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Grand Angle

Accès à l’emploi : Être enfants d’immigrés maghrébins en France serait un fardeau

Être descendant d’immigrés semblerait constituer un fardeau en France en comparaison à ceux nés sans ascendance migratoire, surtout en matière d’accès à l’emploi. Plusieurs facteurs interviennent dans ce constat et ont été mis en exergue par une enquête de l’INSEE rendue public mardi. Détails.

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Image d'illustration. / Ph. DR
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Différences de diplôme, d’expérience, de situation familiale ou encore de lieu de résidence. Tant de points qui expliqueraient la situation défavorable à laquelle font face les descendants d’immigrés maghrébins en France sur le marché de l’emploi. C’est en tout cas ce qui émerge de l’étude «Emploi, chômage, revenu du travail», menée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) et publiée hier. Le rapport porte sur la période allant de 2013 à 2016 et sur des personnes âgées entre 18 et 59 ans ayant fini leurs études et vivant en France métropolitaine. Il jalonne notamment que «les descendants d’immigrés maghrébins sont moins souvent en emploi que les personnes sans ascendance migratoire.»  

Cette tranche de la société, 11% en tout de la population française de métropole, fait face à de nombreuses discriminations et difficultés. Des difficultés différentes de celles de leurs parents puisqu’elles ne sont pas liées à la maitrise de la langue ou aux démarches administratives par exemple. En effet, l’accès à l’emploi demeure difficile et jonché d’obstacles tant pour obtenir un emploi «qui soit stable» que pour un emploi «en adéquation avec leur qualification», soulignent les auteurs.

Un taux de chômage élevé

Le taux de chômage chez les hommes dits descendants d’immigrés maghrébins, c’est-à-dire nés en France et dont au moins un parent est immigré, n’est que le reflet des heurts auxquels ils font face. A commencer par la complexité pour ces hommes de «trouver un emploi lorsqu’ils sont actifs, à caractéristiques similaires» contrairement aux hommes sans ascendance migratoire. Les différences de diplôme, d’ancienneté, de situation familiale et de lieu de résidence entre les hommes des deux groupes, expliquent une part des écarts relevés par l’enquête, selon l’INSEE.

Le constat se traduit par des chiffres inégalitaires. En effet, l’enquête souligne que dès leur entrée sur le marché du travail, les hommes descendants d’immigrés maghrébins ont «des taux de chômage supérieurs à ceux des hommes sans ascendance migratoire». L’écart avec l’autre catégorie est de 23 points observé durant les dix années suivant la fin des études contre 12 points d’écart au-delà de 30 ans d’ancienneté sur le marché du travail.

Concernant les femmes descendantes d’immigrés, elles sont plus souvent inactives comparées à celles sans ascendance migratoire. Cette inactivité est particulièrement marquée en présence d’enfants. Seulement, lorsqu’elles sont actives, elles rencontrent quant à elles plus de facilités pour accéder à l’emploi. De ce fait, les écarts de taux de chômage avec les femmes sans ascendance migratoire se traduisent à près de 10 points pour celles ayant terminé leurs études il y a moins de 20 ans et de près de 7 points au-delà de 20 ans.

Une échelle salariale qui ne décolle pas

Côté salaire et aussi paradoxal que cela puisse paraître, les 10% des hommes enfants d’immigrés maghrébins les mieux payés touchent 18% en deçà des 10% des hommes sans ascendance migratoire les mieux rémunérés. Pour l’INSEE, les enfants d’immigrés maghrébins «semblent se heurter à un ‘plafond de verre’ au sommet de l’échelle salariale». L’institut explique ensuite que l’un des facteurs serait les «pratiques discriminatoires de la part des employeurs». Ainsi, pour la gent masculine, l’écart enregistré est de 3% en faveur des descendants d’immigrés pour les travailleurs avec une ancienneté inférieure à 10 ans. Pour ceux présents sur le marché du travail depuis plus de 30 ans, la tendance s’inverse puisque l’écart se creuse en leur défaveur et pointe les 20%.

Les femmes ne sont pas en reste quant à ce fléau puisqu’elles subissent aussi des écarts de salaire en leur défaveur. Chez la gent féminine, l’écart de salaire s’élève à 8% qui impacte négativement les descendantes d’immigrés. Cela dit, les écarts sont moins prononcés que chez les hommes car pour la même durée d’ancienneté, l’écart est respectivement de 2% et 8% en défaveur des descendantes d’immigrés.

L’étude ajoute que la probabilité pour ces salariés descendants d’immigrés, qu’ils soient hommes ou femmes, de percevoir un salaire supérieur à 3 000 euros mensuellement est plus faible que pour les français sans ascendance migratoire.

Les enfants d’immigrés sont moins diplômés

Pour finir, l’enquête met en lumière un point qui n’est pas à négliger : les diplômes. Un facteur important à prendre en considération quant à la comparaison des situations professionnelles des deux groupes, révèle le rapport. Parmi les personnes observées, les descendants d’immigrés maghrébins sont beaucoup plus jeunes : 31% ont terminé leurs études depuis moins de 10 ans contre 21 % du côté des Français sans ascendance migratoire. Dans le même sens, 13% des enfants d’immigrés les ont finis depuis 30 ans ou plus tandis qu’ils sont 31% chez les personnes sans ascendance migratoire.

Cela dit, le document précise que les enfants d’immigrés maghrébins sont également moins diplômés : «quelle que soit l’ancienneté de sortie de formation initiale, la part de diplômés du supérieur parmi les descendants maghrébins est inférieure de plus de 10 points par rapport à celle des personnes sans ascendance migratoire, et la part des non-diplômés est supérieure de plus de 10 points».

Par ailleurs, outre le diplôme ou l’ancienneté sur le marché du travail, d’autres vecteurs viennent influencer ces différences observées quand il s’agit de la situation professionnelle de ces deux groupes. L’INSEE cite à cet égard la situation du conjoint ou encore les nombre d’enfants et le lieu de résidence.

Miroir d’une réalité, ce rapport vient conforter l’idée selon laquelle les enfants d’immigrés maghrébins en France subissent des discriminations et des difficultés en termes d’accès au marché du travail tout comme leurs parents par le passé.

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