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Interview  

Pays-Bas : Ethnikman, un producteur de musique qui promeut les ondes traditionnelles marocaines

Ethnikman, alias Yassine Arrahil est un producteur de musique marocain et DJ résidant aux Pays-Bas. Sa musique est un mélange vif de sonorités électroniques et de vibrations marocaines. Son amour pour la musique locale et l'ingénierie sonore l'ont poussé vers l’aventure, voyageant entre les Pays-Bas et Marrakech. Interview.

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Ethnikman, alias Yassine Arrahil aux Pays-Bas. / Ph. Yassine Arrahil
Temps de lecture: 3'

Donner à la musique marocaine une chance de faire partie de la scène musicale internationale, c’est l’objectif de Yassine Arrahil, un DJ marocain, producteur de musique et ingénieur du son surnommé Ethnikman. En effet, Yassine est fasciné par la musique ethnique marocaine, la culture, les vibrations et les instruments uniques du royaume. Il a traduit cette fascination sur une piste intitulée «Ahwach» publiée sur sa page Facebook le 27 juillet dernier. Né aux Pays-Bas, Ethnikman a surmonté plusieurs obstacles pour accomplir son rêve et pénétrer l'univers de la musique.

Comment tout a commencé pour vous ?

Je suis né à Rotterdam, aux Pays-Bas, et j'y ai passé la moitié de mon enfance. Jusqu'à ce que je déménage avec mes parents à l'âge de 8 ans à Marrakech. C'est là que j'ai découvert beaucoup d'instruments et j'ai été initié à la culture. J'ai vraiment été fasciné par les gens, la langue et la musique. J'ai ensuite aidé à produire le premier album de Fnaïre. On me surnommait à l’époque «Smiley». En grandissant à Dawdiat à Marrakech, je faisais de la musique Hip Hop, c'était surtout vers 1998 et début des années 2000. J'ai grandi en faisant de la musique avec des DJ comme DJ Van, un bon ami à moi et d'autres musiciens talentueux qui n’en ont pas fait un business.

Je mélange précisément la musique électronique avec nos instruments traditionnels tels que le bendir, la taarija et ainsi de suite. Cependant, en 2005, j'ai décidé de retourner aux Pays-Bas parce que c'était très compliqué pour moi au Maroc et je n’arrivais pas à trouver ma voie. Une fois aux Pays-Bas, j'ai étudié l'ingénierie du son, ce qui m’a appris à mélanger et à maîtriser tous les moyens techniques de la production musicale.

Etait-ce la seule raison de votre retour aux Pays-Bas ?

Eh bien, c'était un peu les deux parce que je voulais être dans un endroit où je peux avoir de multiples opportunités. Le Maroc, malheureusement, ne m'a pas donné ça et ce fut un moment difficile pour moi d'essayer de suivre mes rêves. Je suis reparti aux Pays-Bas aussi pour me développer. Maintenant, je suis ingénieur en assistance technique, je viens de finaliser mon premier album et j'en ai un autre en route. J'essaie également de devenir un ingénieur du son à temps plein, un producteur de musique électronique et plus tard un DJ.

Quelle est la singularité de votre musique ?

Ce qui rend ma musique unique, c'est que je veux apporter la touche marocaine dans la piste de danse et la scène musicale dans le monde entier. Je suis un peu fatigué lorsque je suis invité à des clubs ou de grands événements ici aux Pays-Bas ; j'entends toujours les mêmes accords. Je pensais que je devais présenter notre musique parce qu'il y avait une sorte de tonalité spirituelle et colorée. Maintenant, j'ai terminé ma chanson Ahwach qui a été lancée le 27 juillet. C'est mon premier album [éponyme] commercial et il est vendu uniquement en ligne pour le moment.

Yassine Arrahil au studio. / Ph. Yassine ArrahilYassine Arrahil au studio. / Ph. Yassine Arrahil

Pensez-vous que les choses auraient été différentes si vous étiez restés au Maroc ?

Le problèmeau Maroc, c'est que je n'ai pas pu avoir les bons équipements pour vraiment mélanger mes sonorités parce que les haut-parleurs coûtent très cher. Avec mon travail ici, j'ai pu acheter des équipements de haute technologie qui m'ont aidé à écouter les sons d'une meilleur façon. Donc, peut-être, je dirais oui, j’aurai pu aussi y arriver au Maroc, mais pas aussi vite, pas avec la même qualité et pas avec les mêmes études qu'ici aux Pays-Bas.

Vous avez eu un voyage intéressant en allant des Pays-Bas vers Marrakech, puis vers la ville où vous êtes né. Où vous-êtes vous senti étranger, au Maroc ou aux Pays-Bas ?

Un fait amusant, à Rotterdam, j'ai toujours été vu comme le Marocain, parce que c'est exactement comme ça, c'est la culture. D'autre part, je suis né aux Pays-Bas et je suis toujours considéré comme l'enfant européen au Maroc. Je pense comme un Européen, comme les petits détails que les gens trouvent différents dans mes manières et la façon dont j'interagis avec d'autres personnes. J'avais 8 ans quand j’ai déménagé à Marrakech et 24 ans lorsque je suis retourné à Rotterdam. Dans l'ensemble, j'ai essayé de tirer le meilleur parti des deux cultures en faisant une meilleure version de moi-même.

Pensez-vous que l'industrie de la musique s'est améliorée par rapport à 1999 ?

Certainement oui, les choses ont changé récemment, je vois beaucoup de festivals tels que Timitar à Agadir et Gnawa à Essaouira. Je suis allé à la deuxième édition, il n'y avait littéralement personne ; maintenant, nous voyons beaucoup de fusions d’artistes internationaux sur scène avec des chanteurs et musiciens locaux. Je me sens un peu triste, car lorsque j'essayais de m'impliquer dans l'industrie au Maroc, cela n'existait pas. Maintenant, quand je vois mes amis, DJ Van, Fnaïre, ils sont vraiment bien.

Quels sont vos projets futurs ?

Travailler sur les bandes sonores originales pour un prochain film du réalisateur Yassine El Idrissi, nous nous sommes rencontrés peu de temps après la sortie de son film «Studies in Amsterdal». Je me dirige aussi vers la production.
Je travaille également sur deux albums différents en parallèle, qui introduiront deux différents styles de sonorités folkloriques marocaines dans un genre ethnique, je suis impatient de concrétiser les projets de remix avec des artistes tels que Karima el Fillali, Rebel Moon et Oum.

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