Ce qui jeudi dernier semblait tourner en mauvais rêve s'est transformé en beau défilé sur le tapis rouge de Cannes, vendredi soir. Deux actrices marocaines refoulées à l'aéroport de Nice jeudi dernier «pour une histoire obscure de visas», ont pu assister finalement avec leur collègue Mouna Bahmad et la réalisatrice du film, Leïla Kilani, à la deuxième projection du film «Sur la planche» à Cannes.
Le film, présenté lors de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, met en scène quatre «t’debarrins», des jeunes Tangéroises très débrouillardes. Des «filles crevettes» et des «filles textile» qui décident de prendre leur destin en main, ne reculant pas devant des zones grises entre légalité et illégalité, criminalité, prostitution. Badia, l'héroïne du film, explique ainsi : «Je ne vole pas : je me rembourse. Je ne cambriole pas : je récupère. Je ne trafique pas : je commerce. Je ne me prostitue pas : je m’invite. Je ne mens pas : je suis déjà ce que je serai. Je suis juste en avance sur la vérité : la mienne.»
Dans la vraie vie, Badia, jouée par Soufia Issami, et Asma, jouée par Sara Betioui, se sont montrées moins débrouillardes jeudi à l'aéroport de Nice. Refoulées malgré le fait qu'elles avaient tous les papiers nécessaires... mais au mauvais endroit. Selon les informations de la MAP, la police des frontières à Nice ne se serait pas contentée du visa des actrices, mais demandait également l'invitation officielle pour Cannes et la preuve de la prise en charge de leur séjour. Malchance : ces documents, les actrices les avaient dans les bagages en soute. A quelques pas des policiers, mais du mauvais côté. Les actrices n'ont, semble-t-il, pas pu se débrouiller pour se les procurer quand même. Un aller-retour forcé vers Casablanca en était la conséquence...
Pourtant, les actrices ne semblent pas en garder rancune. Les photos en témoignent : la joie était grande quand au final, tous se sont retrouvées sur le tapis rouge de Cannes.