Menu

Grand Angle

Maroc : Un an après, l'objectif «Zéro Mika» finalement atteint ?

Un an après l’entrée en vigueur de la loi 77-15, les sacs plastiques se font de plus en plus rares. L’Association marocaine pour un environnement durable voit là un changement de cap des consommateurs et des industriels.

Publié
Un an après l’entrée en vigueur de la loi 77-15, les sacs plastiques se font de plus en plus rares. / Ph. Jean-Philippe Ksiazek - AFP
Temps de lecture: 2'

Le long de nos boulevards, petites rues et grandes artères, aux pieds des bennes jonchées d’ordures, un composant autrefois légion se fait aujourd’hui discret, voire introuvable : le sac plastique. Un an après l’entrée en vigueur, le 1er juillet 2016, de la loi n°77-15 interdisant la fabrication, l’importation, l’exportation, la commercialisation et l’utilisation des sacs en plastique, l’heure est au bilan.

Le ministre de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique Moulay Hafid Elalamy n’avait pas attendu le premier anniversaire de l’opération «Zéro Mika» pour en dévoiler les premiers résultats. «Vous avez bien vu qu’il ne s’agit pas d’une simple campagne d’interdiction, mais d’un revirement définitif», avait-il lancé en janvier dernier, non sans fierté.

Entre juillet 2016 et janvier 2017, 7 000 tonnes ont été ramassées, dont 6 500 incinérées par les cimentiers. Les saisies ont concerné plus de 135 tonnes de sacs non conformes à la nouvelle loi. Le montant des amendes appliquées a atteint 2,76 millions de dirhams.

Six mois plus tard, cette dynamique encourageante est aujourd’hui saluée par l’Association marocaine pour un environnement durable (Amed). «On observe un changement de comportement auprès des citoyens. Les gens commencent peu à peu à prendre de nouvelles habitudes, notamment dans les grandes villes et les grandes surfaces. Ils sont de plus en plus nombreux à ramener eux-mêmes leurs propres sacs en toile», se réjouit Lotfi Chraibi, président de l’Amed. «D’autres ramènent carrément leurs grands paniers, comme il était de coutume de le faire autrefois, il y a très longtemps», s’amuse-t-il.

Des messages «chocs et plus pertinents»

Ceci dit, certains font de la résistance. «Bien sûr, le secteur informel - à Ceuta entre autres - continue de vendre des sacs plastiques en faisant croire aux utilisateurs qu’ils sont biodégradables alors que c’est faux. On les retrouve souvent dans les souks ou les quartiers populaires des grandes villes», reconnaît Lotfi Chraibi.

Un constat qu’il faut prendre à bras le corps à travers la sensibilisation, estime le président de l’Amed : «Il y a un effort à faire sur la sensibilisation. Il faut que le consommateur, même s’il trouve des sachets en plastique devant lui, prenne l’habitude de ne pas les utiliser. Par conviction.»

Pour cet acteur associatif, «tout le défi aujourd’hui, c’est de sensibiliser l’opinion publique sur l’impact de ces sachets qui finissent dans la mer, dans nos rivières, notre environnement, et finalement dans nos assiettes. Quand le consommateur s’en rendra compte, il ne les utilisera plus. Il en va de sa responsabilité. Il faut des messages chocs et plus pertinents». 

En janvier, Moulay Hafid Elalamy avait également évoqué 16 projets de reconversion retenus, soit près de 45% du chiffre d’affaires total impacté des 72 entreprises, d’un montant de 631 millions de dirhams. De plus, 475 emplois ont été maintenus, tandis que 500 ont été créés. Un engouement confirmé par Lotfi Chraibi : «Il y a toute une filiale de sachets en papier réutilisables qui a été mise en place et prend de l’ampleur. Des opportunités d’emploi se créent ; c’est un changement de cap et de repositionnement par rapport à certains industriels qui se sont dirigés vers ces alternatives. Certains disaient que cette loi était précipitée ; cette précipitation prend aujourd’hui tout son sens».

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com