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Grand Angle

Des fossiles découverts au Maroc ont permis de dater l’apparition des animaux à sang chaud

Des chercheurs ont découvert dans plusieurs pays des fossiles permettant d’identifier la période d’apparition des premiers animaux à sang chaud. Une découverte susceptible de protéger les espèces les plus menacées par le réchauffement climatique.

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Un squelette d'Inostrancevia alexandri appartenant au groupe d’animaux appelés thérapsides. / Ph. Wikipédia
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Le Maroc est décidément une terre propice aux découvertes paléontologiques. Un groupe de chercheurs français, sud-africains et chinois a découvert, dans plusieurs pays dont le royaume, des fossiles ayant permis l’identification de la période à laquelle sont apparus sur Terre les premiers animaux à sang chaud, indique le site d’information spécialisé Ecologie.

Dans le règne animal, les espèces à sang chaud, dites endothermes dans le jargon scientifique, désignent un organisme dont le milieu intérieur conserve une température corporelle constante indépendamment du milieu extérieur.

L’équipe de scientifiques a ainsi réuni 90 fossiles dénichés au Maroc, en Afrique du Sud, au Lesotho et en Chine, dont 63 de thérapsides issus de 22 espèces différentes, dans le but d’en étudier la composition isotopique.

L’apparition de ces endothermes, dont l’Homme fait partie, date d’il y a 252 à 259 millions d’années. «Il n’y a pas si longtemps, on pensait que c’était une acquisition récente, de l'ordre de 100 millions d'années à peu près», commente pour l’AFP Christophe Lécuyer, l’un des scientifiques qui a participé à ces travaux publiés mardi dans la revue eLife.

Une découverte susceptible de protéger les espèces les plus menacées par le réchauffement climatique

«Les animaux endothermiques partagent plusieurs caractéristiques, y compris les couches isolantes - comme la fourrure ou les plumes - qui maintiennent le corps chaud, ainsi qu’un palais secondaire qui sépare la bouche et le nez pour une respiration continue, même en mangeant. Beaucoup de ces traits se retrouvent dans des fossiles appartenant à un groupe d’animaux appelés thérapsides», lit-on dans l’étude. Les chercheurs se sont d’ailleurs basés sur les thérapsides, ces ancêtres reptiliens qui ont vécu sur Terre il y a 270 à 220 millions d’années. Ils se répartissaient en six sous-groupes dont l’un d’eux a débouché sur les mammifères. «Ils ont également survécu à deux grands événements d'extinction de masse, y compris l'extinction massive la plus dévastatrice dans toute l'histoire de la Terre», précisent les auteurs de l’étude.

C’est l'analyse de fossiles de reptiles mammaliens qui a permis de déterminer que l'apparition d'animaux à sang chaud remontait au Permien supérieur, dans l'intervalle entre le Permien et le Trias. A cette époque, il y a quelque 252 millions d'années, une extinction massive avait emporté 90 à 95% des espèces dans les océans et 75% sur le continent.

Un réchauffement climatique d'une dizaine de degrés en moyenne annuelle, provoqué par un volcanisme majeur dans l'actuelle Sibérie, serait à l'origine de cette extinction. Certains reptiles mammaliens comme les cynodontes, animaux à sang chaud et ancêtres des mammifères, ont survécu à cette crise.

«On ne sait pas pourquoi le sang chaud est apparu, mais notre hypothèse est que ce caractère nouveau pourrait avoir favorisé la survie de certaines espèces lors de l'extinction du Permien-Trias», avance Kévin Rey, l'un des chercheurs. Son confrère Christophe Lécuyer d’indiquer : «Il faut des conditions bien particulières pour développer cette caractéristique comme une nourriture abondante et variée.»

D’après lui, cette découverte pourrait permettre d'orienter une stratégie pour protéger les espèces les plus menacées par le réchauffement climatique actuel, notamment celles à sang-froid comme «les reptiles, tortues ou mammifères marsupiaux».

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