Menu

Grand Angle

Ramadan, un mois propice au gaspillage alimentaire

Pendant le mois sacré, près de la moitié de la production alimentaire au Maroc finit à la poubelle, selon une étude de la FAO ; un paradoxe en ce mois de restriction, qui se veut également un mois de consommation par excellence.

Publié
Photo d'illustration. / DR
Temps de lecture: 2'

Si les déchets alimentaires jonchent régulièrement les poubelles de Casablanca pendant le Ramadan, les denrées impropres à la consommation s’accumulent quant à elles sur les étals des supermarchés.

Rien qu’au niveau de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, 18 144 kg de produits alimentaires impropres à la consommation ont été saisis et détruits durant la période allant du 10 au 20 Ramadan, indique la direction régionale de l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) dans un communiqué relayé par l’agence MAP.

Parmi les denrées saisies, des préparations sucrantes (46 kg), des produits de la pâtisserie (160 kg), de la pêche (1 837 kg), des farines (11 117 kg), des produits laitiers (43 kg), de la viande (251 kg), des fruits secs (77 kg), des huiles végétales (33 litres), des conserves végétales (487 kg), de la viande blanche (965 kg), du jus (400 litres) ainsi que 300 œufs.

C’est que les dépenses alimentaires explosent pendant le mois sacré. «Le mois de Ramadan est un mois de consommation par excellence», reconnaît Ouadi Madih, président de l’Association de protection des consommateurs de Casablanca et membre de la Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC), joint par Yabiladi. «L’idée, derrière l’acte religieux, c’est que les gens essaient de jeûner tout en consommant peu ; deux repas quotidien contre trois habituellement. Notre religion revêt un pan social et culturel, c’est pourquoi il y a cet esprit de restriction.»

Des habitudes solidement ancrées

Or, aux préceptes énoncés par l’islam, il faut juxtaposer les coutumes de la société marocaine et les habitudes d’achat du consommateur marocain, dictées par le milieu socioculturel et la psychologie de l’individu lorsqu’il jeûne, estime Ouadi Madih. «Les habitudes d’achat ne sont pas synchronisées avec les recommandations de l’islam ; elles viennent en contradiction avec les préceptes religieux, admet-il. Les gens ont tendance à effectuer leurs achats peu avant la rupture du jeûne, entre 17 et 18 heures. A ce moment-là, le consommateur se trouve dans une situation qui n’est pas favorable à l’achat pour la simple raison qu’il a faim.»

Difficile par conséquent de ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre. «Dans ces moments-là, on a tendance à penser qu’on va tout manger. Et puis lorsqu’on a faim, on a des envies multiples. Le souci, c’est qu’au moment de la rupture du jeûne, on laisse de côté certains plats car on ne peut pas tous les avaler. Du coup, tout ce qui reste sur la table finit à la poubelle car la nourriture ne sera plus bonne lors d’une consommation ultérieure», poursuit Ouadi Madih.

«Le gaspillage alimentaire connaît un pic important pendant le Ramadan, pouvant atteindre les 84,8%», confirme l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). «Beaucoup de plats sont préparés et finissent à la poubelle sans même avoir été consommés en partie», fait remarquer la FAO, notant que le gaspillage alimentaire concernerait au Maroc 45,1% de la production alimentaire.

Pour pallier ce gaspillage, le président de l’Association de protection des consommateurs de Casablanca émet plusieurs recommandations : rationnaliser la consommation d’aliments pendant le Ramadan, faire ses courses de préférence après le ftour, énumérer les produits nécessaires et s’en tenir à une liste.

De même, plusieurs applications mobiles téléchargeables proposent des solutions pour lutter simplement contre les excédents alimentaires. Elles vont du recensement des prix cassés (de 30 à 70%) sur les produits proches de leur date limite de consommation aux recettes faciles pour «recycler» la nourriture.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com