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Grand Angle

Mauritanie : Ould Abdel Aziz a «réussi» son projet de révision constitutionnelle

Mohamed Ould Abdel Aziz a désormais la constitution qu’il souhaite. Ni le rejet du Sénat ni le refus de l'opposition ne l’ont dissuadé de mener à terme son projet de révision de la loi fondamentale. Le président peut entamer avec optimiste la seconde phase de son maintien au pouvoir, aussi longtemps que possible.

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Le président Mohamed Ould Abdelaziz, lors d’un meeting le 20 juillet 2017. / Ph. STR - AFP
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Mohamed Ould Abdel Aziz a «réussi» son pari d’organiser un référendum sur une révision constitutionnelle portant notamment sur la suppression du Sénat, la création de conseils régionaux, l’ajout de deux bandes rouges au drapeau, la modification de l’hymne national, la suppression enfin de la Haute Cour de justice, du Haut conseil islamique et du Médiateur de la République.

Sans même attendre le dépouillement des voix, le président a célébré hier soir sa «victoire» par un somptueux dîner offert à ses partisans.

Les grands partis de l’opposition réunis au sein du «Forum national pour l’unité et la démocratie» ont appelé les électeurs mauritaniens à boycotter la consultation. Ce matin, le «Forum» a lui aussi crié victoire. L’instance a salué, dans un communiqué, l’adhésion massive des électeurs mauritaniens à son appel de bouder les urnes, soulignant le caractère «anticonstitutionnel» du référendum. En principe, les résultats seront annoncés au plus tard ce soir. 

Quelles conséquences pour le Maroc ?

En passant outre le rejet du Sénat à son projet de révision constitutionnelle, Mohamed Ould Abdel Aziz impose ainsi son agenda à l’ensemble de la classe politique. L’homme fort à Nouakchott a désormais les coudées franches pour se maintenir encore longtemps au pouvoir au-delà de l’échéance de 2019.

Malgré ses dénégations répétées, le troisième mandat est plus que jamais à portée de main du président. L’opposition, divisée entre différentes tendances (islamistes, raciales et panarabistes), ne peut tenir tête aux projets du président.

Seule l’armée possède désormais les moyens de mener le changement. En Mauritanie, les coups d’Etat sont fréquents. Ould Abdel Aziz avait en effet pris les commandes du pays en août 2008 grâce à un putsch contre Ould Cheikh Abdallahi, le deuxième président civil depuis l’indépendance en novembre 1960. 

Cette révision constitutionnelle et les incidents qui ont émaillé la campagne référendaire ne vont pas contribuer à la stabilité du pays, menacée par les groupes terroristes. Le Maroc est hautement concerné par ce qui se passe en Mauritanie. Rabat poursuit sa politique de main tendue en direction de Nouakchott. En témoigne la nomination récente de Hamid Chabar, nouvel ambassadeur dans ce pays.

Même si les relations sont plutôt froides entre les deux pays voisins, la menace terroriste devrait les rapprocher. La France, marraine du G5 du Sahel, compte sur le royaume pour que ce dernier joue un rôle actif dans la pacification du Sahel. Mohamed Ould Abdel Aziz ne pourra ignorer longtemps ce facteur.

Cet après-midi, l’agence mauritanienne a annoncé les résultats partiels dans plusieurs wilayas. Le «oui» l’emporte largement sur le «non».

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