-t-il une chance d’accueillir la grand-messe footballistique ? C’est la question que nous avons posée ce mercredi à Hassan Moumen, analyste sportif et ancien entraîneur des Lions de l’Atlas. Pour lui, «l’essentiel, c’est de s’accrocher à ce rêve et garder espoir». «Nous sommes entrés en concurrence avec de grands pays, et nous avons le droit de défendre notre projet, même si les leçons nous ont appris, malheureusement, que certaines des choses qui se déroulent dans les coulisses restent difficiles à contrôler», nous déclare-t-il. C’est d’ailleurs la raison, selon lui, pour laquelle le Maroc a échoué à accueillir la Coupe du monde du football. Hassan Moumen affirme également que la situation du Maroc diffère aussi de sa position il y a quelques années.

«Dans le passé, je ne considère pas que le Maroc ait échoué mais ce fut une expérience que le pays a vécue et qui l’a rendu plus fort. C’est sûr que l’infrastructure a beaucoup évolué, elle reste moins développée que celle en Amérique certes, mais il y a d'autres indicateurs et facteurs qui peuvent jouer en notre faveur.»

L’ancien sélectionneur national ne nous laisse pas sans réponse. Il évoque le soutien de l’Union africaine, et l’éventualité de séduire d’autres pays arabes et même asiatiques. «Si nous travaillons durs, nous pourrons compter aussi sur le soutien de l’Union européenne, vu que l’Europe gagnera aussi de par sa position géographique proche du royaume. Il ne faut pas oublier que les bases de supporters en Europe voisine ont aussi de l’influence», enchaîne-t-il.

Mais Hassan Moumen rappelle que le dossier du Maroc n’est pas encore complet. «Nous ne disposons que de 7 stades qui répondent aux normes et il y a toujours des stades en cours de construction. En plus de cela, il faut accentuer l’effort quant au réseau autoroutier, les hôtels…», poursuit notre interlocuteur. Celui-ci ne manque pas de mettre l’accent sur la nécessité de prévoir aussi des stades destinés aux entraînements. «Le Maroc a beaucoup à gagner s’il parvient à décrocher l’organisation de cette coupe. L’un des grands avantages serait sans doute la mise en place de véritables sociétés de sport professionnel, parce que les associations ne répondent plus aux besoins du pays», explique-t-il. Et l’analyste sportif de conclure : «Le développement du football national viendra avec l'organisation de ce genre de manifestations mondiales».

«La candidature commune a toujours présenté des problèmes», selon El Yazghi

Pour sa part, Moncef El Yazghi, analyste sportif et spécialiste des politiques publiques et des lois du sport, préfère attendre le dossier marocain avant de commenter. «C’est le dossier qui nous révèlera les stades qui accueilleront les matchs et les villes concernées», nous explique-t-il. L’expert met aussi en exergue le fait que la candidature du Maroc a été déposée à la dernière minute. «Cela veut dire que le Maroc a pris tout le temps nécessaire et je pense que si le Maroc veut accueillir cette grand-messe sportive, c’est qu’il considère qu’il a toutes les chances de réussir», nous lance-t-il. Moncef El Yazghi nous explique aussi que le Maroc n’a pas candidaté pour les éditions de 2018 et de 2022. «Le Maroc a donc déposé sa candidature après des calculs politiques, économiques, sportifs et diplomatiques», conclut-il.

Quant aux infrastructures sportives dont dispose le royaume, le spécialiste et chercheur en politiques publiques et des lois du sport rappelle que la présentation de maquettes a toujours été un point de faiblesse pour le dossier marocain. Toutefois, «le Qatar a présenté l’ensemble de ses projets sur des maquettes, ce qui veut dire que le temps où la présentation de projets concrets est déterminante est désormais révolu», poursuit notre interlocuteur. Il préfère évoquer seulement cinq stades avec des normes internationales. Il rappelle cependant qu’avec l’augmentation du nombre des équipes participantes au Mondial de football, le Maroc aurait besoin de 12 villes pour accueillir les 12 groupes. «Cela veut dire donc 12 stades, 12 aéroports…», enchaîne-t-il, rappelant que d’autres pays comme le Brésil et la Russie ont été dans le même cas de figure.

Moncef El Yazghi ne manque pas de pointer du doigt ce qu’il considère comme des faiblesses de la demande présentée conjointement par les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, ce qui ne manquera pas de plaire aux Marocains.

«La candidature commune a toujours présenté des problèmes, notamment d’organisation. Par exemple, pour l’expérience du Japon et de la Corée du Sud en 2002, il y a même eu des débats sur la nomination du Mondial, entre ceux qui voulaient que le nom de la Corée soit présenté en premier et ceux qui n’étaient pas d’accord. Il y a toujours ce genre de problèmes, notamment par rapport au pays qui accueillera l’ouverture ou la clôture. Il ne faut pas oublier non plus que géographiquement parlant, il y aura des problèmes liés aux déplacements des supporters, puisque rien qu’aux Etats-Unis, il faut parfois compter plus de 8 heures pour se déplacer d’une ville à l’autre.»

Le vote et les pays susceptibles de choisir le Maroc sont également abordés dans le décryptage de Moncef El Yazghi. Il rappelle d’abord que toutes les confédérations membres peuvent désormais voter. «Avec 209 voix, chaque pays doit récolter un maximum de votants», indique-t-il avant de souligner qu’en Afrique, «hormis ceux qui ne voteront pas en faveur du Maroc pour des raisons politiques comme l’Algérie, l’Afrique du Sud ou encore la Namibie», les pays-frères soutiendront le royaume. Il cite ensuite les pays arabes et européens puisque «la question n’est finalement pas seulement sportive. Ces pays bénéficieront des investissements liés à la Coupe du monde alors que le Maroc bénéficiera de leur expertise en retour».

Et Moncef El Yazghi de conclure : «Le Maroc a toutes les chances s’il parvient à montrer des points de faiblesse de l'autre candidature».

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