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Grand Angle

Droits de l’homme : Les «frustrations» et les «déceptions» pointées du doigt par l’AMDH

L’Association marocaine des droits de l’homme a organisé ce mardi à Rabat une conférence de presse pour présenter son rapport annuel 2016. Elle dresse une image sombre de la situation des droits de l’homme au Maroc. Grandes lignes.

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Ahmed El Hayej, président de l'Association marocaine des droits de l'homme et le bureau exécutif de l'AMDH, mardi 1er août à Rabat. / Ph. Alyaoum 24
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L’année 2016 a été marquée par «beaucoup de frustrations et de déceptions». C’est par ces mots que débute le rapport annuel de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), présenté ce mardi lors d’une conférence de presse à Rabat. Un bilan mitigé, marqué également par «un grand et remarquable recul sur le front des droits de l’homme et des acquis».

Le document, parvenu à Yabiladi, est divisé en trois grands axes. Le premier, consacré aux droits civils et politiques, n’évoque cependant pas le Hirak du Rif né en octobre 2016. Le deuxième concerne les droits économiques, sociaux et culturels, tandis que le troisième se focalise sur les droits des femmes, des enfants et des migrants.

Torture, atteintes aux droits à la vie et à la liberté d’expression

L’ONG évoque d’abord le droit à la vie, annonçant 158 décès chez les détenus des prisons marocaines. Elle rapporte aussi deux cas de décès dans des commissariats de police et deux autres suite à l’usage d’une arme de service. Le document aborde ensuite les arrestations politiques.

«Le rapport note la poursuite des procès politiques relatifs au droit à la liberté d'expression et à celui de manifester pacifiquement. Des poursuites qui se basent [notamment] sur la soi-disant atteinte aux sacralités (…) et la fabrication de scénarios et d’accusations déjà prêtes.»

L’AMDH annonce également un autre chiffre : 124, soit le nombre d’arrestations de détenus politiques, de personnes emprisonnées pour leurs opinions ou ayant manifesté pacifiquement. Juste après, l’ONG aborde la torture et les mauvais traitements qui subsistent au Maroc. Elle indique avoir recensé plus de 50 allégations de torture chez des détenus. L’association énumère huit types d'allégations évoquées par les victimes, dont «les interventions violentes des forces publiques», «la répression verbale et physique» et «les nombreuses pratiques humiliantes et dégradantes à l’encontre de la dignité humaine».

Le document passe ensuite aux libertés, déplorant la poursuite des refus, par les autorités marocaines, d’accuser réception ou d'accorder des récépissés suite aux dépôts de dossiers de certaines associations.

Liberté de culte, droits fondamentaux et droits des migrants

La même source s’attarde ensuite sur la situation «déplorable» des militantes et militants des droits de l’homme, «victimes de violations et d’abus». L’association cite à cet égard 57 cas «d'attaques, d'arrestations et de procès contre les défenseurs des droits de l'homme, notamment dans les rangs des représentants des médias, des étudiants et des syndicalistes».

L’occasion de parler aussi de la situation de la liberté de la presse au Maroc qui, selon l’AMDH, connaît un recul sans précédent. Le rapport fait état de «restrictions de l’Etat sur les journalistes et de poursuites judiciaires à leur égard». Des restrictions qui touchent aussi bien les représentants des médias nationaux que les correspondants des médias internationaux au Maroc.

L’ONG ne manque pas d'aborder une autre liberté : celle relative au culte

«La politique religieuse de l’Etat n’a qu’un seul objectif : normaliser l’idéologie et la doctrine uniques (l'islam sunnite et le courant malikite). Une politique généralisée grâce aux médias, aux programmes scolaires et espaces éducatifs et culturels.»

Quant aux libertés individuelles, elles ne sont pas épargnées ; l’association présidée par Ahmed El Hayej parle d’«attaques flagrantes et répétées».

Le document pointe du doigt également les entraves aux droits économiques et culturels et au droit à la santé. Il cite le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) quand il fustige le droit à l’éduction, lui aussi en proie à un recul «tragique» et à une situation «déplorable qui ne cesse de se détériorer».

Après les droits des femmes, des enfants et des personnes à besoins spécifiques, le rapport conclut notamment avec les droits des migrants. A cette occasion, l’AMDH appelle l’Etat marocain à «mettre fin aux violations touchant les migrants» à travers la mise en œuvre des recommandations des Nations unies émises en 2013. Elle invite le royaume à inciter l’Union européenne à annuler les lois qui portent atteinte à la dignité des migrants et entravent leurs droits.

La dernière partie du rapport est réservée au droit à un environnement sain. A cet égard, l’AMDH persiste et signe : «L’une des causes principales de la crise environnementale au Maroc a un caractère institutionnel, directement lié à la non application des politiques publiques et des programmes au niveau national et régional.»

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