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Grand Angle

Al Hoceima : Le centre d'oncologie est opérationnel mais insuffisant [Reportage]

A Al Hoceima, le centre d’oncologie réclamé par les militants du Hirak existe bel et bien. Il ne procède cependant à aucun diagnostic or certains services d’analyses médicales n’existent pas à Al Hoceima. 

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(c)DR
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«Des jeunes qui se sont présentés comme membres du Hirak sont venus me voir. Ils réclamaient la création d’un hôpital oncologique mais je leur ai dit qu’il existait déjà, qu’il était juste à côté du centre d’accueil. Ils étaient étonnés et ont dit qu’ils allaient tout de même réclamer un hôpital pour que le centre reçoivent des améliorations», raconte Habiba El Jarmouni, vice-présidente de l’association des amis des malades cancéreux de Al Hoceima et directrice du centre d’accueil situé à quelques dizaines de mètres au-dessus du centre d’oncologie, en contrebas de la ville. De fait, contrairement à ce que les revendications du Hirak laissaient entendre, le centre d’oncologie d’Al Hoceima est bel et bien opérationnel depuis son inauguration en 2008.

En cette après-midi de juin, un homme et deux femmes attendent assis sous les arbres qui longent le centre d’oncologie situe près de la wilaya. Ils attendent leur père qui souffre d'un cancer du poumon. «Il est hospitalisé depuis un mois à l’hôpital Mohammed V, c’est la première fois qu’il vient ici», explique son fils. Bientôt, l’ambulance arrive et le vieil homme, allongé sur un brancard, s’engouffre dans le centre avec sa famille.

A l’intérieur, Ouali, la trentaine, est venue rendre visite à sa mère. «Elle a une leucémie et elle est traitée ici depuis le début. Le centre est bien équipé, il manque seulement un scanner 3D qui permet de rendre plus précise [et donc moins destructrice des cellules saines, ndlr] la radiothérapie», explique-t-elle. L’appareil manquant a été acheté au Japon mais il faut attendre le règlement administratif de son importation.

Aucun diagnostic

Il s'agit vraisemblablement de "materiel moderne" annoncé par le ministère de la Santé et acquis dans le cadre du programme Al Hoceima phare de la Mediterrannee pour 12 millions de dirhams. Difficile par ailleurs de déterminer si le centre dispose également de toutes les ressources humaines nécessaires - dont le manque était denoncé par l'AMDH en 2011 - car à Al Hoceima, aucun responsable officiel n'a voulu prendre la responsabilité de s'exprimer dans le temps imparti par notre reportage.

Le centre d’oncologie est aujourd’hui exclusivement dédié au traitement du cancer : radiothérapie et chimiothérapie. Il ne procède donc à aucune hospitalisation - qui ont lieu quand c’est nécessaire à l’hôpital Mohammed V - et, surtout, ne procède pas au diagnostic. C’est là précisément que se situe les difficultés rencontrées par les patients et dénoncés par le Hirak : Al Hoceima ne possède pas tous les services d’analyses médicales nécessaires. Zohra, qui accompagne un proche au centre oncologique, s'indigne : 

«Il faut aller systématiquement jusqu’à Fès ou Nador pour procéder aux IRM qui permettent de mesurer l’avancée du cancer, les éventuelles métastases. Il faut souvent attendre plusieurs mois pour avoir un rendez-vous et quand on est sur place, qu’est-ce qu’on faitsi l’on est pauvre, on dort dans la rue?»

Un centre d'accueil pour les patients

Aujourd’hui, le centre d’accueil a résolu cette difficulté pour tous les habitants de la région d’Al Hoceima qui viennent se faire traiter - et non diagnostiquer - à Al Hoceima. «Ma propre fille a eu un cancer et, à l’époque, elle était hospitalisée à Rabat. Un jour, j’ai dû m’y rendre seule et je me suis rendue compte combien ce voyage était difficile et éprouvant. Je me suis dit : si moi qui ne manque de rien, je rencontre des difficultés à aller à Rabat, alors qu’en est-il pour tous ceux qui sont pauvres et ne parlent parfois même pas darija ?»

Sur cette réflexion Habiba El Jarmouni a fondé le centre en 2005. Aujourd’hui, il accueille 120 patients du centre d’oncologie par an et parfois leurs proches pendant toute la durée de leur traitement, pourvu qu’ils n’aient pas besoin d’une véritable hospitalisation. Les patients habitent pour quelques jours ou quelques mois l’une de ses 8 chambres calmes avec vue sur la Méditerranée.

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