Menu

Grand Angle

Maroc-Algérie : The Economist analyse l’impact de la frontière fermée depuis 1994

Dans une analyse cumulant histoire et économie, le magazine britannique The Economist revient sur l’impact de la fermeture des frontières entre le Maroc et l’Algérie. Il compare aussi l’évolution de l’économie de chacun des «voisins ennemis».

Publié
La frontière terrestre entre le Maroc et l'Algérie. / Ph. DR
Temps de lecture: 2'

Si le Maroc et l’Algérie avaient honoré leur accord en 1989 pour former une union économique avec la Tunisie, la Libye et la Mauritanie, ils seraient parmi les plus grandes économies du Moyen-Orient. C’est en ces mots que débute l’analyse publiée aujourd’hui par le média britannique The Economist.

Un article qui passe au scribe l’histoire commune des deux pays, dont les économies «auraient presque pu doubler en 2015 si l’Union du Maghreb arabe (UMA) était un organe effectif». «Les deux gouvernements n’ont fait que renforcer leurs frontières. Situées au nord-ouest de l’Afrique, leurs zones frontalières restent ‘les régions les plus enclavée du continent’», indique The Economist, paraphrasant l’économiste algérien Adel Hamaizia.

Multiplication des efforts… pour renforcer ses frontières

Le média britannique compare le Maroc et son voisin de l’Est aux pays subsahariens. «Alors que les pays subsahariens acceptent des devises communes et des zones commerciales, l'Algérie creuse des fossés plus profonds et le Maroc renforce ses grillages métalliques. Les murs de béton s'élèvent des deux côtés», commente le magazine. Il met aussi en exergue la construction, par les deux pays, de centaines de kilomètres de routes qui «s’arrêtent aux abords de la frontière commune».

The Economist évoque aussi un peu d’histoire, rappelant que «les deux pays partagent une histoire commune, une cuisine, une architecture, un brin d'islam et un dialecte arabe mâtiné de berbère et de français». Il passe en revue plusieurs événements qui ont marqué cet héritage partagé, comme la Guerre des Sables en 1963, avant de revenir sur l’impact économique de la fermeture des frontières.

«Les deux pays ont l'avantage de posséder une main-d'œuvre bon marché et offrent à l'Europe un pont vers l'Afrique. L’Algérie produit du pétrole et du gaz et a développé un programme d'industrialisation de masse et de réforme agraire après l'indépendance. Le Maroc rattrape rapidement son voisin grâce à sa grande ouverture économique sous le règne du roi Mohammed VI.»

L'UMA comparée au CCG

Pour illustrer ce constat, le magazine britannique rappelle que le royaume occupe le 68e rang en termes de facilitation des affaires, indice établi par la Banque mondiale, alors que l’Algérie campe encore à la 88e place. «L'exportation de marchandises en provenance de l’Algérie prend six fois plus de temps et coûte quatre fois plus cher que l’exportation à partir du Maroc», indique-t-on de même source.

Celle-ci compare ensuite entre l’usine tangéroise de Renault à celle d’Oran, les plages algériennes, qui peuvent rivaliser avec la beauté du Maroc mais ne sont toujours pas valorisées, et celles du royaume, ou encore la contrebande, objet d’une lutte acharnée et commune des deux côtés de la frontière.

«Pendant cinq ans, tout était tellement différent. En 1989, les deux pays ont mis fin aux visas dans le cadre de la nouvelle Union du Maghreb arabe. Ils ont même mis sur pause leur querelle sur le Sahara occidental. Puis, en 1994, une bombe a éclaté à Marrakech et le roi Hassan (…) a accusé l'Algérie et poursuivi ses ressortissants», poursuit la publication.

The Economist conclut par une comparaison avec le Conseil de coopération du Golfe, une autre union commerciale «qui n'a pas réussi» à répondre aux attentes escomptées.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com