C’était l’un des thèmes majeurs d’un important discours prononcé par le président américain, jeudi 19 mai, au siège du Département d’Etat américain, à Washington : Barack Obama a largement insisté sur l’engagement des Etats-Unis à encourager la démocratie dans le monde arabe.
Le président américain a vivement salué les efforts des peuples tunisien et égyptien et compte soutenir économiquement la transition démocratique dans ces pays. Cette mesure devrait être étendue aux autres pays de la région du Moyen Orient et de l'Afrique du Nord, «qui se sont prononcés en faveur d'une évolution démocratique et, au-delà, à tous ceux qui auraient la volonté de promouvoir des règles nouvelles de bonne gouvernance et de liberté d'expression», rapporte l’Express sur son site.
La Tunisie et l’Egypte seront donc les premiers bénéficiaires de ce nouveau plan, que d’aucuns comparent à un «Plan Marshall pour le monde arabe», en référence à l’aide économique que les USA avaient apportée aux pays européens après la seconde Guerre mondiale.
Plusieurs milliards de dollars seront injectés dans le cadre du plan annoncé par le président américain. Il sera principalement question de réductions de dettes, et d'octrois de prêts. Obama a d’ores et déjà annoncé qu’il réduirait d’un milliard de dollars la dette égyptienne, et qu’un nouveau prêt d'une somme équivalente lui serait accordé pour soutenir son économie.
La nouvelle stratégie américaine pour la région MENA devrait également avoir le soutien de plusieurs organismes financiers internationaux, dont la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Une réunion des pays actionnaires de cette institution, ce weekend, doit justement examiner un projet d'extension de ses activités à l'Afrique du Nord.
Lors de son allocution, Barack Obama a insisté sur le fait qu’encourager de la sorte la transition démocratique était préférable à l’imposer par la force des armes. Il s’est donc, une fois de plus, démarqué de la politique prônée par son prédécesseur George W. Bush, qui avait décidé une intervention militaire en Afghanistan en 2001, puis en Iraq en 2003.
Sur les plates-bandes de la France ?
Dans sa nouvelle stratégie de soutien aux démocraties émergeantes, les Etats-Unis joueront en Afrique du nord un rôle habituellement dévolu à l’Agence française de Développement (AFD). Cet organisme finance des projets de développement économique et social dans de nombreux pays en développement. Elle est fortement implantée en Afrique du nord, notamment au Maroc.
Avec les récents évènements en Tunisie, la France, critiquée pour sa réaction face à la révolution, a perdu de sa crédibilité. Alors que son influence se réduit dans ce pays, elle voit les Etats-Unis lui ravir la vedette, à grands coups de milliards de dollars.
Si Obama s’est dit engagé dans la promotion de la démocratie dans le monde arabe, étendre l’influence américaine en Afrique du nord relance inévitablement une guerre des intérêts avec la France, qui a longtemps agi en situation de monopole.