Maroc : Une intoxication alimentaire à grande échelle étouffée à l’INSEA ?

Une «centaine» d’étudiants de l’Institut national de statistique et d'économie appliqué (INSEA) de Rabat auraient été victimes d’une intoxication alimentaire samedi 17 juin. «Vers 5 heures du matin, on a été surpris de voir que plusieurs élèves faisaient la queue pour aller aux toilettes dans les différents bâtiments de l’internat à cause de diarrhées causées par une intoxication», témoigne Yassine Sabhi, président de l’association des élèves de l’INSEA. En cette période de rattrapage des examens, les étudiants sont en effet hébergés dans l’internat de l’établissement.

Ils auraient mangé des briouates à la dinde «pas bien cuites, qui contenaient peut-être une bactérie». Le lendemain, Yassine Sabhi dit avoir reçu des appels de plusieurs jeunes faisant état de douleurs au ventre, de vertiges, de nausées, de vomissements et de diarrhées, réclamant à être emmenés à l’hôpital.

«Certains se trouvaient dans un état très grave ; ils n’ont même pas pu descendre pour rejoindre les véhicules qui devaient les transporter, poursuit l’étudiant. D’autres se portaient mieux en revanche, avec seulement des diarrhées.» Vers 16 heures, 44 personnes ont été conduites à l’hôpital Cheikh Zaid de Rabat. Elles sont aujourd'hui toutes sorties et sous traitement.

Facture et ordonnance à l’appui

La société gestionnaire du restaurant de l’école, Afrah Sbaa, aurait refusé d’acheter les médicaments, selon Yassine Sabhi : «Elle nous a dit qu’elle allait les acheter samedi mais elle ne l’a pas fait. L’administration ne lui a pas mis la pression pour qu’elle le fasse, alors qu’elle nous a dit qu’elle s’en chargerait. Finalement, c’est nous qui avons acheté les médicaments en tant qu’association.» Le jeune homme a d’ailleurs fait parvenir à Yabiladi une facture en date du 19/06/2017 d’un montant de 1 293,80 dirhams, ainsi que l’ordonnance correspondant aux prescriptions. «Le responsable du restaurant a simplement payé les frais d’hospitalisation», reconnaît-il.

«Des représentants du ministère de la Santé ont rejoint lundi les étudiants pour savoir ce qu’ils ont mangé. Ils ont conservé un repas-témoin pour l’analyser. Pour l’heure, on attend toujours les résultats. Le ministère de la Santé doit également rédiger un rapport pour le transmettre à l’administration», indique aussi le président de l’association des élèves de l’INSEA.

«La société a fermé le réfectoire. Nous n’avons eu aucune explication ; ni de sa part, ni de la part de l’administration. On est contraints d’acheter nous-mêmes nos repas», déplore encore Yassine Sabhi.

L’entreprise et l’école réfutent ces accusations

De son côté, l’entreprise gestionnaire du réfectoire nie en bloc : «Il n’y a pas eu d’intoxication alimentaire. Ce n’est qu’un prétexte pour retarder les examens car les étudiants rencontrent des problèmes avec l’administration. Le gérant de la société a lui-même pris en charge les frais des analyses et des médicaments à hauteur de 20 000 dirhams, alors que c’est l’assurance qui est censée s'en occuper.»

Quant à la fermeture du restaurant, la société confirme : «Nous avons effectivement fermé le restaurant car nous ne voulons pas continuer à collaborer avec eux suite à leurs accusations très graves qui peuvent nous nuire.» L’entreprise a fait savoir qu’elle portera plainte contre l’association des élèves de l’INSEA. «Nous avons la preuve qu’il n’y a eu aucune intoxication, même si les élèves persistent à dire que nous sommes responsables.»

Même son de cloche chez l’INSEA : «Ce sont des menteurs. Hier, nous avons eu les résultats des analyses de la part de l’hôpital Cheikh Zaid. Il y avait seulement deux cas de diarrhées et aucun faisant état d’intoxication. Nous aurons les analyses des repas-témoins vendredi», ont-ils simplement fait savoir, précisant qu’«un communiqué sera publié» sans préciser de date.