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Interview

Le FFD à ceux qui l'accusent de normalisation avec Israël : «"Ahl Dhimma" n’existent plus» [Interview]

Le torchon brûle entre le Groupe d'action national pour le soutien à la Palestine (GANSP) et le Front des forces démocratiques (FFD) de feu Thami El Khyari. Lundi, le groupe dirigé par Khalid Sefiani a tiré à boulets rouges sur le parti de gauche. La pomme de discorde n’est autre que la présence de personnalités «connues pour leur soutien à Israël» au congrès du FFD. El Mustapha Benali, secrétaire général du parti politique, revient avec Yabiladi sur le communiqué du GANSP.

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El Mustapha Benali, secrétaire général du Front des forces démocratiques. / Ph. Frontdesforcesdemocratiques.org
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Une «étape dangereuse de la normalisation avec Israël». C’est avec ces mots que le Groupe d'action national pour le soutien à la Palestine a qualifié le tout dernier congrès national du Front des forces démocratiques (FFD), parti politique fondé en 1997 par Thami El Khyari, suite une scission avec le Parti du progrès et du socialisme (PPS). Lundi, un communiqué de presse du Groupe d’action, chapeauté par Khalid Sefiani, est revenu sur la participation de deux personnalités que ce regroupement qualifie de personnes «connues pour leur soutien à Israël» au congrès du FFD. Il s’agit, selon le communiqué, de la poète Bouchraïl Echchaoui et du cinéaste israélien Simon Skira. Les amis de Khalid Sefiani ont appelé à «l’expulsion de ce dernier et de tous ceux qui appellent à la normalisation avec l’Etat sioniste des rangs du parti» de feu Thami El Khyari.

Pour avoir sa version des faits, Yabiladi a contacté ce mercredi El Mustapha Benali, secrétaire général du FFD.

Vous avez pris connaissance du communiqué de presse du Groupe d'action national pour le soutien à la Palestine. Que répondez-vous à l’accusation de normaliser avec Israël dont vous accuse le GANPSP ?

Le communiqué parle de deux membres du parti, qui remplissent toutes les conditions juridiques et légales pour l’adhésion, conformément à la Constitution et à la loi organique relative aux partis politiques.

Les données contenues dans le communiqué ne sont pas, malheureusement, de nature politique. Elles ont l’air de provenir des services de renseignement, et nous ne sommes pas autorisés à obtenir ou faire appel à des informations de ces services. Ce sont donc des membres du parti et la loi leur garantit l'adhésion comme tous les autres membres. Quant à la cause palestinienne, la position du parti est claire et nous continuons à dénoncer et exposer toutes les violations qui peuvent être exercées contre le peuple palestinien et ses droits légitimes, conformément au droit international et aux droits humains.

Comment avez-vous pris l’appel du groupe d’action qui met en garde contre une «étape dangereuse de la normalisation» ?

Ils n’ont pas le droit de nous interpeller. Notre réponse se fera par le biais d’un communiqué officiel ce soir ou demain, en fonction des organes du parti. Je réponds conformément aux prérogatives que m’ont délégué les membres du parti. Nous trouverons une formule pour répondre à Khalid Sefiani et aux autres. Nous sommes un parti responsable et gérons toutes les questions de manière responsable.

Donc vous niez toute normalisation avec l’Etat sioniste…

Sommes-nous la seule formation politique qui dispose de militants marocains de confession juive ? Nous considérons que le réactionnisme est l’autre face du sionisme. Ce que le sionisme et la franc-maçonnerie n’ont pas réussi à faire au Maroc, le réactionnisme s’en est chargé et l’histoire du Maroc après l’indépendance le prouve.

Les deux personnes évoquées par le communiqué de presse sont de nationalité marocaine. La loi organique relative aux partis politiques et la Constitution les considèrent comme tels. Les rédacteurs du communiqué ne savent-ils pas que «Ahl Dhimma» (terme historique du droit musulman qui désigne un citoyen non musulman d'un Etat musulman, ndlr) n’existent plus ?  

Nous gérons les adhésions conformément aux lois en vigueur et veillons à éliminer les discours de discrimination, d’incitation, de racisme et de haine dans ce pays.

Nous avons déjà eu une expérience similaire lorsque nous avons commencé à défendre la question amazighe. Nous avons été victimes d’une campagne et avons été accusés de porter atteinte à l’unité nationale. Aujourd’hui, tout le monde adopte la question amazighe. Ce sujet ressemble beaucoup à la question amazighe.

Au sein de notre formation politique, tous les membres sont conscients que lorsque nous abordons des sujets de ce genre, nous serons attaqués de manière virulente.

Cela veut-il dire que vous continuez à attirer des Marocains de confession juive vers votre parti, même ceux habitant dans l’Etat hébreu ?

Après la fin de notre congrès, nous avons organisé une conférence de presse durant laquelle nous avons parlé de l'importance de la participation des Marocains juifs dans la vie politique. Cela n’a rien à voir avec la Palestine ou la normalisation. C’est un droit évoqué par la nouvelle Constitution. Je ne m’attends pas à ce que les gens sortent des communiqués mais plutôt des propos racistes incriminés en vertu de la loi et de la Constitution.

Quand à ce qui a été dit par le communiqué à l’égard de Bouchraïl Echchaoui, je réponds en affirmant que les Palestiniens eux-mêmes reçoivent l’aide d’Israël. Comment veut-on résoudre le conflit israélo-palestinien si ce n’est avec le dialogue ?

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