Une nouvelle «étonnante» et «surprenante». C’est ainsi que les spécialistes des relations internationales que nous avons approchés qualifient l’annonce de l’accord des six pays membres du Conseil de coopération du Golfe d’admettre le Maroc au sein de leur club. En effet, au terme de leur sommet de concertation dans la capitale saudienne, Ryad, le secrétaire général du CCG, Abdellatif Zayani, a lu une déclaration souhaitant la bienvenue aux royaumes de la Jordanie et du Maroc : «A la suite d'un contact avec le royaume marocain pour l'inviter à se joindre au CCG, les dirigeants ont chargé leurs ministres des Affaires étrangères d'entamer des négociations avec leur homologue marocain afin de parachever les dispositions nécessaires».
Le Maroc, pays d’Afrique du Nord, pourra donc siéger aux côtés de l’Arabie saoudite, du Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d’Oman et du Qatar au sein du CCG, créé en mars 1981, sous l’initiative du royaume saoudien, avec la bénédiction des Etats-Unis. Cette «prochaine» adhésion du Maroc suscite bien évidemment de nombreuses interrogations : qu’est ce qui la justifie et quelles pourront en être les retombées pour le royaume ?
Printemps arabe… union sacrée
Il va sans dire que «la géopolitique actuelle oblige les monarchies de la CCG à se renforcer», commente le professeur en sciences politiques à l’Université Hassan II de Mohammedia, Najib Mouhtadi. Etant donné que «le Maroc est un Etat musulman et arabe» ajoute-t-il, à l’instar des autres pays membres du club, son intégration a donc été jugée nécessaire, comme celle de la Jordanie. Une assistance militaire n’est donc pas à exclure entre le Maroc et les pays membres, comme ce fut le cas récemment avec le Bahreïn, dont la monarchie locale n’a survécu à la révolte populaire qu’avec le soutien armée de ses voisines membres du CCG.
Investissements arabes
Ce conseil qui soufflera ses trente bougies le 25 mai prochain, avait été créé pour assurer la stabilité financière et économique de la région. Même si les questions politiques se sont de plus en plus invitées dans ses débats, il continue de jouer son rôle économique avec plus ou moins de réussite. Dans ce cadre, «le Maroc pourra élargir son marché en bénéficiant de plus d’investissements de la part des pays du Golfe», confie Najib Mouhtadi. «Ce qui permettra au royaume d’élargir ses alliances, et de contourner certains obstacles dressés par ses partenaires européens comme l’Espagne» ajoute-t-il.
Le Maroc, rappelons-le, a été «invité» à intégrer le CCG, contrairement à la Jordanie qui a fait acte de candidature. Reste à savoir si le royaume répondra favorablement à la main tendue de ses frères arabes. Et vu la complicité que le Maroc entretient avec l’Arabie Saoudite, cette intégration ne devrait être qu’une question de formalités. Le Yémen, Etat du Golfe, se voit lui refusé l’entrée dans ce club depuis plus d’une décennie.