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Grand Angle

Immobilier : A M’diq, des immeubles sortis de terre mais des promesses non tenues

Dans cette petite ville côtière, environ 200 Marocains de l’étranger attendent toujours de pouvoir s’installer dans leur logement le temps d’un été. C’est sans compter les promesses non tenues du promoteur immobilier.

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Dans cette petite ville côtière, environ 200 Marocains de l’étranger attendent toujours de pouvoir s’installer dans leur logement le temps d’un été. / Ph. Wikipédia
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Il est loin le temps des promesses. Quatre ans déjà qu'environ 200 Marocains résidant à l’étranger attendent de pouvoir poser leurs valises estivales dans leur résidence économique à M’diq, ville côtière du nord marocain.

Plusieurs de ces MRE se sont réunis au sein de l’«Association Riad Mdiq - Tranche 4», en référence au projet immobilier conduit par le groupe Alliances Darna dans le cadre du projet «Riad Mdiq». Ce matin, ils ont publié sur Facebook un communiqué dans lequel ils dénoncent des «malfaçons, [la] mauvaise qualité des matériaux et [des] finitions laissant à désirer». Ils pointent aussi du doigt des «retards de livraison, [des] modifications du plan initial et [le] non-respect du cahier des charges».

«Par le présent communiqué, l’Association Riad Mdiq informe les autorités, les associations et l’opinion publique des agissements inadmissibles et inacceptables du groupe immobilier Alliances Darna dans le cadre du projet Riad Mdiq», poursuivent-ils.

«C’est bâclé», lâche Hamidi, Bruxellois d’origine marocaine. «On a fait confiance à Mohamed Alami Lazraq, PDG du groupe Alliances, parce qu’on l’a vu accompagner le roi à l’occasion de plusieurs déplacements sur des projets immobiliers. Pour nous, c’était une marque de confiance, d’autant que le groupe est coté en bourse», reconnaît-il. «Début 2013, Alliances a fait beaucoup de publicité ici à Bruxelles lors du Salon de l’immobilier (SMAP Expo Bruxelles, ndlr). Evidemment, on a été séduit par le projet, la manière dont il a été présenté. C’était le meilleur promoteur de tous ceux qui étaient présents. Beaucoup ont signé une réservation. Certains ont quasiment tout payé comptant ou par crédit, d’autres ont versé un acompte de 140 000 dirhams», se souvient Hamidi. Les appartements devaient être livrés fin 2013, promettait Alliances.

Crédit : Association Riad Mdiq - Tranche 4Crédit : Association Riad Mdiq - Tranche 4

Des appartements pas encore habités mais déjà «inondés»

Quatre ans plus tard, les espoirs sont douchés. Certains MRE, décédés depuis, n’en ont même jamais vu la couleur. «Les futurs propriétaires de la tranche 4 sont confrontés, sans explication, à des reports systématiques des dates de livraison : prévues pour fin 2014, les livraisons ont été reportées pour juillet 2015 pour subir un nouveau report pour fin 2016 et maintenant on annonce un nouveau report pour 2018 ! Il y a même des propriétaires sans livraison de la tranche 1 qui attendent depuis 2011 !», s’indigne l’association dans son communiqué. Au total, la tranche 4 comprend 28 immeubles qui abritent chacun 12 appartements.

D’après Hamidi, Alliances a ouvert deux bureaux à M’diq : «Il y a un bureau commercial qui ne commercialise rien du tout car il n’y à rien à commercialiser, et un bureau dit ‘de recouvrement’, mais c’est simplement histoire de faire acte de présence. Les gens qui y travaillent sont incompétents et pas informés. On leur dit ce qu’il faut dire. Il n’y a aucune information crédible et officielle de la part d’Alliances en dépit de nos nombreuses prises de contact.»

Autre problème : «Les matériaux ne répondent pas au cahier des charges publié par le ministère des Finances. Par exemple, le carrelage est de piètre qualité, vous pouvez facilement le gratter. Le plafonnage est médiocre, les portes sont en carton, elles ne valent rien. L’électricité ne correspond pas aux normes, la peinture est déjà défraichie et écaillée, certains appartements sont inondés à cause d'une mauvaise étanchéité», énumère Hamidi, qui a pu visiter plusieurs appartements. «Nos informations sont vérifiées, photos à l’appui», assure le Bruxellois.

Crédit : Association Riad Mdiq - Tranche 4Crédit : Association Riad Mdiq - Tranche 4

«Alliances impose des prix tellement bas aux différents corps de métier, que pour s’y retrouver dans leurs marges, ils doivent à leur tour grignoter sur la qualité», souligne-t-il. En bref, les sommes qui leur sont allouées ne leur permettent pas d’acheter de bons matériaux.

Yabiladi a tenté à de nombreuses reprises de joindre le groupe Alliances, en vain.

Comble de l’histoire : ces MRE, originaires des Etats-Unis, du Canada, d’Italie, de France, de Belgique, d’Espagne ou encore d’Italie, ne peuvent loger dans leurs propres logements… à un jet de pierre des hôtels qu’ils sont contraints de réserver pendant leurs vacances estivales.

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