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Grand Angle

Tanger : Examens sous haute tension à l’université Abdelmalek Essaâdi, les étudiants excédés

Le campus tangérois de l’université Abdelmalek Essaâdi connaîtrait depuis quelques semaines des problèmes relatifs à la correction des copies et à l’organisation des rattrapages, entre autres. Deux étudiantes pointent du doigt le comportement de certains professeurs. Détails.

Publié
Photo d'illustration. / DR
Temps de lecture: 3'

Rattrapages mal organisés, copies non corrigées, notes arbitraires, chantage… Que se passe-t-il donc à l’université Abdelmalek Essaâdi de Tanger ?

«Il y a plusieurs problèmes», se plaint Salma (*), une étudiante contactée par Yabiladi. D’après elle, des professeurs de la Faculté de sciences économiques, juridiques et sociales, filière économie et gestion, n’auraient pas corrigé plusieurs copies d’examen des semestres 2 et 4, arguant que les élèves concernés étaient absents lors des sessions. «Ce qui est totalement faux», s'offusque la jeune femme.

Celle-ci affirme également que d’autres enseignants auraient refusé de permettre à des élèves de passer les rattrapages «pour pouvoir partir en vacances plus tôt». Leila (*), issue de la même faculté, s’épanche : «L’année universitaire se termine le 31 juillet. Le dernier délai pour remettre les notes au ministère [de l’Enseignement supérieur], c’est le 28. On avait trois rattrapages le 27. Or, il est évident que les professeurs ne peuvent pas corriger 7 000 copies en une nuit ! Le 27, on s’est quand même rendus à la fac à 8h30 mais il n’y avait personne, alors même que les examens étaient programmés. On est restés jusqu’à midi mais aucun responsable n’est venu pour nous tenir informés.»

Au total, les rattrapages auraient été reportés trois fois. «La première fois, on les a boycottés», reconnaît Leila, confirmant les propos de Salma. «Lors des examens, certains étudiants ont été déclarés absents alors qu’ils étaient bien présents. Moi-même je l’ai été. Nos professeurs nous ont dit qu’il y avait eu un problème avec le système [informatique]. Ils ont quand même insisté pour nous faire passer le rattrapage et nous ont demandé de refaire l’examen, comme si on ne l’avait jamais passé. C’est pour ça qu’on a boycotté la première session.»

«Genou cassé»

Une deuxième aurait ensuite été organisée. Des élèves auraient accepté de les passer, tandis que d’autres se seraient de nouveau abstenus. «C’est là que la direction a appelé la police. Des gens ont été frappés alors qu’ils ne faisaient rien de mal. Le doyen a convoqué des étudiants par l’intermédiaire de la police, qui les a attrapés au sein même de l’université», raconte Leila.

Un témoignage corroboré par celui de Salma : «Les enseignants et le doyen de la faculté ont appelé la police car ils craignaient que les choses dégénèrent. Elle est rentrée et a tabassé des étudiants. L’un d’eux a le genou cassé.» La jeune femme nous a d’ailleurs fait parvenir plusieurs photos et vidéos.

La deuxième session de rattrapages a pourtant bel et bien eu lieu. Mais à quel prix ? «Certains ont pu entrer pour passer l’examen, d’autres non… Il n’y avait personne pour surveiller. Chacun faisait ce qu’il voulait. Il y avait des téléphones sur les tables… D’autres dates ont été programmées pour ceux qui n’ont pas pu accéder aux salles d’examen ; le 27 justement... Depuis, on n’a aucune nouvelle», s’inquiète Leila.

Salma s’agace aussi du chantage exercé par des professeurs qui contraindraient leurs étudiants à acheter des ouvrages dont ils sont les auteurs, sans quoi ces derniers récolteraient de mauvaises notes. «Leurs livres coûtent entre 100 à 150 dirhams alors qu’on ne s’en sert quasiment pas. Quelques photocopies pour 2 ou 3 dirhams suffisent largement. Lorsqu’on arrive pour passer l’examen, la première question que l’enseignant nous pose, c’est si on a acheté son livre. Si on dit non, il nous répond : ‘Alors comment veux-tu avoir une bonne note ?!’»

Leila confirme : «En fait, ils glissent des feuilles à l’intérieur de leur livre. Sur ces feuilles figurent les sujets de recherche que nous devrons traiter. Celui sur lequel on est censé travailler est entouré, donc si on n’achète pas le livre, on ne peut pas savoir quel est notre sujet. C’est la moitié de la note qui est perdue.»

Yabiladi a tenté de joindre l’université Abdelmalek Essaâdi, en vain.

(*) Les prénoms ont été modifiés.

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