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Grand Angle

Hirak : De nouveaux détenus en garde à vue depuis ce week-end

Les marches de samedi et dimanche qui se sont tenues dans le Rif ont de nouveau suscité l’indignation des Rifains. Et pour cause, des arrestations ont eu lieu en plus des affrontements avec les forces de l’ordre.

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Image d'illustration. / Ph. DR
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Samedi et dimanche dernier, des marches censées être pacifiques se sont tenues dans les provinces d’Al Hoceima et de Nador, plus précisément à Imzouren et Laâroui. Ces manifestations se sont finalement transformées en affrontements avec les forces de l’ordre jusque tard dans la nuit, faisant plusieurs blessés dans les deux camps à Laâroui.

Ce qui inquiète plus particulièrement la population, c’est la multiplication des arrestations et le nombre grandissant des détenus du mouvement contestataire du Rif. En effet, ce week-end, entre une quarantaine et 70 personnes auraient été arrêtées lors des manifestations de Laâroui et Imzouren, dont un militant de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH).

Les posts Facebook peuvent conduire à la prison

Parmi les détenus du Hirak en garde à vue depuis ce week-end, «la plupart le sont pour avoir posté des messages sur Facebook», explique l’avocat Rachid Belali, membre du comité de défense des détenus du Hirak. «En tout, 26 personnes pour la province d’Al Hoceima, soit Al Hoceima, Imzouren et Bni Bouayech, sont en garde à vue. Quelques unes ont été arrêtées dimanche et d'autres lundi», dit-il. «Les mis en cause ont été arrêtés pour incitation à participer au mouvement contestataire et aux manifestations non autorisées.»

Pour la province de Nador, «15 autres personnes ont été arrêtées à Laâroui et passent aujourd’hui devant le procureur du roi de Nador», ajoute l’avocat. C’est à cette occasion qu’a été organisé cet après-midi devant le tribunal de Nador un sit-in en solidarité avec les détenus. L’évènement a cependant mal fini : le quotidien électronique Nador City rapporte qu’«à l’issue de la manifestation, 2 personnes ont été arrêtées».

La prison d’Al Hoceima surpeuplée

Des détenus qui s’ajoutent à ceux déjà en prison. Des places dans la prison locale d’Al Hoceima commencent d’ailleurs à manquer. C’est ce qu’a pointé notamment Abdessadak Elbouchattaoui, avocat membre du comité de défense des détenus du Hirak à Al Hoceima, à Alyaoum 24. En effet, dans un entretien accordé au quotidien arabophone, il explique que «la prison abrite 200 détenus du Hirak en plus des autres prisonniers».

Il précise notamment que «70 personnes ont été arrêtées dimanche dernier lors de la marche pacifique qu’a connue la ville d’Imzouren et transférées à la prison locale d’Al Hoceima». Et l’avocat de conclure : «Depuis la mort d’Imad El Attabi, la répression et les arrestations sont systématiques et grandissantes.»

Des répressions mises en avant par l’avocat dans un post Facebook rendant compte de l’état de santé critique d’un homme. «Abdelhafid Al Haddad, habitant du quartier Sidi Mansour, marié, père de trois enfants et chauffeur de taxi, est dans le coma au service réanimation de l’hôpital Mohammed V d’Al Hoceima après avoir été aspergé de gaz lacrymogène dans la nuit de mercredi 9/8/2017», relate Abdessadak Elbouchattaoui.

Une approche sécuritaire efficace ?

A son tour, Nabil El Andaloussi, parlementaire PJD à Al Hoceima, a publié un post Facebook le 13 août, posant plusieurs questions relatives à la crise que traverse le nord du Maroc depuis plusieurs mois : «N’êtes-vous pas encore convaincus que cette approche sécuritaire n’est pas la solution à cette crise et que vous continuez à rendre les choses plus difficiles ? (...) Comptez-vous encore sur le recours à la répression, aux arrestations et à la terreur ? (...) Ne pensez-vous pas à l’image du Maroc en termes de droits de l’homme ? (...) Qui veut que le pays revienne aux années de plomb et de répression ? (...) Qui peut m’expliquer ce qui se passe à Al Hoceima, Laâroui et Imzouren ?»

Les Rifains ne comptent pas s’arrêter : ils prévoient une grande marche le 27 août prochain pour faire entendre leurs voix à Al Hoceima, berceau du mouvement contestataire.

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