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Grand Angle

Rapatriés de Libye : Difficile réinsertion [Magazine]

Ils ont regagné la mère patrie, mais la plupart des Marocains rapatriés de Libye ne parviennent pas à retrouver une place et un travail au Maroc. Le ministère des MRE leur apporte une assistance mais n’a pas pour vocation à leur trouver des emplois.

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«Depuis mon retour, je ne fais rien. Je n’ai pas de travail». Aït Hassan fait partie des près de 14 000 Marocains rapatriés de Libye. Il a regagné son Safi natal avec sa femme et ses deux filles. Ce décorateur a passé deux ans en Libye avant que le pays ne plonge dans la violence, l’obligeant à tout laisser et à revenir au bercail, à l’instar de Mohammed Tafrout, également décorateur, à Tripoli. Agé de 26 ans, cet ouvrier a regagné Agadir. Il essaie, aujourd’hui, de joindre les deux bouts «si un travail se présente de temps en temps».

Sit-in à Oujda

Ces deux cas illustrent la situation de la grande majorité des Marocains rapatriés de Libye. Ils ont échappé à la violence mais pas à la précarité. Ils ne parviennent pas à se réinsérer dans la société marocaine. «Dans l’immédiat, je ne pense pas retourner en Libye, mais dès que la situation s’améliore, j’y retourne. Si j’ai l’occasion de partir ailleurs, je le ferai», assure Mohammed Tafrout. Il n’a encore reçu aucune aide des institutions publiques marocaines.

Regroupés au sein de la Coordination nationale de soutien des Marocains de Libye, certains de ces rapatriés ont déjà haussé le ton pour se faire entendre par les autorités. Ils ont réalisé, à partir du lundi 18 avril, un sit-in de plusieurs jours devant le siège de la wilaya d’Oujda et de la province d’Angad pour rappeler la situation précaire dans laquelle ils vivent depuis leur retour, début mars, et réclamer de l’aide.

Pas de travail mais de l’aide

Au ministère des MRE, le sort de ces Marocains ne laisse pas indifférent, mais «ce n’est pas au ministère chargé de la Communauté MRE de leur trouver du travail», indique Jaafar Debbarh, directeur du pôle Action sociale et éducative du ministère. Il ajoute que cette tâche est, en outre, compliquée par le fait que «90% de ces rapatriés sont, des artisans et des ouvriers. Le reste est constitué de ménagères et d’étudiants.» Plusieurs initiatives sont, toutefois, menées pour faciliter la réinsertion sociale de ces anciens expatriés. Le ministère a facilité l’obtention de crédits bancaires à dix d’entre eux, pour le remboursement de dettes ou encore de microcrédits à ceux qui désirent de monter une petite entreprise. Parallèlement, le département de M. Ameur, en partenariat avec Al Omrane, permet à tout rapatrié de bénéficier, à partir d’une avance de 50 000 DH, des logements sociaux à 250 000 DH.

Aujourd’hui, les difficultés engendrées par le retour des MRE de Libye ne se limitent pas à leur seule personne. Comme le souligne l’économiste Najib Akesbi, «si un quart seulement de cette population revient au Maroc, cela poserait un sérieux problème à des milliers de familles vivant ici grâce aux transferts d’argent venus de Libye.»

Cet article a été précédemment publié dans Yabiladi Mag numéro 7 (mai 2011)

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