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Grand Angle

Marocains résidant à l’étranger : Touristes ou pas touristes ?

Les membres de la diaspora marocaine peuvent/doivent-ils être considérés comme des touristes au même titre que les étrangers, notamment Européens ? La question a fait l’objet de l’émission hebdomadaire de Radio 2M et Yabiladi.

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Photo d'illustration. / DR
Temps de lecture: 3'

Nos MRE sont-ils des touristes à part entière ? Ce matin sur les ondes de Radio 2M, l’émission en collaboration avec Yabiladi s’est penchée sur ces compatriotes de l’étranger qui viennent séjourner au pays le temps d’une saison estivale.

Leur passeport étranger leur confère-t-il le statut de touriste ? Que représentent-ils dans l’économie touristique ? Jouent-ils un rôle de premier plan pour, parfois, sauver une saison qui s’annonce mal ? Le débat en agite plus d’un.

En présence de Fathia El Aouni et Mohamed Ezzouak, Othmane Chérif Alami, PDG du groupe Atlas Voyages et président de l’Association régionale des agences de voyage de Casablanca-Settat, ainsi que Zoubir Chatou, sociologue et enseignant-chercheur à Meknès, ont tenté d’apporter une réponse à ces questions.

Des touristes à part entière

Pour Othmane Chérif Alami, il ne fait aucun doute que les Marocains de la diaspora sont des touristes à part entière. «Ils sont nos moteurs de développement, de communication, d’image du Royaume en Europe», dit-il, rappelant que l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) établit des normes pour identifier les touristes.

L’opérateur est unanime : «Un touriste, c’est une personne qui passe une nuit dans un autre pays et qui est considéré comme visiteur ; soit c’est du tourisme de loisirs, familial, d’affaires… Dans tous les cas, il est considéré comme touriste, qu’il ait un passeport marocain ou soit Français d’origine marocaine. Pour nous, il est clair que la communauté marocaine résidente en Europe qui rentre au Maroc chaque été pour passer des vacances et des rencontres familiales, ou même tout au long de l’année, sont des touristes. Egalement, les Européens d’origine marocaine qui arrivent avec un passeport européen (…) sont considérés comme des touristes européens», insiste-t-il.

«Des exigences beaucoup plus spécifiques»

Le sociologue Zoubir Chatou voit là une mutation des acteurs touristiques et des comportements : «Le Marocain des années 60, qu’on appelait à l’époque "travailleurs marocains à l’étranger" (…), c’était cette personne qui va travailler à l’étranger et revient dans son bled. Il y a des changements structurels dans les comportements de vacances dans les familles, au niveau des besoins, des attentes, notamment les familles qui ont été rattrapées par une deuxième, voire une troisième génération d’enfants qui sont aculturés à la culture des loisirs et des vacances des sociétés occidentales. Quand ils reviennent, ce n’est pas pour faire ce va-et-vient entre le pays d’origine et le pays de résidence, c’est aussi pour connaître un autre Maroc. Ces éléments jouent dans le changement des comportements sociologiques des Marocains.»

Un autre élément qui caractérise ces Marocains résidant à l’étranger réside, toujours selon le sociologue, dans une «forme de compétition entre les familles». «Ça rentre dans le registre culturel du paraître», analyse Zoubir Chatou. Mais surtout, «ça apporte de nouveaux éléments qui doivent nous éclairer, à la fois sur les créneaux, les motivations, les itinéraires, les parcours de ces Marocains, dans leur mode d’insertion dans les formes de loisirs qu’on leur propose. On ne les connaît pas suffisamment pour essayer de leur offrir un certain nombre de produits plus attractifs. Ils sont noyés dans le tourisme national. Or, ils ne sont pas des touristes nationaux. Ils ont des exigences beaucoup plus importantes et spécifiques.»

Il y a presque dix ans, en 2009, le regard des opérateurs touristiques sur les touristes MRE était pourtant bien différent. «Ce que je vais vous dire va peut-être vous surprendre, mais aujourd’hui, définitivement, un MRE a un comportement d’achat en matière touristique comparable à n’importe quel autre touriste français», soutenait à Yabiladi Salima Haddour, directrice de l’Office national marocain du tourisme (ONMT) en France. «Le fait de rentrer chez soi l’été n’est pas un comportement touristique. Ils ne rentrent pas dans nos paramètres. Notre levier sur ces gens là est pratiquement inexistant», disait-elle. Les temps ont bien changé.

Pour écouter le replay de l'émission cliquer ici :

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com